75 ans de charte de Grenoble : dossier

invit 15 avril 02C’est du 22 au 28 avril 1946 à Grenoble que le 35e congrès de l’UNEF se réunit, et adopte ce qu’on appellera la charte de Grenoble. Dans ce dossier, l’on trouvera des contributions, des témoignages, tribunes, notices biographiques, des renvois à des fonds d’archives, des discours au congrès de 1946.(mise à jour 19 avril 2021)

15 avril 2021, 15H-18H: 75e anniversaire. Séance spéciale du séminaire du GIS engagements étudiants. Video sur youtube. (invitation en pdf)

Il ne s’agit pas de momifier, ni de considérer le chapitre clos. Bien au contraire, les mobilisations étudiantes réitèrent l’actualité des questions posées par la charte. Mais c’est moins le texte – certes il faut s’y pencher sans tomber dans le travers de l’exégèse –  que le contexte qui doit être l’objet d’attention tant il convient de souligner le rôle et le jeu des acteurs de l’époque. Ils démontrent que les possibles d’hier peuvent être de nouveaux possibles d’aujourd’hui. Car c’est dans un contexte de difficultés, de divisions, que des individus ont choisi parmi plusieurs options. par leur volonté devenue commune au-delà de leurs positionnements différents ils sont arrivés par « l’amalgame » à produire ce qui va devenir « le syndicat unique de la classe étudiante » pendant près de deux décennies. Ils vont marquer au-delà durablement le paysage devenu multidimensionnel des mouvements étudiants. Nous n’en avons pas fini d’explorer cette naissance, ou plutôt cette renaissance tant le mouvement étudiant est une « réinvention permanente ».

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« L’étudiant est un jeune travailleur intellectuel », 70 ans et pas une ride

Par Paul Bouchet, Jean-Philippe Legois et Robi Morder. Tribune dans Mediapart du 7 avril 2016.

Les mouvements étudiants actuels concrétisent, une nouvelle fois ce qu’en avril 1946 le premier congrès de l’UNEF après la Libération avait adopté: la Charte de Grenoble, refondant le mouvement étudiant. Elle demeure, à l’instar de la charte d’Amiens pour le syndicalisme des salariés, la référence de la plupart des organisations étudiantes. Suite, liire ici sur mediapart

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Il y a 70 ans, le Comité préparatoire international (CPI) d’avril 1946

STATUTS PROJET CPI AVRIL 1946Après la conférence du 18 novembre aux Archives diplomatiques avec Paul Bouchet et Tom Madden  (en téléconférence depuis les USA) et l’inauguration de l’exposition « 150 ans d’engagements étudiants à l’international », notre ami Tom Madden a complété avec de nouvelles illustrations et documents. Occasion de revenir sur le processus de création de l’UIE fondée en août 1946 à Prague. Deuxième épisode le CPI d’avril 1946. (premier épisode : le CPI de janvier 1946)

La première session s’était tenue en novembre/décembre 1945 après la conférence mondiale des étudiants. La deuxième session du CPI, présidée par Pierre Rostini, avait fixé la date du congrès constitutif de l’UIE à l’été 1946, plus précisément du 17 au 31 août à Prague. C’est dans la capitale tchécoslovaque que se réunit pour la troisième fois du 9 au 13 avril (selon le compte-rendu officiel, dans le bulletin des étudiants en médecine britannique Tom Madden parle des7 au 14 avril). Cette fois-ci c’est Tom Madden qui préside, sont présents les représentants de Grande Bretagne, France, URSS, Chine, Inde,  Belgique, Yougoslavie, Tchécoslovaquie.  Pour la France, ce sont Paul Bouchet, Pierre Trouvat président de l’UNEF, et Joseph Roger de l’UJRF.

(à gauche, projet de statuts élaboré par la CPI, Fonds Tom Madden, Cité des mémoires étudiantes) Continue reading ‘Il y a 70 ans, le Comité préparatoire international (CPI) d’avril 1946’

Dossier mouvement CPE (contrat premier embauche) 2006

Retours sur des mouvements lycéens

tout deshayes 1971Retours sur quelques mouvements lycéens visités par les Cahiers du Germe: « Affaire Guiot » en 1971, dans le mouvement des retraites en 2010, liens vers nos articles sur les Comités d’action lycéens de 1968, etc.

Février-mars 1971 : mouvements lycéens et répression

Publié dans Les Cahiers du Germe n° 29 2010/2011

DOCUMENT : MOUVEMENTS LYCEENS IL Y A QUARANTE ANS… déjà avant les « flash ball ».

En février 1971, une manifestation du « Secours rouge » en soutien à la grève de la faim de militants emprisonnés, est interdite. Elle se tient tout de même, mais Place Clichy, à côté du lycée Chaptal, est violemment reprimée par les « brigades spéciales » de la police, qui tirent à l’horizontale des grenades anti-manifestants. Richard Deshayes – qui a rédigé le manifeste du « Front de libération de la jeunesse » (« on n’est pas contre les vieux, mais contre ce qui les a fait vieillir) est énuclée. Une affiche est imprimée : « ils veulent tuer ».

Un élève de math’sup du lycée Chaptal, Gilles Guiot, a le tort de sortir de l’établissement à la même heure. Il est arrêté et la procédure de « flagrant délit » (sans avocat) lui est appliquée. Il est condamné à de la prison ferme.  Aussitôt l’émotion gagne son lycée : élèves, profs, parents, administration protestent. Continue reading ‘Retours sur des mouvements lycéens’

Charte de Grenoble, CPE 2006, loi travail 2016 : « Quand l’UNEF se dotait d’une charte »

quand l'UNEF se dotait d'une charteIl y a 10 ans, le 21 mars 2006, Le Monde publiait la présente tribune alors que nous mettions la dernière main à Naissance d’un syndicalisme étudiant, 1946 : la charte de Grenoble. Ce premier ouvrage de la collection Germe aux éditions Syllepse, programmé pour le 60ème anniversaire de la charte de Grenoble reprenait en grande partie les textes du colloque « 50 ans de syndicalisme étudiant » tenu dix ans plus tôt en mars 1996 et à l’occasion duquel paraissait le premier numéro des Cahiers du Germe, justement consacré à… la charte de Grenoble.  A la relecture de la tribune, les mobilisations actuelles sur la loi travail confirment bien l’actualité des questions posées par la charte de Grenoble : l’étudiant  – jeune travailleur intellectuel, partie prenante du mouvement général des travailleurs, ayant des droits et des devoirs, dont celui de l’engagement en avant-garde de la jeunesse; mais avec le souci de l’économie des moyens. Quant au texte même de la tribune de 2006, il suffira de constater que c’en est bien fini du « ghetto étudiant », changer CPE par Loi travail avec quelques nuances, augmenter le nombre d’étudiants salariés. C’est de cette actualité de la charte de Grenoble dont il sera question le 15 avril 2016 avec Paul Bouchet, les organisations étudiantes, le Germe réunis en table ronde sur l’initiative de la Cité des mémoires étudiantes.

« J’achève dans le calme une dernière relecture des épreuves de 1946, naissance d’un syndicalisme étudiant. Par la fenêtre ouverte pénètre une clameur : des étudiants revendiquant le droit au travail et la défense du code du travail. Sans le savoir, ces dizaines de milliers de jeunes donnent corps à une « prophétie » dont on va célébrer les 60 ans. Continue reading ‘Charte de Grenoble, CPE 2006, loi travail 2016 : « Quand l’UNEF se dotait d’une charte »’

Mouvement CPE (contrat première embauche) : les 10 Coordinations nationales, dates et documents.

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10 avril 2006 à Reims, une AG. Le président d’université, Gérard Mary, à la tribune. Photo Caroline Chalier/Cité des mémoires étudiantes

Depuis le début des années 1970, la modalité coordination fait partie intégrante du répertoire d’action dans les mouvements étudiants, suivant le principe de délégués élus par des assemblées générales d’étudiants se réunissant ensuite en « coordination ». [1]. La représentativité de ces coordinations – si elle n’est guère contestée quand il y a une mobilisation homogène (c’est à dire quand à peu près toutes les universités sont en grève et que les assemblées sont massives) – est l’objet de débats, pouvant aboutir à des ruptures, des conflits de légitimité quand la mobilisation est inégale, que les assemblées sont plus ou moins importantes selon les universités, ce qui est souvent le cas au commencement d’un mouvement dont on ne sait pas encore s’il va se généraliser, et à la fin quand il y a des « reprises » progressives. Les appréciations peuvent ainsi dans le cas du mouvement CPE être différentes pour chacune des coordinations tenues, chacune ayant sa configuration propre (Poitiers décide de quitter la coordination du 19 mars, les deux dernières coordinations se tiennent après le retrait du CPE). Le mouvement CPE de surcroît touchant au code du travail, les relations touchent non seulement coordinations et syndicats étudiants, mais les rapports avec l’intersyndicale. Aux chercheurs de restituer les stratégies et tactiques des acteurs dans chaque contexte les textes issus de ces 10 coordinations tenues en 2006 les 18 février à Rennes, 25 février à Toulouse, 4 et 5 MARS à Jussieu, 11 mars à Poitiers, 19 mars à Dijon, 25 et 26 mars à Aix-en-Provence, 2 avril à Lille, 8 et 9 avril à Lyon, 16 avril à Nancy, 22 et 23 avril à Bordeaux.

[1] Voir : Robi Morder  « Les repertoires d’action collective des mouvements étudiants » et Didier Leschi « La coordination nationale étudiante dans la grève générale étudiante de 1986 ».Les Cahiers du Germe, spécial 4, 2003. Continue reading ‘Mouvement CPE (contrat première embauche) : les 10 Coordinations nationales, dates et documents.’

Archiver une mobilisation étudiante en cours : l’exemple du mouvement anti-CPE

23 mars 2006 Reims

Filmer, archiver… 23 mars 2006 université de Reims bloquée

APPEL PERMANENT A LA MEMOIRE DES MOUVEMENTS ! APPEL A DOCUMENTS ! DEVENEZ COLLECTEUR DE LA CITE !

Au-delà de l’action des différentes organisations étudiantes (à vocation représentative ou non), depuis les années 1968, les mobilisations ponctuelles (contre tel ou tel projet gouvernemental) constituent également une des formes de l’action collective étudiante.
Ce répertoire d’actions collectives a nécessité une évolution du répertoire d’actions propre à l’archivistique estudiantine, mais ce n’est qu’avec la mission de préfiguration de la Cité des mémoires étudiantes (ex-Mission CAARME)et avec le mouvement anti-CPE (Contrat première embauche) en 2006 que cela a pu être mis en pratique.

La préservation des traces de ces mobilisations est encore plus complexe que celles des structures étudiantes : ancrée régionalement (à Reims) et visant à avoir une approche nationale, nous avons essayé de « couvrir » Assemblées générales, manifestations et … coordinations nationales.
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Il y a 10 ans, la journée nationale d’action du 7 mars 2006: le tournant décisif du mouvement contre le CPE (contrat première embauche),

7 MARS RM CME 2 ANS JETABLE

Manifestation du 7 mars à Paris. Photo Robi Morder/Cité des mémoires étudiantes.

Durant les premiers mois de 2006, la mobilisation étudiante contre le CPE allait entraîner au fur et à mesure non seulement les jeunes, mais une masse de plus en plus importante de travailleurs dans la rue. Renouvelant en l’enrichissant le répertoire d’action traditionnel (AG, coordinations, blocages), réussissant – comme en 1993 (CIP, contrat d’insertion professionnelle) et même mieux qu’en 1968 – à rassembler autour de lui l’intersyndicale, le mouvement étudiant débouchait sur une victoire importante : le retrait du CPE. En 2007, dans la collection Germe aux éditions Syllepse, paraissait Le CPE est mort, pas la précarité. Retour sur le printemps étudiant 2006, rédigé en atelier par un collectif d’étudiants lyonnais, le « Collectif 4 bis » appuyé notamment par notre amie Sophie Béroud, maître de conférence à l’IEP de Lyon et spécialiste du syndicalisme et des mouvements sociaux. A l’occasion des dix ans du mouvement contre le CPE, nous préparons la publication dans la collection Germe d’un ouvrage issu de la thèse que notre ami Paolo Stuppia a soutenu en décembre 2014 Les tracts du mouvement « anti CPE» de 2006. En voici les « bonnes feuilles » du deuxième chapitre; (voir première partie « Il y a 10 ans, le 7 février 2006, première journée de manifestations contre le contrat première embauche (CPE) »). Continue reading ‘Il y a 10 ans, la journée nationale d’action du 7 mars 2006: le tournant décisif du mouvement contre le CPE (contrat première embauche),’

Mouvement CPE (contrat première embauche): repères chronologiques (16 janvier-13 avril 2006).

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16 mars 2006, à côté de la Sorbonne fermée et encerclée par la police. Photo Caroline Chalier/Cité des mémoires étudiantes

C’est le 16 janvier 2006 que Dominique de Villepin annonce la création du CPE, et c’est le 13 avril que le Sénat vote une loi remplaçant le CPE. C’est ce temps court qui fait l’objet de la brève chronologie qui suit. Toutefois, il y a un temps plus long : celui qui va de la création par ordonnance du 2 aôut 2005 du CNE (Contrat nouvelles embauches) à son abrogation par la loi du 25 juin 2008 qui venait légaliser son abandon de fait, la condamnation de l’Organisation internationale du travail, et la mort judiciaire de ce type de contrat devant diverses juridictions. Le CPE était – après les « émeutes » des jeunes des banlieues à l’automne 2005 – la réponse gouvernementale face au chômage des jeunes. C’était l’adaptation à toute la classe d’âge (jeunes embauchés avant l’âge de 26 ans) du CNE, limité lui aux entreprises de moins de 20 salariés. C’est la raison pour laquelle nous mettons également à disposition la chronologie aux bornes plus éténdues (mai 2005 à mai 2006), et plus exhaustive, établie par Paolo Stuppia en annexe de sa thèse.

JANVIER

16 janvier Dominique de Villepin annonce la création du CPE dans le cadre de sa « bataille pour l’emploi. »

19 janvier Réunies au siège de l’UNEF, les organisations syndicales étudiantes, lycéennes et les organisations de jeunesse constituent le collectif national « Stop-CPE ». Continue reading ‘Mouvement CPE (contrat première embauche): repères chronologiques (16 janvier-13 avril 2006).’