Mouvement CPE (contrat première embauche) : les 10 Coordinations nationales, dates et documents.

10 AVRIL REIMS AG CC CME

10 avril 2006 à Reims, une AG. Le président d’université, Gérard Mary, à la tribune. Photo Caroline Chalier/Cité des mémoires étudiantes

Depuis le début des années 1970, la modalité coordination fait partie intégrante du répertoire d’action dans les mouvements étudiants, suivant le principe de délégués élus par des assemblées générales d’étudiants se réunissant ensuite en « coordination ». [1]. La représentativité de ces coordinations – si elle n’est guère contestée quand il y a une mobilisation homogène (c’est à dire quand à peu près toutes les universités sont en grève et que les assemblées sont massives) – est l’objet de débats, pouvant aboutir à des ruptures, des conflits de légitimité quand la mobilisation est inégale, que les assemblées sont plus ou moins importantes selon les universités, ce qui est souvent le cas au commencement d’un mouvement dont on ne sait pas encore s’il va se généraliser, et à la fin quand il y a des « reprises » progressives. Les appréciations peuvent ainsi dans le cas du mouvement CPE être différentes pour chacune des coordinations tenues, chacune ayant sa configuration propre (Poitiers décide de quitter la coordination du 19 mars, les deux dernières coordinations se tiennent après le retrait du CPE). Le mouvement CPE de surcroît touchant au code du travail, les relations touchent non seulement coordinations et syndicats étudiants, mais les rapports avec l’intersyndicale. Aux chercheurs de restituer les stratégies et tactiques des acteurs dans chaque contexte les textes issus de ces 10 coordinations tenues en 2006 les 18 février à Rennes, 25 février à Toulouse, 4 et 5 MARS à Jussieu, 11 mars à Poitiers, 19 mars à Dijon, 25 et 26 mars à Aix-en-Provence, 2 avril à Lille, 8 et 9 avril à Lyon, 16 avril à Nancy, 22 et 23 avril à Bordeaux.

[1] Voir : Robi Morder  « Les repertoires d’action collective des mouvements étudiants » et Didier Leschi « La coordination nationale étudiante dans la grève générale étudiante de 1986 ».Les Cahiers du Germe, spécial 4, 2003.

 I. 18 FEVRIER RENNES

Appel de la coordination nationale de Rennes

Nous, étudiants délégués d’une trentaine d’universités mobilisées et en grève réunies en coordination nationale à Rennes 2 le samedi 18 février, sommes déterminés à poursuivre jusqu’au bout le combat pour le retrait pur et simple du CPE. Loin d’être une attaque isolée, le CPE fait suite à une longue série de contre réformes mise en place par le gouvernement qui n’a eu de cesse de détruire un par un nos acquis sociaux (retraites, assurance maladie…), de développer la précarité, de s’attaquer aux services publics et de dévaloriser nos diplômes (LMD, Pacte pour la recherche, loi Fillon sur l’école…).

23 MARS AG REIMS RM CME

23 mars l’AG de Reims vote la poursuite du mouvement. Photo Robi Morder/Cité des mémoires étudiantes

Mais le CPE constitue une attaque sans précédent car il fait de la jeunesse une main-d’œuvre corvéable et jetable à merci. Jetable, car à tout moment, le jeune salarié pourra se faire licencier quasiment sans indemnité et quasiment sans préavis et surtout sans que l’employeur ait à justifier le motif de licenciement. Corvéable car le jeune salarié ne pourra plus défendre ses droits les plus élémentaires (paiement des heures supplémentaires, congés maladie, droit de grève) mais sera soumis au diktat de son employeur. Il constitue donc une précarisation inacceptable de nos conditions de travail et un cadeau fiscal fat au patronat en les exonérant des cotisations sociales qui permettent la redistribution et le partage des richesses.

Les conditions de vie, de travail et d’études se dégradent de plus en plus. Face à cette dégradation, qui a conduit à la révolte des banlieues de novembre dernier, le gouvernement a répondu par une véritable provocation, la loi dite « pour l’égalité des chances ». Celle-ci vise à rendre plus violente l’entrée des jeunes dans le marché du travail (apprentissage dès 14 ans, travail de nuit dès 15 ans, CPE…) et à rendre docile la jeunesse (renforcement des pouvoirs des polices municipales, suppression des allocations familiales et stages dans la police et l’armée pour les jeunes trop « turbulents »).

Le CPE fait suite à la mise en place par décret du CNE en août dernier. Villepin a promis la remise en cause prochaine du CDI, avant juin. Il est contenu dans cette loi pour laquelle le gouvernement à tout d’abord décrété l’urgence, puis utilisé le 49-3, niant ainsi tout débat démocratique pour tenter de museler une nouvelle fois la jeunesse de ce pays en passant en force par crainte des mobilisations des jeunes et des salariés.

C’est pourquoi nous réaffirmons notre détermination sans faille à continuer la lutte jusqu’au retrait pur et simple du CPE. Nous appelons ainsi toutes les universités et lycées à se mettre en grève.

Nous réclamons donc :

* Le retrait de la loi sur l’égalité des chances, dont le CPE fait partie (apprentissage à 14 ans, travail de nuit dès 15 ans…)

* Le retrait du CNE

* Un plan pluriannuel de création de postes à la hauteur des besoins dans l’éducation nationale

Le mouvement doit se construire avec tous : salariés, étudiants, lycéens. C’est pourquoi nous soutenons l’appel pour la journée du 7 mars. Nous mettons tout en œuvre pour développer un mouvement d’ensemble, massif, seul à même de faire reculer le gouvernement.

D’ici le 7 mars, nous relayons l’appel au 23 février lancé par l’assemblée générale de Rennes, pour laquelle nous appelons l’ensemble de la jeunesse à se mettre en grève et à manifester. De même, nous appelons à la mobilisation le 28 février afin de rythmer la mobilisation et demandons aux salariés et aux organisations de jeunesse de relayer cette date.

La prochaine coordination nationale se tiendra à Toulouse Rangueil samedi 25 février.

 II. 25 FEVRIER TOULOUSE

Appel de la coordination nationale de Toulouse

Samedi 25 février 2006

cpe uni emploi des jeunes

Autocollant de l’UNI. Col. Cité des mémoires étudiantes

Nous, étudiants délégués de trente universités mobilisées, dont douze en grève avec blocages, réunies en coordination nationale à Toulouse Rangueil samedi 25 février 2006, déclarons notre détermination à continuer la mobilisation jusqu’à la satisfaction de nos revendications. La mobilisation prend de l’ampleur, en particulier dans les universités, où les grèves sont plus nombreuses que la semaine dernière, malgré les vacances. Les assemblées générale s massives sont de plus en plus nombreuses , signe d’une mobilisation qui a le soutien de la grande majorité desjeunes, qu’ils soient etudiants, lycéens ou travailleurs. Cette deuxième coordination nationale, nous permet de mesurer le chemin parcouru, les positions que nous gagnons et vise à construire un mouvement d’ampleur suffisante pour faire reculer tant le gouvernement que le patronat.

Le Contrat Première Embauche, véritable alignement du gouvernement sur les exigences du patronat, est une attaque déterminante contre les jeunes et en particulier les jeunes déjà les plus précarisés. Avec cette attaque, on veut empêcher les jeunes d’avoir des droits, des emplois stables et des conditions de travail décentes et le patronat de casser le code du travail. Le gouvernement veut nous rendre licenciables à tout moment, et corvéables à merci car on peut être mis à la porte sans motif si on est malade ou si on dit « non » à son employeur. Mais c’est plus largement notre avenir et celui des droits collectifs sur le marché du travail qui est en cause. On connaissait déjà les CDD, les temps partiels imposés, la suppression du statut de MI-SE, etc. Le Contrat Nouvelle Embauche et le futur Contrat de Travail Unique voulu par Villepin sont une volonté de généraliser la précarité, de casser les droits de l’ensemble des travailleurs. Dans le même temps, notamment dans la « loi pour l’égalité des chances », le gouvernement généralise les cadeaux financiers au patronat, en trouvant mille et une façon pour qu’il ne paye pas les cotisations sociales.

Ces attaques vont de pair avec d’autres dans le domaine scolaire. La réforme Fillon sur l’école renforce « l’inégalité des chances », en ne donnant pas le même enseignement à tous les jeunes. Le LMD casse les diplômes nationaux, qui était notre première garantie sur le marché du travail. Le Pacte pour la recherche va contribuer à creuser les inégalités entre universités riches et universités pauvres, va renforcer les formations courtes, va donner, a court terme, un droit de regard au patronat local. C’est pourquoi nous exigeons leur retrait.

La « loi sur l’égalité des chances » contribue à réduire les diplômes auxquels peuvent aspirer les jeunes : l’apprentissage dès 14 ans fait partie de ces mesures, en expulsant des jeunes de l’enseignement. Pour faire passer ces mesures, et pour rendre docile la jeunesse, le gouvernement multiplie la répression : Contre les mouvements sociaux, notamment pendant le mouvement lycéen et contre les jeunes des quartiers en novembre 2005. Il réprime déjà la mobilisation contre le CPE, par des arrestations et une répression administrative contre des lycéens.

La « loi sur l’égalité des chances » constitue une réelle provocation, avec le renforcement du pouvoir des polices municipales, la suppression des allocations familiales et le développement des stages dans la police et l’armée pour les jeunes trop « turbulents ». Le gouvernement veut faire taire les jeunes, leur apprendre à ne pas se révolter.

En mettant en place le Contrat Première Embauche, le gouvernement a déclenché un mouvement de contestation dans la jeunesse. La « loi sur l’égalité des chances » est un concentré des attaques que nous subissons depuis des années. En utilisant l’article 49-3, le gouvernement a montré aux yeux de tous son refus de toute discussion : seule la mobilisation, la construction d’un rapport de force le fera céder.

C’est la grève qui nous permettra de le faire reculer et de défendre nos droits à la contestation en tant que travailleurs et en tant que futurs travailleurs. Notre objectif doit être la mise en place de la grève reconductible et l’extension des blocages dans un maximum de lycées et d’universités. C’est la seule méthode qui permette que tous participent à la mobilisation, sans être sanctionnés. Nous appelons les travailleurs à se mobiliser, à s’organiser et à nous rejoindre pour défendre leurs droits. Nous exigeons :

Un emploi stable pour tous, retrait de tous les contrats précaire s : • Retrait de la Loi sur l’Egalité des Chances, dont le CPE fait partie (apprentissage à 14 ans, travail de nuit dès15 ans…) • Le retrait du CNE • Le réengagement financier de l’Etat dans le Service Public pour une Université Publique : • Un plan pluriannuel de créations de postes à la hauteur des besoins dans l’éducation nationale • Le retrait de la loi Fillon • La reconnaissance de nos diplômes • L’arrêt du traitement répressif des mouvements sociaux, amnistie des lycéens qui ont participé au mouvement contre la loi Fillon, des personnes poursuivies suite à la révolte des quartiers populaires en novembre 2005, des étudiants et des lycéens qui ont participé au mouvement contre le CPE

C’est tous ensemble que nous gagnerons : étudiants, lycéens, salariés. Nous appelons donc les travailleurs, notamment ceux en lutte et les plus précaires d’entre eux (chômeurs, sans-papiers, intermittents…) à ’engager dans le combat contre le CPE et la précarité. Le mardi 7 mars est une date de mobilisation fondamentale pour construire cette lutte commune, nous espérons que c’est une première date qui en appellera d’autres rapidement.

D’ici le 7 mars, nous appelons à la mobilisation et au blocage l’ensemble de la jeunesse pour le 28 février, et appelons les salariés et leurs organisations à relayer cette date. Nous appelons également à une journée d’action le 2 mars, partout en France, pour montrer notre détermination, étendre et renforcer la mobilisation. Pour que le 07/03 soit non seulement une réussite mais aussi, et surtout, le tremplin pour une mobilisation plus large et unitaire avec les travailleurs, nous appelons les étudiants et lycéens à une grève reconductible à partir du 7 partout où les forces le permettent. C’est le meilleur moyen d’entrainer les travailleurs dans la lutte : la continuer nous-même et leur donner envie de nous rejoindre. En outre, pour élargir la mobilisation même là où la grève reconductible ne pourra se réaliser, nous appelons d’ores et déjà, à une journée nationale d’action le jeudi 9 mars. Nous pouvons donc déjà, non seulement appeler au 07/03 mais aussi présenter cette date non comme une date butoir mais comme un tournant d’une mobilisation appelée à se prolonger !

La prochaine coordination nationale se tiendra à Jussieu le samedi 4 mars, selon les mêmes modalités que celle de Toulouse.

La Coordination Nationale Etudiante et lycéenne.

III. 4/5 MARS JUSSIEU

La Coordination Nationale étudiante réunissant 39 universités et établissements, les 4 et 5 mars 2006 à Jussieu a adopté les propositions suivantes :

La coordination nationale étudiante se prononce pour étendre la mobilisation contre la précarité, la loi pour l’égalité des chances, et tout particulièrement contre le CPE, et le CNE. Dans ce sens, elle se prononce pour :

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21 mars 2006 à Nanterre. Photo Caroline Chalier/Cité des mémoires étudiantes.

 La grève reconductible des étudiants à partir du 7 mars.

 La généralisation des blocages des universités sur tout le territoire.

 L’occupation des universités jusqu’à satisfaction des revendications.

Elle se prononce pour l’organisation de cortèges unitaires des universités mobilisées lors de la manifestation du 7 mars.

Elle insiste sur la nécessité de donner très rapidement des suites au 7 mars  :v

 Par la tenue d’assemblées génèrales unitaires et interprofessionnelles le soir même.

 En proposant aux syndicats de salariés de rejoindre la grève étudiante.

 En proposant aux travailleurs et à leurs organisations de s’accorder avec elle, sur une nouvelle journée d’actions et de grève interprofessionnelles le 16 mars.

Elle appelle à la mise en relation du mouvement étudiant avec les réseaux, notamment associatifs, des quartiers de banlieue.Elle condamne fermement la répression policière des étudiants manifestants de Tours et demande le remboursement des frais d’hospitalisation des victimes.

En conséquence, la coordination annonce le calendrier de mobilisation suivant

 : Mardi 07/03 : blocages, grève, manifestation unitaire, AG interprofessionnelle le soir même

Mercredi 08/03 : participation à la journée pour les droits des femmes. Jeudi 09/03 : journée nationale de blocages et de manifestations et/ou d’actions.

Mardi 14/03 : journée nationale de manifestation.

Jeudi 16/03 : proposition aux syndicats de salariés d’une nouvelle date de grève et de manifestations.

La prochaine coordination nationale étudiante se tiendra à Poitiers le samedi 11 mars 2006.

IV. 11 MARS POITIERS

APPEL DE LA COORDINATION NATIONALE ETUDIANTE

Poitiers –  le 11 mars 2006

Le mouvement de grève contre le CPE/CNE et la loi sur l’Egalité des chances gagne en ampleur : plus de 50 universités et établissements d’enseignement supérieur sont en grève. Nous, délégués de plus de 60 établissements, affirmons notre volonté de mener le combat jusqu’à l’entière satisfaction de nos revendications. L’objectif fondamental de notre mouvement est non seulement d’obtenir le retrait du CPE mais également du CNE et de la loi sur « l’Egalité des chances ». La mobilisation ne s’arrêtera pas tant que nous n’aurons pas gagné sur ces points.

Nous voulons en finir avec la précarité et la répression. Nous remettons également en cause la baisse drastique des postes aux concours, la casse de l’éducation et des diplômes (loi Fillon, LMD, Pacte Pour le Recherche,) dont le but est de renforcer la sélection sociale et de casser les droits collectifs des jeunes à leur entrée dans le monde du travail. Nous rejetons notamment le projet de Contrat Unique de Travail. Nous revendiquons un véritable droit à l’avenir pour les jeunes, les salariés.

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Tract de la FAGE. Col. Cité des mémoires étudiantes

Le blocage décidé par des AG massives, est une méthode de lutte qui a permis à notre mouvement de devenir massif et de construire un rapport de forces. C’est le meilleur moyen pour que l’ensemble des étudiants puissent participer au mouvement sans être sanctionnés et de conquérir un réel droit de grève. C’est également le meilleur moyen en combinaison avec des manifestations massives d’exercer une pression sur le gouvernement.

Nous refusons de nous incliner face à un gouvernement qui passe en force et qui nie toute démocratie. Nous refusons de nous incliner face à l’usage de la répression qui devient systématique comme à Rennes, Lille, Toulouse, Tours, Paris… Nous exigeons l’arrêt des poursuites engagées dans le cadre de la mobilisation. Et face aux pseudo-consultations démocratiques comme les référendums plébiscitaires sur la reprise des cours nous réaffirmons la légitimité et la souveraineté des AG, seuls lieux où s’engage un réel débat et où tous peuvent s’exprimer et décider en connaissance de cause.

La loi sur « l’Egalité des chances » a beau être passée au Parlement, nous savons qu’il est plus que jamais possible de gagner.

Même dans le camp de la majorité parlementaire, des critiques s’expriment et le doute s’installe suite à l’extension du mouvement. Cela prouve que nous pouvons faire plier le gouvernement.

C’est d’une extension encore plus forte que nous avons besoin maintenant. Les lycéens commencent à rejoindre en masse le mouvement.

Lycéens et étudiants, nous devons entraîner l’ensemble des jeunes dans la bataille dans les universités, les lycées, les entreprises et les quartiers. Mais c’est un mouvement d’ensemble, une grève générale des jeunes et des travailleurs qui est nécessaire pour gagner.

Nous appelons à des journées d’action les 14 et 16 mars. Nous participerons également à la manifestation du 18. La prochaine échéance fondamentale sera le 16 mars : nous appelons les salariés et leurs organisations à manifester et à user de leur arme la plus efficace, la grève.

 Il est également nécessaire dès maintenant de donner des suites au 16 et au 18, en plaçant la barre plus haut : nous sollicitons les syndicats pour que le 23 mars soit une journée de grève interprofessionnelle et de manifestation centrale à Paris. Toutes ces dates doivent être des points d’appui pour arriver à une grève reconductible totale des universités des lycées et des jeunes travailleurs.

V. 19 MARS DIJON

La coordination nationale se félicite de la réussite des dernières journées de grève et de manifestation du 16 et du 18 mars. L’arrivée massive des lycéens dans la mobilisation, le début de mobilisation des travailleurs sont des signes que les étudiants ne seront plus seuls et que la victoire se rapproche.

70% de la population, 80% des jeunes sont maintenant opposés au Contrat Première embauche. La mobilisation massive de la jeunesse révèle une opposition plus large à la politique antisociale et répressive du gouvernement. Nous voulons le retrait de la loi sur l’égalité des chances dans son intégralité, car elle est un concentré de cette politique, elle tente de précariser et de mettre au pas la jeunesse. La mobilisation ne devra pas non plus s’arrêter sans des reculs plus importants du gouvernement sur sa politique de précarisation des salariés : nous voulons le retrait du CNE (préalable à la mise en place du contrat de travail unique prévu par Villepin). En effet, nous n’accepterons pas dans les entreprises de moins de 20 salariés ce que nous refusons ailleurs en refusant le CPE. Le gouvernement commence à parler de négociation. Pour nous, il ne peut y avoir de négociation, nous voulons le retrait de son attaque. Son discours est un signe de faiblesse, le signe qu’en continuant à amplifier la mobilisation, nous pouvons gagner.

C’est le mouvement de grève et de blocage des universités qui a permis que la mobilisation soit ce qu’elle est aujourd’hui. Nous appelons à poursuivre ce mouvement, nous appelons à la généralisation de la grève et du blocage de la part des jeunes, nous appelons les salariés à rejoindre ce mouvement, à aller vers une grève générale pour faire reculer ce gouvernement.

Face à la mobilisation, le gouvernement généralise lui la répression : fermetures administratives d’universités, exclusions de lycéens, répression policière sont des méthodes répressives très graves. Nous exigeons la réouverture immédiate des universités de la Sorbonne, Nanterre, Marne-la-Vallée, Metz, Lyon 2, Tours et Perpignan. Nous exigeons la libération et la levée de toutes les poursuites contre des personnes arrêtées dans le cadre du mouvement social.

La mobilisation continue en s’amplifiant. Par son entêtement, le gouvernement ne met pas seulement en jeu sa crédibilité politique, mais aussi sa légitimité à gouverner.

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Tract de Sud-étudiantes. Col. Cité des mémoires étudiantes.

Pour que la mobilisation puisse se poursuivre sereinement, nous demandons que soient ouvertes dès maintenant de discussions sur l’aménagement des examens de fin d’année et que les élections au CROUS soient reportées.

Des actions diverses auront lieu mardi 21 mars. La coordination nationale appelle à la grève générale jusqu’au retrait de la loi sur l’égalité des chances et du CNE. Elle appelle à la construction et l’extension de la grève et des piquets de grève dans les facs et les lycées. Elle appelle les directions des organisations syndicales à appeler à la grève générale jusqu’au retrait de la loi sur l’égalité des chances et du CNE, et à la construire avec les étudiants et les lycéens en appelant à des assemblées générales dans les entreprises. Elle appelle à une manifestation centrale à Paris le jeudi 23 mars vers l’assemblée nationale. Elle appelle les organisations syndicales à se joindre à cette manifestation et à aider à la montée à Paris des manifestants de province. Bien entendu, la mobilisation ne s’arrêtera pas le 23 mars. Nous continuerons à manifester le mardi et le jeudi suivants.

La prochaine coordination se réunira à Aix-en-Provence samedi 25 mars. Nous appelons en particulier les lycéens à élire des délégués en assemblées générales de lycées ou de ville.

D’ici la prochaine coordination, 16 portes parole, seront chargés de faire savoir les décisions de la coordination aux médias, aux directions des organisations syndicales et aux pouvoirs publics. En effet, la mobilisation de la jeunesse est maintenant lancée. Une de nos tâches actuelle est de débattre avec les organisations de salariés pour travailler ensemble à la mobilisation de la jeunesse et du monde du travail. C’est dans ce cadre que les portes parole proposeront, à l’intersyndicale du 20 mars que les organisations syndicales appellent ensemble à la grève générale le 23 mars

VI. 25/26 MARS AIX-EN-PROVENCE

Communiqué de la Coordination nationale étudiante réunie à Aix en Provence les 25 et 26 mars 2006

Nous, étudiants délégués de 86 universités et établissements d’enseignement supérieur mobilisés, réunis en coordination nationale à Aix-en-Provence les 25 et 26 mars 2006, réaffirmons notre détermination à rester mobilisés jusqu’à satisfaction de nos revendications. La semaine écoulée a fait la preuve que la jeunesse disposait d’importantes réserves de mobilisations, dans les lycées et les universités. 68 universités sont en grève, la plupart avec des blocages, un millier de lycées sont mobilisés. Ce sont des centaines de milliers de jeunes qui sont mobilisés, tandis que des salariés commencent à nous rejoindre dans la lutte.

La surdité du gouvernement n’a pas réduit notre détermination. Face au front uni de la jeunesse et des salariés, le gouvernement continue sa stratégie de confrontation :

Il a fait le choix du pourrissement du mouvement et de la provocation policière, espérant que la violence dans les manifestations discréditerait notre mouvement. Plusieurs manifestants sont entre la vie et la mort, des dizaines de procès sont en cours, avec des peines de prison ferme à la clé.

16 MARS CC CME CAMIONETTE CE

16 mars Paris. Camionnette de la Cé. Photo Caroline Chalier/Cité des mémoires étudiantes.

Nous apportons notre soutien à tous les militants blessés et demandons l’amnistie et la levée des poursuites contre les jeunes poursuivis par la justice. Nous appelons les jeunes à s’organiser, à se défendre, contre l’extrême droite, dans les manifestations et dans l’action.

Il a tenté de casser la mobilisation par la fermeture administrative de lycées et d’université, il a tenté de diviser la jeunesse en refusant d?annuler les élections étudiantes au CROUS alors que la plupart des universités sont bloquées. Nous exigeons la réouverture des sites et établissements fermés administrativement et l’annulation de ces élections.

Par ailleurs, le gouvernement souhaite négocier avec les organisations syndicales, tout en refusant le retrait du CPE. Il n’est pas question de négocier, notre mobilisation continuera jusqu’au retrait du CPE, de la loi sur l?égalité des chances et du Contrat Nouvelle Embauche. Par ailleurs, seuls les porte-parole mandatés, responsables devant la coordination nationale, constituent les représentants légitimes du mouvement

Nous nous félicitons de la réussite des journées d’action des mardi 21 et jeudi 23 mars. La journée de grève interprofessionnelle de mardi 28 va constituer un moment décisif dans notre lutte.

Nous appelons la jeunesse, les salariés et leurs organisations à la grève générale.

Nous ferons tout pour que la journée du 28 mars soit une réussite. Si le gouvernement ne cède pas mardi 28 au soir, nous appelons à ce que les intersyndicales nationales et locales, les assemblées générales interprofessionnelles, les assemblées générales d’entreprises réunissent toutes les conditions pour reconduire la grève. L’objectif est de reconduire la grève dans le maximum de secteurs pour aboutir le 4 avril à un nouveau temps fort, avec des manifestations dans tout le pays, et une grève générale, reconductible, qui bloque tout le pays jusqu’à satisfaction de nos revendications.

Nous demandons aux organisations syndicales de relayer ces appels et de déposer des préavis en conséquences. *Dans ce but, des délégations seront envoyées aux sièges nationaux et locaux des organisations syndicales. *Nous appelons le jeudi 30 mars à une journée nationale de blocage simultané des principaux axes routiers et ferroviaires.

Le gouvernement sera contraint de réagir à la paralysie du pays par la grève et le blocage.

Pour contribuer à la mobilisation des salariés, nous allons intervenir dans les entreprises par la diffusion de tracts, en prenant contact avec les syndicalistes, en participant à des assemblées générales d?entreprises, etc.

Nous appelons les salariés à s’approprier le mouvement en posant leurs propres revendications.

Nous proposons également aux organisations syndicales, au même titre que la coordination nationale lycéenne, de co-organiser une grande manifestation centrale à Paris avant les vacances scolaires parisiennes.

Par son autisme, le gouvernement s’est engagé dans une fuite en avant. Ayant engagé sa responsabilité sur la loi sur l’égalité des chances par le biais de l’article 49-3, le gouvernement doit en tirer les conséquences : il devra partir en même temps qu’il retirera son projet.

Notre mouvement, comme toutes les grandes mobilisations sociales, peut inverser le rapport de forces vis-à-vis du gouvernement et du patronat et permettre de gagner de nouveaux droits pour la jeunesse et les salariés.

La prochaine coordination nationale se réunira à Lille samedi 1er avril.

Aix-en-Provence 26 mars 2006

VII. 2 AVRIL LILLE

Pour un mouvement d’ensemble contre la précarité

Appel de la coordination de Lille, dimanche 2 Avril 2006

Nous, étudiants et lycéens délégués de 114 établissements d’enseignement supérieur et de nombreux lycées mobilisés, réunis en Coordination Nationale, à Lille, les 1er et 2 avril 2006, réaffirmons notre détermination à construire un mouvement d’ensemble contre la précarité et continuer la grève et le blocage jusqu’au retrait de la Loi sur l’Egalité des Chances (LEC), dont le CPE est un amendement et du CNE.

CPE, CNE, contrats seniors, leur volonté c’est d’étendre encore et de légaliser la précarité pour tous en mettant en place le contrat de travail unique. Chirac prétend avoir écouté nos attentes. C’est un mensonge. Le maintien de la période d’essai d’un an resterait inacceptable car c’est un pas de plus dans ce sens. Quant au licenciement, il ne serait pas plus justifié que pour un CNE : nous aurons seulement le droit d’entendre la « raison », valable ou pas, de rupture du contrat. Merci patron !

16 MARS SORBONNE FERMEE CC CME

16 mars, Paris. La Sorbonne fermée. Photo Caroline Chalier/Cité des mémoires étudiantes

Aménagée ou pas, la logique de la LEC subsiste : travaille pour pas cher et tais-toi ! Ni aménagements, ni négociations ! Retrait de la LEC, retrait du CNE ! Que Chirac ait promulgué cette loi n’a pas entamé notre détermination, bien au contraire. Les propositions de modifications de Chirac ne prouvent qu’une chose : c’est qu’il craint que notre mouvement ne s’étende encore. Nous allons lui répondre par un mouvement toujours plus fort, toujours plus étendu !

Cette nouvelle provocation, comme toutes les autres, ne fera que convaincre encore plus de salariés, de précaires, de chômeurs, de lycéens et d’étudiants de nous rejoindre dans la lutte. De Robien le sait bien, lui qui a donné l’ordre à la police de débloquer les lycées : il a soudé les profs et les élèves qui ont maintenu leurs piquets de grève, et notre réponse a été de bloquer encore plus de lycées, et même le pays tout entier. Les lycées ont déjà rejoint les universités. Dans bien des facs et des lycées, profs et IATOSS participent activement à la grève.

Les journées du 7 mars, du 18 mars, le succès historique du 28 mars, montrent que des millions de salariés sont disponibles pour lutter, reprennent confiance dans leurs forces, dans leurs possibilités de gagner.

L’autisme du gouvernement et de Chirac sur nos revendications, l’ampleur de la répression qu’il déploie contre le mouvement, et leur volonté de lier leur sort, à plusieurs reprises, au CPE (utilisation de l’article 49.3, promulgation de la loi…) les obligeront à partir en même temps qu’ils retireront leurs attaques.

Les journées d’action ne sont utiles que si leur objectif affiché est de construire la grève générale, seul moyen de faire reculer le gouvernement. C’est pourquoi nous appelons à la grève générale reconductible dès le 4 Avril. Nous sommes conscients des difficultés pour la construire. Le mouvement étudiant n’est pas parti d’un seul coup : ce sont d’abord les étudiants de Rennes qui ont fait le pari que leur grève ferait tâche d’huile et qui ont bloqué leur université, seuls pendant une semaine. Il en ira de même chez les salariés.

Nous allons donc contribuer, avec les secteurs les plus mobilisés du monde du travail, à faire que la date du 4 avril, proposée par la coordination nationale à Aix, retenue par les syndicats comme nouvelle journée de grèves et de manifestations, marque le début d’un mouvement de grèves reconductibles.

Nous nous engageons à soutenir le mouvement des salariés. Nous sommes disponibles pour toute action commune qui aide à construire la grève. Nous souhaitons que partout se tiennent des Assemblées Générales (AG), qui permettent de décider démocratiquement des moyens d’action et des revendications. Parce que la précarité ce n’est pas seulement le CPE ou le CNE, nous nous engageons à soutenir toutes les revendications qui seront définies par les salariés en lutte, comme l’augmentation des salaires et la requalification en CDI de tous les emplois précaires par exemple.

Nous soutenons les appels des syndicats locaux à la grève reconductible dès le 4 avril et demandons à toutes les organisations de poser des préavis illimités, aussi bien au niveau local que national, et à s’engager réellement dans la construction de la grève générale jusqu’au retrait de la loi dite sur l’Egalité des Chances, le CPE et le CNE. Nous appelons à ce que la manifestation de Paris aille vers l’Assemblée nationale. Nous appelons les étudiants et lycéens à rencontrer les équipes syndicales de la ville ou du département pour proposer des actions communes, des AG communes et envisager toutes les possibilités de reconduction après le 4 avril.

Dès le mercredi 5 avril, nous appelons les étudiants et les lycéens à des journées d’actions dirigées vers les entreprises, en lien avec les salariés et leurs syndicats locaux : diffusions, blocages, occupations des usines et des bureaux. L’objectif est de soutenir les grévistes et de susciter des AG pour étendre le mouvement.

Jeudi 6 avril, nous appelons à manifester et à bloquer des principaux axes routiers ferroviaires.

Vendredi 7 avril, nous appelons à une journée nationale de mobilisation contre la répression, avec en particulier des rassemblements devant les tribunaux.

Pendant les vacances de Pâques, comme pendant les vacances de février, nous maintiendrons la grève et le blocage actif des universités et lycées. Samedi 8 avril, nous appelons les organisations syndicales à coorganiser des manifestations de salariés, chômeurs, précaires, lycéens et étudiants.

Le mardi 11 avril, nous proposons à tous les grévistes salariés, lycéens et étudiants ainsi qu’à toute la population de manifester simultanément dans toutes les villes de France.

Tous ensemble, par la grève générale reconductible, nous allons gagner !

VIII. 8/9 AVRIL LYON

Appel de la coordination nationale lycéenne, étudiante et salariée de Lyon (8 et 9 avril)

Les 3 millions de jeunes, de salariés du public et du privé, les sans-papiers et tous les précaires qui ont manifesté et fait grève le 4 avril, les nombreuses actions menées cette semaine témoignent de l’amplification du mouvement contre la précarité et notamment contre le CNE et la loi sur « l’égalité des chances » (LEC). La mobilisation continue, bien que l’intersyndicale n’ait pas encore annoncé de suites au 4 avril. Nous ne nous sommes pas laissé tromper par les manœuvres gouvernementales, qui visaient uniquement à gagner du temps.

unef retrait du cpe

Tract de l’UNEF après le retrait du CPE. Col. Cité des mémoires étudiantes.

Si le gouvernement supprime la loi dite sur « l’égalité des chances » et le CNE, ce sera une première victoire pour le mouvement. Cela montrera que le rapport de force est en notre faveur. Il faudra alors profiter de la brèche ouverte pour imposer, avec les salariés, les sans-papiers et les précaires, nos autres revendications. L’ensemble de la LEC (apprentissage à 14 ans, travail de nuit dès 15 ans, suppression des allocations familiales sous des prétextes divers, stages dans la police et l’armée pour les jeunes considérés comme de futurs délinquants…) constitue une attaque contre la jeunesse, les pauvres et les travailleurs.

Mais nous refuserons toute manoeuvre du gouvernement qui viserait à remplacer le CPE par un CPE bis réservé aux jeunes et marqué une nouvelle fois du sceau de la précarité. De plus, nous ne croyons que ce que nous voyons. Actuellement, loin d’être dénaturé, le CPE est entré en vigueur : dans l’aménagement proposé par Chirac, le patron n’a toujours pas à justifier le licenciement, mais simplement à en signaler la raison. La période d’essai, même ramenée à un an, reste la promesse de la précarité à vie : après le CNE et le CPE, le gouvernement nous prépare le Contrat de Travail Unique.

Il n’y a pas de négociation possible sur ces bases, nous exigeons le retrait total de la LEC et du CNE. La Coordination Nationale de Lyon rappelle par ailleurs qu’au-delà de ces revendications, elle déplore tous les projets allant dans le sens d’une accentuation de la précarité, et notamment le projet de loi CESEDA qui considère les immigrés comme des êtres humains jetables.

Persistant dans la brutalité caractéristique du gouvernement, le ministre de l’éducation a décidé de mettre fin à la grève en usant de tous les moyens à sa disposition : chantage aux examens, fermetures administratives des facs et déblocages des lycées et des universités par la force. À cette pression sur les étudiants, les lycéens et les personnels, s’ajoute une répression policière toujours plus massive. Le ministère annonce 5000 arrestations en fin de semaine. Les comparutions immédiates se multiplient et aboutissent à des sanctions lourdes (TIG, amendes, prison ferme). Nous dénonçons également la répression croissante des mouvements sociaux, et exigeons l’amnistie de nos camarades inculpés.

Ces attaques ne font que renforcer notre détermination.

Nous voulons la réouverture des facs fermées administrativement, nous exigeons que nul étudiant ou lycéen ne soit pénalisé d’aucune manière que ce soit en raison du mouvement de contestation dans les lycées et universités. Nous réaffirmons que le gouvernement, par son immobilisme et la stratégie de pourrissement qu’il a adoptée, porte l’entière responsabilité de la situation délicate que connaissent aujourd’hui les universités. Dans ce contexte, nous demandons à la Conférence des Présidents d’Université de s’assurer que les examens de second semestre ou de fin d’année ne porteront pas sur des enseignements qui auraient été délivrés pendant toute la période de mobilisation étudiante. Pour le reste, nous affirmons la souveraineté des Assemblées Générales locales qui, seules, sont aptes à discuter avec leur président d’université des modalités d’examen.

Notre priorité absolue est de contribuer à la mobilisation des travailleurs : c’est maintenant le moment d’y aller tous ensemble. Il faut convaincre directement, par des diffusions de tracts, des discussions et des assemblées générales jeunes/salariés que le seul moyen de gagner sur nos revendications, c’est la grève générale reconductible. Nous appelons les salariés à ne plus attendre un premier secteur qui se mettrait en grève pour entraîner les autres : ce secteur, c’est la jeunesse en lutte depuis deux mois. Dans cette perspective et pour franchir une nouvelle étape dans la mobilisation, nous appelons les syndicats à rompre immédiatement toute négociation et à appeler immédiatement à des manifestations régionales et à la grève générale jusqu’à satisfaction de nos revendications.

Les étudiants et lycéens mobilisés doivent donner confiance aux salariés. Pour cela, il faut avant tout que le mouvement, la grève et les blocages se poursuivent, même là où les vacances débutent. Il faut aussi multiplier les actions communes avec les salariés et les équipes syndicales, sans oublier les manifestations massives.

Nous appelons donc dès maintenant les salariés et leurs organisations à tenir des AG en vue d’élire des délégués pour la prochaine Coordination Nationale Unitaire. Le rapport de force que nous construisons permet d’obtenir aussi des victoires rapides sur le plan local. Nous soutiendrons toutes les revendications des salariés et des précaires en lutte. Le mouvement que nous construisons est capable, après des années de défaites, d’inverser la balance, de changer le rapport de force : gagner sur nos revendications, en finir avec ce gouvernement, c’est possible. Avec l’aide des syndicats locaux qui y appellent déjà, nous ferons du 11 avril un succès.

Nous appelons dès maintenant les jeunes, les sans-papiers, les précaires, les salariés et leurs organisations à manifester et à faire grève à nouveau le 18 avril. Nous souhaitons que cette journée puisse donner lieu à des débats et des AG unitaires où étudiants, salariés, sans-papiers et précaires puissent ensemble se donner des perspectives de lutte.

Coordination nationale lycéenne, étudiante et salariée de Lyon

IX. 16 AVRIL NANCY

APPEL DE NANCY Dimanche 16 avril 2006

La mobilisation a imposé un recul au gouvernement en l’obligeant à remplacer le CPE. Depuis 1995, c’est la 1ère fois qu’une mobilisation permet d’obtenir un tel recul d’un gouvernement, c’est la 1ère fois depuis 2002 que nous faisons céder ce gouvernement qui a tenu face à de nombreuses mobilisations. Après leur mise en minorité dans les urnes le 29 mai 2005, les politiques libérales se voient infliger une défaite par la rue. Cela prouve que la lutte paie. Le gouvernement est affaibli, c’est un point d’appui pour continuer à nous battre afin de gagner sur toutes nos revendications. Après un tel désaveu, Chirac et son gouvernement doit partir !

Mais quoi qu’en disent les médias et les directions syndicales, nous n’avons pas gagné sur l’ensemble de nos revendications. Nous continuons à nous battre, notamment pour le retrait de l’intégralité de la loi sur l’égalité des chances (LEC) du CNE du projet de loi CESEDA (loi Sarkozy II sur « l’immigration choisie », qui doit être votée le 3 mai à l’Assemblée)… D’autant plus que l’article remplaçant le CPE dans la LEC s’accompagne d’une nouvelle série de cadeaux fiscaux aux employeurs.

La coordination nationale condamne le contenu et les conclusions des pourparlers engagés entre les dirigeants syndicaux et l’Etat UMP. Ces démarches laissent intactes la LEC et le CNE. De plus, seul le mouvement de lutte est légitime pour signifier la victoire ou la défaite de la lutte. Nous exigeons des directions syndicales qu’elles rompent toute négociation avec le MEDEF et le gouvernement.

Le remplacement du CPE conduit à une certaine confusion : la nécessité de rejeter la LEC, le CNE, la loi CESEDA…n’est pas suffisamment prise en compte, tandis que les directions des organisations syndicales et les médias ont focalisé l’attention uniquement sur le CPE. De plus, nous avons également un certain nombre d’autres revendications (abrogation de la loi Fillon, hausse des postes au CAPES,…) Malgré cette confusion, la répression et le chantage aux examens, la grève et le blocage ont cependant été reconduits dans plusieurs universités et lycées. Les assemblées générales sont toujours massives, les exigences restent fortes, ce qui montre que la jeunesse est déterminée à poursuivre la lutte.

Aujourd’hui, nous dénombrons 37 facs mobilisées dont 18 sites universitaires bloqués. Nous appelons à continuer la mobilisation, à maintenir les blocages et à reconnaître leur nécessité.

Le recul du gouvernement sur le CPE a donné confiance à des millions de personnes qui ont pris conscience de leurs propres forces. Les manifestations massives, les grèves et blocages, légitimés par des AG massives, nous ont permis d’obtenir le remplacement du CPE. Continuons dans cette voie !

Par ailleurs nous avons développé des liens concrets avec les salariés : AG communes, interventions envers les entreprises, mais aussi actions communes (blocages économiques, barrages de voies de communication, etc.). C’est l’extension aux salariés qui a fait peur au gouvernement. Nous continuerons le travail d’information sur les politiques actuelles qui précarisent nos vies : en direction les lycéens et les étudiants, par des interventions en TD et en amphis, des débats en assemblée générale, et également envers les salariés, par des diffusions de tracts, des actions en direction des entreprises, toujours dans le but de mobiliser les travailleurs.

Notre lutte a révélé une crise sociale et politique. Il ne s’agit pas d’un accès de fièvre ordinaire, mais d’une manifestation de la crise de tout le système social. La logique capitaliste est mise au banc des accusés. Le capitalisme ne peut donner aucune réforme sociale positive. Bien plus, il est même contraint de démanteler les anciennes conquêtes sociales. Tous les lamentables chefs de la droite et de la gauche gouvernementale mènent avec des nuances de méthode la même politique au service d’un système économique prédateur.

Nous exigeons des garanties sur le déroulement des examens de fin d’année. Nous dénonçons le chantage aux examens et l’accord illégitime entre l’UNEF et la Conférence des Présidents d’Universités pour le report des examens après le rattrapage quasi-intégral des cours. Le calendrier universitaire doit être maintenu quoiqu’il arrive. Ce n’est pas la grève qui dévalorise nos diplômes, c’est la réforme LMD qu’il faut abroger. Le gouvernement exerce, avec les autorités administratives, une répression sans précédent sur le mouvement. Il y a eu des interventions policières et de vigiles, des fermetures administratives d’universités et de lycées, ainsi que des procès et peines de prison en rafale. Nous demandons l’amnistie et la levée des poursuites contre les participants aux mouvements sociaux (mouvement lycéen de 2005, émeutes de novembre-décembre 2005, mouvement actuel…). Nous appelons à la création d’un comité national contre la répression de ce mouvement social et nous appelons toutes les organisations syndicales, politiques et associatives à y participer.

Nous appelons à une journée de manifestations nationales le 18 avril. Nous appelons à manifester mardi 25 avril en direction des tribunaux, dans le but de protester contre la répression policière. Nous appelons à ce que le 1er Mai soit une grande journée de lutte européenne contre la précarité, en particulier pour le retrait de la LEC, du CNE, du projet de loi CESEDA… Le 2 mai, sera organisé une assemblée générale avec la jeunesse européenne.

La prochaine coordination se tiendra les 22 et 23 avril à Bordeaux III.

X. 22/23 AVRIL BORDEAUX

La mobilisation a imposé un recul au gouvernement en l’obligeant à remplacer le CPE. Depuis 1995, c’est la 1ère fois qu’une mobilisation permet d’obtenir un tel recul d’un gouvernement, c’est la 1ère fois depuis 2002 que nous faisons céder ce gouvernement qui a tenu face à de nombreuses mobilisations. Après leur mise en minorité dans les urnes le 29 mai 2005, les politiques libérales se voient infliger une défaite par la rue. Cela prouve que la lutte paie. Le gouvernement est affaibli, c’est un point d’appui pour continuer à nous battre afin de gagner sur toutes nos revendications. Après un tel désaveu, Chirac et son gouvernement doivent partir ! Mais quoi qu’en disent les médias et les directions syndicales, nous n’avons pas gagné sur l’ensemble de nos revendications. Nous continuons à nous battre, notamment pour le retrait de l’intégralité de la loi sur l’égalité des chances (LEC), du CNE, du projet de loi CESEDA (loi Sarkozy II sur « l’immigration choisie », qui doit être votée le 3 mai à l’Assemblée)… D’autant plus que l’article remplaçant le CPE dans la LEC s’accompagne d’une nouvelle série de cadeaux fiscaux aux employeurs. La coordination nationale condamne le contenu et les conclusions des pourparlers engagés entre les dirigeants syndicaux et l’Etat UMP. Ces démarches laissent intactes la LEC et le CNE. De plus, seul le mouvement de lutte est légitime pour signifier la victoire ou la défaite de la lutte. Nous exigeons des directions syndicales qu’elles rompent toute négociation avec le MEDEF et le gouvernement.

Malgré la période de vacances, 24 délégations ont été représentées lors de la coordination nationale de Bordeaux : la mobilisation pour l’obtention de nos revendications continue. La volonté de lutter existe toujours chez les jeunes. Par le recul que nous avons imposé au gouvernement sur la question du CPE, nous avons prouvé que seule la lutte paye, et la confiance des jeunes et des travailleurs dans leurs propres forces, dans la mobilisation collective a augmenté. La grève reconductible avec blocage, les manifestations massives, l’unité réalisée entre la jeunesse et les salariés créant la menace de grève générale des travailleurs et les actions ont donné sa force à notre mouvement. Même si les cours reprennent pour l’instant dans un certain nombre d’universités, un mouvement d’ensemble des jeunes et des travailleurs reste nécessaire pour chasser Chirac, son gouvernement et sa politique. La question que nous nous posons désormais est : comment continuer au mieux notre offensive et nos luttes futures en nous appuyant sur tous les acquis apportés par notre mobilisation.

Notre mouvement subit une répression policière et judiciaire sans précédent, qui à long terme, cherche à empêcher toute révolte de s’exprimer ; le choix que l’on nous impose est le suivant : subir silencieusement des conditions de vie inacceptables ou riposter et en payer le prix fort. 5000 arrestations, une centaine de peines de prisons… Nous exigeons l’amnistie pour l’ensemble des personnes poursuivies dans le cadre de ce mouvement, ainsi que celles poursuivies suite au mouvement lycéen de 2005 et lors de la révolte des quartiers populaires de novembre-décembre derniers. La répression diminue notre capacité à agir et à continuer à militer. Elle légitime l’Etat policier et criminalise les mouvements sociaux. Nous exigeons que lorsque un étudiant ou un lycéen est poursuivi, l’administration de son établissement le soutienne officiellement et financièrement. Nous concrétiserons une solidarité réelle avec les inculpés (collectes, rassemblements devant les tribunaux et commissariats). Mais il nous faut donner une réponse politique à la hauteur face à l’offensive répressive et sécuritaire. C’est pourquoi nous appelons toutes les organisations du mouvement social à rejoindre le collectif national contre la répression. Nous appelons à la formation de collectifs locaux unitaires dans toutes les villes, qui organiseront la défense collective. Nous appelons à des manifestations en direction des tribunaux le 25 avril. Nous appelons à la tenue de meetings pour l’amnistie dans toutes les villes le 5 mai, ainsi que des manifestations le 19 mai.

Tout d’abord, nous nous devons de répondre dès maintenant à la répression administrative et judiciaire qui pénalise directement les étudiants mobilisés. Nous ne devons pas nous laisser imposer des conditions d’examens qui constituent une véritable punition pour les étudiants. Nous avons raison de lutter, nous ne devons pas être sanctionnés pour défendre les droits des jeunes et des travailleurs. Tout d’abord, les rattrapages de cours ne doivent pas empêcher les grévistes et les étudiants salariés de passer leurs examens. Ce n’est pas la mobilisation qui dévalorise les diplômes, ce sont les réformes libérales comme le LMD. Le mouvement lycéen de l’an dernier n’a pas empêché les lycéens d’avoir leur bac et de s’inscrire normalement à l’université. Les étudiants de Mai 68, de 86 et de 94 sont loin d’être des « promotions sacrifiées » ; des aménagements sont possibles et dans l’intérêt de tous. Ne nous laissons pas duper par des arguments qui n’ont qu’un but : tuer notre envie légitime de lutter contre la précarité. Nous demandons la validation automatique du semestre pour tous. Si nous ne pouvons pas l’obtenir, Nous exigeons pour le baccalauréat et pour les examens : 2Des conditions décentes de cours. Ne pas augmenter le volume horaire des cours par semaine et une semaine banalisée avant le début des examens pour permettre à tous de réviser. 3Egalité entre les étudiants et entre les lycéens : Les examens ne portent que sur des cours ayant eu lieu en dehors des périodes de blocages. Trois sujets au choix sur trois parties différentes du programme. 4Aucune forme de sélection : la note finale doit être le maximum de la note de contrôle continu (CC) ou de contrôle terminal (CT).

Continuer les blocages est le meilleur moyen pour imposer de bonnes conditions d’examens.

L’unité réalisée de tous ceux qui partagent les mêmes intérêts : lycéens, étudiants, précaires et salariés doit être considéré comme un acquis de ce mouvement. Nous continuons à envoyer des délégations dans les entreprises, à participer aux unions locales, aux AG de salariés en lutte pour les convaincre de la nécessité de continuer la lutte en s’appuyant sur le premier recul du gouvernement. Cette unité a été la condition première du recul du gouvernement, elle le sera encore demain. C’est pourquoi nous proposons pour le premier mai de mobiliser sur toute notre plateforme. En outre, les cortèges unitaires de lycées et d’universités doivent prendre la tête des défilés dans la mesure où nous sommes le moteur de cette unité.

Un autre acquis est le développement dans la jeunesse de la conscience que notre force est dans la rue, que seule la lutte organisée démocratiquement paye, que nous n’avons rien à attendre des institutions. Ceci nous permet de mener depuis près de 3 mois, une lutte exemplaire. Nous n’avons pas attendu le résultat du Conseil Constitutionnel, nous ne nous sommes pas arrêtés aux dix déclarations en 2 mois de Chirac, nous n’avons pas cédé à la répression policière, judiciaire et administrative. Nous nous sommes au contraire, organisés démocratiquement, en assemblées générales, en comité de mobilisation, et nationalement à travers les coordinations nationales unitaires. Aujourd’hui l’unité doit également perdurer sous la forme de réflexions globales sur les enjeux économiques sociaux et politiques

Notre lutte a révélé une crise sociale et politique. Il ne s’agit pas d’un accès de fièvre ordinaire, mais d’une manifestation de la crise de tout le système social. La logique capitaliste est mise au ban des accusés. Le capitalisme ne peut donner aucune réforme sociale positive. Bien plus, il est même contraint de démanteler les anciennes conquêtes sociales. Tous les lamentables chefs de la droite et de la gauche gouvernementale mènent avec des nuances de méthode la même politique au service d’un système économique prédateur.

Pour continuer la mobilisation, nous appelons à la tenue régulière d’AG dans toutes les universités et tous les lycées. Nous appelons au maintien des comités de mobilisation comme organe de lutte unitaire. Nous appelons aussi à une grande journée de manifestation nationale samedi 29 avril pour dénoncer le projet de loi sur l’immigration. Nous appelons à la tenue d’une prochaine coordination nationale de délégués mandatés par les assemblées générales le week-end du 6 et 7 mai.

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