Actualités des mouvements étudiants

communique commun 18 11 2019Dans les Cahiers du Germe qui viennent de paraître, nous avons synthétiquement commenté quelques évolutions des organisations étudiantes après les résultats des deux cycles d’élections au CNESER et au CROUS. Cette présentation – que nous publions ci-après – a été rédigée avant l’immolation du jeune étudiant Anas K à Lyon et les réactions suscitées par cet évènement. Il convient de noter que pour la première fois depuis le CPE (2006) – et sous une forme différente puisque cette fois-ci c’est uniquement une intersyndicale étudiante- cinq organisations étudiantes, dont les trois représentées au CNESER, ont signé un communique commun autour de quelques revendications immédiates et appelant à une journée d’action le 26 novembre 2019.

Il n’est pas inutile, puisqu’il s’agit de revendications relatives aux bourses, mais aussi qu’il est dans le débat à nouveau d’allocation d’études, de salaire étudiant, de rappeler des articles d’Aurélien Casta et d’Emmanuel Porte qui ont coordonné dans la collection Germe Autonomie en mouvements: revendications syndicales et mobilisations étudiantes (Syllepse 2015): Aurélien Casta: « La « rémunération étudiante » (1950) : une proposition de loi à la croisée des solidarités salariales et de la réforme universitaire », Revue française de pédagogie 2012/4 (n° 181), Emmanuel Porte: « Reconnaître le travail étudiant par le salaire: la revendication de l’allocation d’études », Mouvements 2013/1 (n° 73), et « L’allocation d’autonomie pour les étudiants en débat en France (1995-2009)« , Informations sociales 2011/3-4 (n° 165-166),

Dans l’émission « Le nouveau rendez-vous » du 18 novembre « Étudiants : vers la révolte ? » (en podcast):  Amaïllia Bordet, étudiante en master à Paris Orlane François, présidente de la Fédération des associations générales d’étudiants (Fage) Blandine, porte parole de Solidaires Etudiants et Robi Morder du Germe (Voir aussi le blog sur mediapart.)

OBSERVATOIRE DES MOUVEMENTS ETUDIANTS (Les Cahiers du Germe n° 32, 2019).

Les élections des représentants étudiants au CNESER et au CNOUS font apparaître ces dernières années une double tendance : d’une part une progression de la FAGE qui confirme en 2019 sa première place acquise en 2017, et une restructuration du champ de la représentation puisque d’une part diminuent, voire disparaissent  – au niveau de ces deux institutions nationales – les organisations PDE et UNI, d’autre part la percée institutionnelle d’une nébuleuse (liste « game of Cneser ») non cristallisée en organisation [depuis, le 17 octobre, a été créée l’Alternative comme « nouvelle force syndicale et asociative »]. Le tout se fait sur fond de faible participation électorale des étudiants, ce qui n’est pas une nouveauté.  Le champ syndical étudiant semble réduit à une bipolarisation FAGE/UNEF, cette dernière ayant été de surcroît affaiblie par la scission FSE (Fédération syndicale étudiante) qui a emporté deux des trois élus au CNOUS de l’UNEF. Si Solidaires étudiant-es n’a pu présenter de liste, bien qu’ayant obtenu des élus dans trois CROUS, ce syndicat n’en a pas moins une réelle présence sur le terrain. La FAGE, qui n’avait pas mobilisé contre la loi travail en 2016 a continué à se distinguer en ne s’opposant pas à Parcours Sup comme réforme générale.

Ainsi, on pourrait voir qu’il y a une sorte de nébuleuse plus contestataire, se proclamant de « lutte » mais dispersée entre UNEF, Solidaires, FSE, des groupes locaux en concurrence bien que parfois conjoncturellement ou localement alliée. De surcroît, on a pu constater des prises de position convergentes sur le refus de l’augmentation des droits d’inscription des étudiants étrangers non européens, puisque ce sont des fédérations caractérisées de très corporatives, membres autrefois de PDE, qui ont conduit les recours juridiques devant le Conseil constitutionnel.

Rien n’étant jamais définitivement acquis dans un monde étudiant en perpétuel renouvellement, il faudra suivre avec intérêt les débats stratégiques qui traversent la plupart des organisations – en tous cas pour la FAGE, la FSE, l’UNEF et Solidaires [et l’Alternative] – sur ce que signifie une action syndicale, un syndicalisme étudiant, et être attentifs à ce qui se passe dans le milieu étudiant qui, s’il participe peu aux élections universitaires, peut toujours faire irruption dans la vie politique que ce soit sur des questions universitaires ou plus générales, comme sur le climat. Enfin, la disparition de la sécurité sociale étudiante, et la réduction des espaces mutualistes, si elles consacrent, avec Parcours sup, avec l’autonomie accrue des universités, la fin de l’environnement institutionnel qui était celui des militantismes étudiants, invite à de nouvelles réflexions sur la citoyenneté étudiante dans l’université de demain, la place des étudiants dans la pédagogie, l’autonomie étudiante.

En tout état de cause, il faut prendre garde aux caricatures simplistes qui permettent de faire des « une » de journaux ou des « affaires médiatiques » qui font l’économie de l’enquête de terrain, de la connaissance des textes et des débats qui sont par ailleurs facilement accessibles. Voici les résultats en termes de représentants étudiants au CNOUS et au CNESER 2017, suivi par une analyse de Tristan Haute sur le cycle Crous/Cnous 2016/2017 et sur le « cas lillois ». Ci-dessous les résultats de 2019.

Elus crous cneser 17 19

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