Il y a 80 ans, le 17 novembre 1939: aux origines de la « Journée internationale des étudiants »

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Brochure du 17 novembre. Fonds Tom Madden, Cité des mémoires étudiantes.

Prague, 17 novembre 1939. Exécution de 9 dirigeants étudiants.

Londres, 16 novembre 1941, déclaration :« Nous, étudiants de Grande Bretagne et de ses territoires, Inde, Amériques du Nord et du Sud, URSS, Belgique, Thécoslovaquie, France, Grèce, Chine, Hollande, Norvège, Pologne, Yougoslavie et de toutes les nations libres, rendons hommage et commémorons les étudiants torturés et exécutés qui furent les premiers à élever leurs voix pour refuser l’oppression nazie et condamner l’occupation de 1939, proclamons que le 17 novembre sera la Journée internationale de l’étudiant ».

Le 28 octobre 1939 à Prague les étudiants entendent manifester pour le 21ème anniversaire de l’indépendance de la Tchécoslovaquie. Interdite par l’occupant nazi, cette manifestation conduite par les étudiants en médecine est sévèrement réprimée. Deux morts: un jeune ouvrier: Vaclav Sedlacek, et Jan Opletal étudiant en médecine, qui décède le 11 novembre.  des suites de ses blessures. Ses obsèques le 15 novembre 1939 suivies par des milliers d’étudiants et d’universitaires sont une démonstration antinazie contre l’occupation. La riposte des autorités ne se fait pas attendre : fermeture de l’université de Prague et de nombreuses écoles du pays, arrestation et déportation dans les camps de concentration de 1200 étudiants, exécution de 9 dirigeants de l’Union nationale des étudiants tchèques de Bohème-Moravie (territoire du « protectorat » établi depuis le 15 mars 1939 par Hitler sur cette partie de la Tchécoslovaquie), pour la plupart arrêtés et détenus par la Gestapo depuis la manifestation du 28 octobre.

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Photos de deux jeunes morts le 28 octobre, l’un étudiant, l’autre ouvrier.

Josef Matoušek (historien et professeur associé)

Jaroslav Klíma (étudiant en droit, dirigeant de l’union nationale des étudiants tchèques de Bohème et Moravie

Jan Weinert (étudiant en études germaniques)

Josef Adamec (étudiant en droit, secrétaire de l’union nationale des étudiants)

Jan Černý (étudiant en médecine)

Marek Frauwirth (étudiant en économie, employé de l’ambassade slovaque à Prague, il aidait à la fabrication de faux-papiers pour les Juifs)

Bedřich Koula (étudiant en droit, secrétaire de l’union des étudiants)

Václav Šafránek (étudiant en architecture, adminstrateur trésorier et archiviste de l’union nationale)

František Skorkovský (étudiant en droit, membre de la direction de la Confédération internationale des étudiants, président du secteur des relations internationales de l’union nationale)

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Avis – en allemand et tchèque – annonçant la fermeture des facultés et écoles et l’exécution des dirigeants. Affiche du 17 novembre 1939.

C’est à Londres où s’étaient retrouvés les Tchèques en exil qu’à partir de 1940 l’idée d’une commémoration internationale émerge avec l’appui du syndicat étudiant britannique, le National Union of Students (NUS). Le 16 novembre 1941 c’est à Caxton Hall à Londres que se tient la réunion fondatrice avec l’adoption d’un appel, en présence de membres des gouvernements et des unions étudiantes présentes en Angleterre.

« Nous, étudiants de Grande Bretagne et de ses territoires, Inde, Amériques du Nord et du Sud, URSS, Belgique, Thécoslovaquie, France, Grèce, Chine, Hollande, Norvège, Pologne, Yougoslavie et de toutes les nations libres, honorons et commémorons les étudiants torturés et exécutés qui furent les premiers à élever leurs voix pour refuser l’oppression nazie et condamner l’occupation de 1939, proclamons que le 17 novembre sera la Journée internationale de l’étudiant ».

A la fin de la guerre, c’est le 17 novembre 1945 que se réunissent à Prague des centaines d’étudiants du monde entier, qui décident de s’orienter vers la création d’une nouvelle Union internationale des étudiants, dont le congrès de fondation se tiendra à Prague le 17 novembre 1946.

50 ans plus tard en 1989, c’est le 17 novembre que les étudiants, encore à l’avant-garde de la lutte pour la liberté, choisissent pour manifester contre le régime. La répression violente (plusieurs centaines de blessés) entraine un élargissement de la révolte à toutes les couches de la société: écoles et théâtres en grève, manifestations quotidiennes sur la place Venceslas, naissance du Forum civique, rassemblement de plus de 700 000 personnes sur l’esplanade de Letna, le 25 novembre, et la grève générale du 27, et à la chute du régime.

Pour aller plus loin sur notre site: « Il y a 70 ans, Prague, en août 1946: le congrès de fondation de l’Union internationale des étudiants »

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