
Déclaration finale 23 11 1945. Fonds Tom Madden. CME
C’est le 23 novembre 1945, lors de la dernière séance plénière au Lucerna Hall sous la présidence du Français François Lescure (UJRF) qu’est adoptée la déclaration finale du congrès mondial étudiant de Prague [1]. La résolution fait largement référence à la FMJD, mais le congrès n’envisage pas une adhésion. Enfin, si la question des relations avec l’Entraide universitaire internationale a été posée lors d’une session, état n’en est pas fait dans la résolution[2]. La nouvelle internationale – dont le nom n’est pas encore défini (la résolution parle de « fédération »)- tiendra un congrès constitutif à l’été suivant[3].
« Nous, délégués étudiants de 51 pays, réunis à Prague en novembre 1945 avec les représentants de toutes les organisations internationales d’étudiants existantes lors du premier congrès des étudiants organisé après la Seconde Guerre mondiale, adressons nos salutations chaleureuses aux étudiants et à tous les jeunes du monde et leur transmettons ce message :
La glorieuse victoire des armées des Nations Unies a brisé l’isolement dans lequel tant d’entre nous ont dû vivre et nous a permis de nous retrouver librement après de longues et terribles années ; nous sommes déterminés à faire tout notre possible pour rester unis dans un but commun et pour maintenir à jamais notre communauté de respect mutuel, de compréhension et d’amitié.
Des milliers d’étudiants de nombreux pays ont activement participé et sacrifié non seulement leurs années détudes mais aussi, pour beaucoup d’entre eux, leur vie. Nous rendons hommage à leur mémoire et nous nous engageons à rester éternellement vigilants pour la sauvegarde de l’idéal de liberté et de démocratie pour lequel ils se sont battus et sont morts.
Cela nous impose le devoir de lutter pour l’élimination, en premier lieu, de tous les vestiges du fascisme et d’autres forces antidémocratiques, quelle que soit leur forme1 qu’il s’agisse des vestiges du régime national-socialiste en Allemagne 7, du régime militariste au Japon, des criminels de guerre impunis ou des gouvernements antidémocratiques en Espagne, au Portugal et en Argentine. –
L’expérience de ces années de guerre nous a appris que les étudiants ne sont pas séparés du reste de la jeune génération ni de leur peuple dans son ensemble.
C’est pourquoi, en forgeant l’unité internationale des étudiants, nous établirons une coopération et une amitié durables avec la jeunesse démocratique du monde entier.
Notre congrès a salué la création de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique et a exprimé son souhait que la future organisation internationale des étudiants travaille de la manière la plus étroite possible avec ce nouveau mouvement.
Nous appelons les étudiants à examiner attentivement les résolutions de la Conférence mondiale de la jeunesse qui s’est tenue à Londres en novembre 1945 et à œuvrer à leur mise en œuvre dans la mesure où elles concernent la résolution des problèmes des étudiants.
Nous rejetons toute forme d’exclusivité et défendons l’égalité totale en matière d’éducation pour tous les jeunes hommes et femmes de tous les pays.
Nos camarades étudiants de nombreux pays ont un besoin urgent d’aide matérielle. Nous appelons les étudiants et leurs organisations à profondément leur devoir de solidarité et à l’exprimer dans leurs actes.
Nous considérons le travail de ce congrès, qui fait suite à la conférence étudiante tenue à Londres, comme la première étape vers la création d’une organisation étudiante mondiale démocratique et inclusive.
Il s’achèvera l’été prochain, lorsque la nouvelle Fédération internationale des étudiants sera enfin constituée.
Nous sommes parvenus à Prague à un accord sur la solution des problèmes les plus importants concernant la coopération internationale des étudiants.
Nous comptons sur tous les acteurs pour participer activement aux travaux du Comité préparatoire et ainsi assurer le succès du prochain congrès.
Nous voyons dans notre future fédération le moyen d’aider les étudiants à satisfaire leurs besoins vitaux et à exprimerleur détermination à contribuer activement au maintien d’une paix durable en renforçant l’unité des nations qui ont reconquis la liberté du monde ;
Longue vie à l’amitié et à la coopération démocratique des étudiants du monde entier. »
[1] Il n’y a pas un vote formel, aucun participant n’ayant été élu, ni disposant d’un mandat, mais un consensus ;
[2] Quelques semaines plus tard, dans son bulletin, le premier d’après-guerre, l’Entraide universitaire internationale apporte un regard critique.« La motion du congrès ne traite que des problèmes qui se posent aux étudiants en tant que jeunes vivant en 1946, non en tant qu’étudiants » (destruction du fascisme, amélioration des conditions matéielles et de vie) Cela aurait été pareil s’il s’était agi d’une assemblée de jeunes ouvriers. « Des problèmes impérieux, comme celui de l’association effective des éudiants à la direction de l’université, n’ont même pas été abordés ».
[3] Elle devra être composée uniquement de délégations étudiantes, comme le demandait l’UNEF qui conditionnait sa participation à cette clause, de même que la non adhésion à la FMJD.