lecture : Gilles Maigron, Résistance et collaboration dans l’Université de Paris

MAIGRON Gilles. Résistance et collaboration dans l’Université de Paris sous l’occupation, 1940-1944. Mémoire de maîtrise sous la direction de Michelle Perrot. Paris VII 1992/1993, 229 pages. Présentation par l’auteur. Voir critique dans le dossier des Cahiers du Germe  N° 25, 2005. Continue reading ‘lecture : Gilles Maigron, Résistance et collaboration dans l’Université de Paris’

lecture : Alain Kergomard, La mutation universitaire, Clermont 1948-1993

Alain KERGOMARD La mutation universitaire, Clermont 1948-1993. L’Harmattan 1995.
Professeur à Clermont Ferrand, Alain Kergomard a été à deux reprises directeur d’UER et membre de divers conseils. L’intérêt de ce livre est de traiter de l’évolution de l’université en brossant des comparaisons entre la situation nationale et la situation locale. Après un historique qui remonte au 19e siècle – et rappelant que sous l’occupation l’Université de Strasbourg a été hébergée dans la capitale auvergnate- il décrit les mutations comme deux «chocs étudiants». Premier choc : 1950-1968, avec le passage de 380 à 3600 étudiants en sciences, deuxième choc étudiant celui qui voit une massification des effectifs à partir de 1988. Continue reading ‘lecture : Alain Kergomard, La mutation universitaire, Clermont 1948-1993’

lecture : Olivier Raeis, Olivier RAEIS Les AGE de l’UNEF et leurs services, bref aperçu de 1880 à nos jours

Olivier RAEIS Les AGE de l’UNEF et leurs services, bref aperçu de 1880 à nos jours Rapport au Président de la FAGE. VII° Congrès – Lille 1996.
Chargé des archives au sein du bureau de la FAGE, Olivier Raeis qui, il faut le souligner, n’est ni historien, ni sociologue, ni politiste mais un scientifique, accomplit un travail remarquable, qu’il nous a d’ailleurs présenté lors de notre séminaire du 15 janvier. Ce rapport est un premier recensement des services et du statut juridique des AGE de l’UNEF. Continue reading ‘lecture : Olivier Raeis, Olivier RAEIS Les AGE de l’UNEF et leurs services, bref aperçu de 1880 à nos jours’

lecture: Fabrice Rajerison, Temoignage d’un étudiant en grève

Fabrice RAJERISON témoignage d’un étudiant en grève. (Maîtrise Histoire Paris VII, 1996, Florence Gauthier Dir.); Comme l’indique son titre, ce mémoire est en réalité  le témoignage d’un étudiant gréviste de Jussieu. Fabrice Rajerison avait récolté documents, photographies et tenu un  «journal de grève» au cours de la grève de novembre-décembre 1996 contre le projet Devaquet.  Continue reading ‘lecture: Fabrice Rajerison, Temoignage d’un étudiant en grève’

lecture : Stéphane Merceron, Aspects de l’Union nationale des étudiants de France à la fin des années Trente, une organisation étudiante dans son temps, 1936-1939

Stéphane MERCERON: Aspects de l’Union Nationale des Etudiants de France à   la fin des années Trente, une organisation étudiante dans son temps, 1936-1939. Maîtrise, sous la  direction  de MM Pascal Ory et Mollier, Université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines, centre d’histoire culturelle de l’Europe moderne, novembre 1996, 1 vol 144 p, + 1 vol (63 pages) d’annexes. Récemment soutenue, avec la mention «Très Bien», la maîtrise de Stéphane Merceron a un double intérêt. Elle donne une vivante présentation de l’UNEF de la fin des années Trente; elle permet également  de revisiter la vision traditionnelle des «trois âges» du mouvement étudiant en France. Continue reading ‘lecture : Stéphane Merceron, Aspects de l’Union nationale des étudiants de France à la fin des années Trente, une organisation étudiante dans son temps, 1936-1939′

lecture : Claudie Weill, Etudiants russes en Allemagne, 1900-1914

Claudie WEILL: Etudiants russes en Allemagne, 1900-1914, L’Harmattan, 1996, coll. Chemins de la Mémoire, 268 p. L’Allemagne impériale fut une des destinations des étudiants russes à l’étranger, avec deux vagues majeures, au tournant du siècle puis au lendemain de la révolution de 1905; non certes la principale, puisqu’en 1914 il y avait 3000 étudiants venus de Russie en France, contre moins de 1900 sur le territoire du Reich; leur proportion du nombre total des étudiants d’Allemagne n’a pas dépassé 4%, alors qu’elle atteignit 7,5% en France, et 25% en Suisse. Mais l’ouvrage de Claudie Weill, issue d’une thèse de sociologie, se veut moins une étude quantitative – encore qu’appuyée sur les réponses des intéresses à un vaste questionnaire élaboré au printemps 1914 par quelques étudiants russes en Allemagne – qu’une recherche culturelle, alors que la Russie frappait aux portes de l’Europe: au miroir de leurs relations avec le pays d’accueil, et d’abord avec les étudiants allemands, il s’agit d’analyser les réactions que provoqua leur présence dans le Reich, et l’impact de leur séjour sur le devenir ultérieur de l’intelligentsia russe. Continue reading ‘lecture : Claudie Weill, Etudiants russes en Allemagne, 1900-1914’

lecture : Jean-Yves Sabot, Le syndicalisme étudiant et la guerre d’Algérie

Jean-Yves SABOT, Le syndicalisme étudiant et la guerre d’Algérie, l’Harmattan, 1995, 276 p, prix non indiqué. Le titre  ne doit pas induire en erreur: Le syndicalisme étudiant et la guerre d’Algérie  n’est pas une histoire de l’UNEF face à la guerre d’Algérie, non plus que de l’influence du mouvement étudiant sur l’ensemble de cette guerre sans nom. Certes, l’auteur livre en passant son hypothèse personnelle sur l’évolution d’ensemble du mouvement étudiant, sous la forme d’une interprétation et périodisation nouvelles (et différentes de celles proposées par Yolande Cohen et Claudie Weil dans «Entre socialisme et nationalisme, les mouvements étudiants européens», Le Mouvement Social, n°120, juillet-septembre 1982),  sur laquelle bien sûr il y aurait à dire: on aurait, des origines à la Libération, soumission des AGE aux pouvoirs publics et répression du politique, puis émancipation sur un mode syndical unitaire de 1946 à la fin des années Soixante, enfin émiettement politique jusqu’à nos jours

Mais l’essentiel est ailleurs. Dans cette étude, qui reprend sa thèse de science politique, J.Y. SABOT analyse le cas de l’Association Générale des Etudiants de Grenoble de 1954 à 1962, qui fut une des composantes les plus importantes  et dynamiques de l’UNEF pendant les années algériennes, et  s’appuie sur ses abondantes archives. Comme contre-épreuve il examine également l’Association Générale de Dijon, au rôle moindre à tous égards. De plus il a interrogé de nombreux anciens syndicalistes étudiants, principalement grenoblois et dijonnais. Continue reading ‘lecture : Jean-Yves Sabot, Le syndicalisme étudiant et la guerre d’Algérie’

lecture: Alain Borredon. Une jeunesse dans la crise

Alain BORREDON. Une jeunesse dans la crise L’Harmattan 1995. Ayant réalisé dans plusieurs académies des entretiens et de sérieuses enquêtes au sein de lycées, auteur de rapports, Alain BORREDON, Docteur en sciences de l’éducation, se penche sur «les nouveaux acteurs lycéens» tels qu’ils apparaissent dans les mouvements des dix dernières années. Notant à juste titre le passage d’un statut «d’acteur rallié» au mouvement étudiant en 1986, à celui «d’acteur autonome» dans le mouvement de 1990, et enfin d’acteur «partenaire» au printemps 1994 (CIP) , les lycéens auraient fait la preuve qu’ils «étaient devenus de nouveaux acteurs sociaux dans la société française». Ils ne constituent pas seulement un «groupe d’intérêt» mais revêtent ponctuellement des traits «relevant de la catégorie sociologique «mouvement social» selon la terminologie d’Alain Touraine».

Si dans ces trois mouvements des «conditions objectives d’expression d’une revendication massive» existent (projet Devaquet, budget, CIP), «l’organisation d’une telle action posait […] de vrais problèmes», et de souligner le «rôle politique de leader» qui ne se limite pas à orienter l’action mais aussi à donner ou dégager «le sens d’un réel parfois confus». Le rôle du «militant» est ainsi défini, mais comment un lycéen devient militant ? Continue reading ‘lecture: Alain Borredon. Une jeunesse dans la crise’

lecture : Pierre Bauby et Thierry Gerber. Singulière jeunesse plurielle

Pierre BAUBY – Thierry GERBER. Singulière jeunesse plurielle. PUBLISUD 1996 – 198 F. Le titre du livre de Pierre Bauby et de Thierry Gerber indique qu’il se situe dans la question que se posent bien souvent aussi bien acteurs et militants que chercheurs : existe t’il une ou plusieurs jeunesses ?

Dans une première partie, les auteurs nous invitent à visiter «les jeunes des années 1990», ce qui implique de «s’interroger sur ce que recouvre la notion de jeunesse». A la suite d’un premier chapitre qui fait l’inventaire des analyses publiées, se dégage ainsi des «éléments d’un portrait socio-politique», des jeunes dans leur diversité, «la notion de jeunesse apparaît comme trop unique et uniformisante». Des «traits saillants» se dégagent des «manifestations plurielles» des jeunes : «sensibilité pragmatique, individualité autocentrée et solidaire, méfiance et ouverture et tolérance». En fait, toute cette première partie (qui traite ensuite de la relation des jeunes au travail, au syndicalisme, à la politique, à l’environnement) est une sorte de passage en revue des différents auteurs et chercheurs qui se sont exprimés dans les dernières années dans diverses publications (livres et revues). De ce point de vue, c’est une sorte de somme de références et citations, avec tableaux statistiques et chiffres à l’appui. Mais la quantité des citations nuit souvent à la compréhension du point de vue des auteurs, qui apparaît comme noyé par les points de vue de ceux qu’ils citent. Continue reading ‘lecture : Pierre Bauby et Thierry Gerber. Singulière jeunesse plurielle’

Pierre Louis Marger. Les étudiants, l’armée et le service militaire

Colloque RESSY et les deux UNEF, « 50 ans de syndicalisme étudiant », avril 1996. reproduit dans Robi Morder (coord), Naissance d’un syndicalisme étudiant. 1946: la charte de Grenoble, Paris, Syllepse, 2006.

Je ne vais pas traiter de l’ensemble de ce problème. Je ne connais pas trop le titre de vice-président de l’UGE, Union des grandes écoles, comme un gage d’autorité dans ce domaine, et je vous dirai pourquoi tout à l’heure, puisque je n’ai été vice-président de l’UGE que pendant quinze jours, et j’ai été chargé pendant quinze jours des rapports de l’UGE avec l’armée.

Beaucoup de choses ont déjà été dites, je ne suis sûrement pas d’accord avec tout, mais je suis d’accord avec beaucoup de choses et je reste quand même dans la préhistoire parce que l’époque où j’ai vécu ma vie d’étudiant, non pas à l’université mais dans une grande école d’ingénieurs, c’était cette période du début de la Guerre d’Algérie. C’est donc le moment où l’armée est intervenue avec force dans la vie des étudiants de plusieurs manières, de manière contradictoire. D’abord, il y avait la nécessité pour l’armée de s’exprimer sur les choix qui étaient faits dans le service militaire avec un service important en Allemagne, un service en France où se déroulait beaucoup de classes, et la vie en Algérie comme militaire en particulier après le vote des pouvoirs spéciaux. Et très vite dans ces trois éléments de la vie des étudiants dans leur engagement futur comme citoyens effectuant leur service militaire il y avait bien sur la durée du service. J’ai fait 27 mois et 27 jours, et je n’étais pas le seul, c’était imparable, ou bien je faisais le choix de l’insoumission. Etait donc imparable la nécessité de participer à cette vie dont je rappelle qu’elle était voulue, apparemment tout au moins, dans les votes par la Nation. C’était aussi bien sûr la manière dont on abordait nous-mêmes comment on allait aborder le problème des tortures en Algérie qui était un élément essentiel, je crois, des préoccupations des étudiants à cette époque. Pas tout de suite. Pas pour tout le monde. Mais je crois pour beaucoup à partir de l’information qu’apportaient notamment les mouvements d’action catholiques, mais aussi La route des scouts de France, les mouvements protestants, comme certains mouvements d’inspiration politique. Dans ce cadre là il y avait quelque chose d’important sur lequel je vais revenir. Je voudrais d’abord commencer par ce qu’était le service militaire et en particulier pour les grandes écoles, puisqu’il y avait à ce moment là l’Union des grandes écoles qui avait son mouvement particulier, séparé de l’activité de l’UNEF et avec une vie syndicale très limitée, essentiellement de type «folklorique» pour une part, mais pour lequel la Guerre d’Algérie allait conduire à se poser la question de ses rapports avec l’ensemble des étudiants. Il y a eu en particulier un élément intéressant à souligner, c’était la manière dont l’armée a proposé aux étudiants de suivre, pour ceux les plus grandes écoles (dites les «vraies» grandes écoles) une instruction militaire obligatoire qui conduisait les anciens de ces écoles à rentrer dans le service militaire comme sous-lieutenant, et donc d’échapper aux classes et d’avoir une vie de privilégié (disait-on) dans l’armée. C’est vrai que ces rapports avec l’instruction militaire obligatoire avaient un gros avantage pour certains étudiants, mais coupaient du même coup les préoccupations de l’UGE en deux et rapprochaient d’une certaine manière les grandes écoles dites «petites» des étudiants en université. Et cette instruction militaire obligatoire avait aussi un autre aspect, qui était de rentrer directement dans le cadre de ce que le patronat dans sa grande majorité essayait de faire avec les anciens élèves des écoles, d’ingénieurs en particulier, mais aussi des écoles de gestion, c’est à dire une caste à part dans les couches sociales correspondantes aux salariés. Je voudrais souligner combien pendant longtemps l’UGE a été une chasse gardée de ceux qui souhaitaient maintenir parmi les salariés une coupure entre les ingénieurs et cadres et l’ensemble des autres salariés. Ceci est resté une politique patronale jusqu’à il y a peu de temps, et qui demeure encore une politique de certains patrons.

Il y avait surtout ce qui se passait en Algérie et qui, petit à petit est devenu un élément essentiel de la réflexion des étudiants, et ensuite de l’action à mener dans l’armée même, par les anciens étudiants en liaison avec les autres catégories de jeunes qui faisaient leur service militaire.

Pour résumer, d’une part une instruction militaire obligatoire conduisant à un rapprochement entre l’UGE et l’UNEF, et d’autre part ce qui se passait en Algérie qui rapprochait l’ensemble des syndicalistes étudiants de l’ensemble des mouvements de jeunesse

Il y a me semble t’il dans ces rapports entre l’armée et les étudiants à cette époque là, et me semble t’il encore maintenant, une association étroite entre cette politique de l’armée et celle de l’organisation capitaliste, où il y a d’un côté ceux qui sont privilégiés dans l’organisation de la société -même s’ils ne sont pas privilégiés pour la décision définitive- et ceux qui sont moins privilégiés, et quelquefois directement exploités par les premiers.

Il me semble qu’il y a là une réflexion à avoir qui n’est pas simplement celle du passé, celle de la Guerre d’Algérie, encore que cela pose des questions pour demain, quand il y aura le débat sur le service militaire. Je voudrais rappeler qu’au moment du putsch de 1961 il y a eu quand même avec l’action menée par les appelés, une réaction tout à fait utile pour empêcher la prise du pouvoir des généraux dits félons, et qui étaient tout simplement je crois des généraux orientés plus à droite encore politiquement que le gouvernement au pouvoir à l’époque, mais cette action doit être réfléchie. Il ne faut pas attendre d’avoir la réflexion complète tous pour dire ce que l’on pense.

Encore deux choses.

La première, c’est que dans ce qui a été la Guerre d’Algérie, et dans ce qui a été pour les étudiants une découverte importante, il y a eu la découverte de ce qu’était la colonisation avec la violence de la guerre, violence très importante que nous avons vécue. On en a peut-être assez parlé à un moment, on n’a pas été au bout de la réflexion. Pourquoi certains parmi nous ont torturé ? Pourquoi d’autres non ? Ce n’est pas simplement au niveau de l’action militante au sein d’un mouvement syndical étudiant qu’on trouvera la réponse, mais on peut peut-être y trouver une partie de la réponse et ça vaut le coup de réfléchir à ce que cela peut être pour des étudiants qui demain peuvent se retrouver dans une situation, non pas identique mais proche. Qu’est-ce qui fait que les uns ou les autres à un moment donné on a une attitude d’homme ou de femme adulte ou bien au contraire qu’on se laisse entraîner dans des situations dramatiques pour ceux qui sont torturés, mais aussi pour ceux qui torturent.

La deuxième chose, c’est que dans ce syndicalisme étudiant que j’ai rencontré, j’ai trouvé peu de choses -et je m’en excuse auprès des responsables de cette époque là- pour me permettre ensuite d’être militant dans la vie sociale. Je ne parle pas de la vie politique, mais de la vie sociale dans les entreprises, et je crois que là il y a un vrai problème pour l’organisation syndicale des étudiants. J’ai entendu tout à l’heure que les étudiants avaient été pendant un temps au centre d’une réflexion du mouvement social en France. Je crois que c’est en partie vrai, mais je crois aussi que c’est difficile de limiter au mouvement étudiant l’autorité qui était la sienne, limiter à cette autorité l’avancée extrêmement lente du mouvement social en France et de sa nécessaire évolution.