L’UNEF (1971-2001) et l’activité internationale

S’inscrivant dans les initiatives des 30 ans du Germe, la journée d’études du 25 mai 2025 (voir dossier préparatoire) co-organisée par le Germe et le collectif PHU, a donné lieu à la publication d’un numéro spécial commun aux Cahiers du Germe et au bulletin Pour l’histoire de l’UNEF dont voici l’éditorial signé par Frédérick Genevée et Robi Morder.

EDITORIAL

Ce numéro commun aux Cahiers du Germe et au bulletin Pour l’histoire de l’UNEF !nn’a pas vocation à restituer l’ensemble des débats de la journée d’études du 25 mai dernier qui s’est tenue au musée de l’Histoire vivante (Montreuil). Ceux-ci sont accessibles grâce à la captation réalisée mise en ligne sur les sites partenaires. Nous avons fait le choix de publier ici les trames préparatoires des interventions, ainsi que quelques textes rédigés dans le prolongement de la rencontre.

Cette publication est donc avant tout la traduction concrète d’une coopération : celle qui associe depuis plusieurs années le collectif PHU[1] et le Germe qui, avec la Cité des mémoires étudiantes, œuvre depuis plusieurs décennies à préserver, analyser et transmettre la mémoire des mouvements étudiants. L’occasion est particulière : les trente ans du Germe rappellent combien le travail patient de recherche, d’archives, d’enquêtes et de débats est indispensable pour les chercheuses et chercheurs bien sûr, mais aussi pour relier les générations militantes, ainsi que les curieux de l’histoire sociale. C’est ce que le Germe fait avec les acteurs et actrices anciens ou actuels, en intervenant, contribuant à des congrès, colloques, ou coorganisant des initiatives de valorisation, information, échanges.

Le collectif PHU et le Germe ont travaillé ensemble, cette fois-ci sur l’activité internationale de l’UNEF issue du Renouveau. Cette étape nous confirme la nécessité d’engager un travail de comparaison avec l’UNEF US, puis l’UNEF ID, et plus largement l’ensemble des organisations étudiantes, tant la méthode comparative est utile pour mieux appréhender chacun des éléments, qui agissent, ne serait-ce qu’en partie, les uns par rapport aux autres, en interdépendance. Nous y apportons ici notre pierre.

En parcourant ces pages, on mesure combien l’international a constitué pour l’UNEF à la fois un terrain de formation, un espace de circulations et un révélateur des imaginaires militants. De Prague à Accra, de Varsovie à La Havane, du Vietnam à la Palestine l’activité internationale a permis à des étudiantes et étudiants, souvent sans moyens, d’entrer en contact avec le monde, d’y affirmer des positions, de se former au militantisme et parfois d’y éprouver les limites d’une solidarité soumise aux rapports de force géopolitiques. Des limites mais aussi des avantages car l’UNEF issue du Renouveau a toujours fait partie de la nébuleuse communiste et a bénéficié du réseau international du PCF. Elle a donc intégré l’Union internationale des étudiants (UIE), alors sous influence soviétique, et entretenu des relations avec de nombreuses organisations étudiantes des pays de l’Est[2]. Le syndicat étudiant n’a jamais remis en cause son intégration dans ce réseau, mais il y a occupé une place originale de petit trublion,

Revenir sur ces expériences, c’est rappeler que la mémoire étudiante ne se réduit pas aux grands mouvements nationaux, mais qu’elle s’inscrit dans une histoire mondiale des circulations des personnes, des expériences et des idées. C’est aussi une manière d’interroger le présent : alors que les formes d’engagement se renouvellent et que la mondialisation accentue les inégalités, que reste-t-il de ces traditions internationales et internationalistes ? Quelles leçons les organisations et leurs membres peuvent-elles tirer des succès comme des impasses de ces décennies passées ?

Nous espérons que ce numéro contribuera à nourrir la réflexion collective et à prolonger les échanges engagés lors de la journée d’étude. Il est le fruit du travail en commun d’actrices et d’acteurs, de témoins de chercheurs et chercheures, archives et documents à l’appui. Il est une étape dans notre réflexion car nous poursuivrons ce travail. Bonne lecture et n’hésitez pas à nous transmettre vos critiques.

Frédérick Genevée & Robi Morder

SOMMAIRE

Page 6 : Gilles Boitte, « Intervention d’ouverture à la journée d’études du 25 mai 2025 »

Page 10 : Guillaume Hoibian, « La frise du temps »

Page 17 : Robi Morder, « Les rapports de l’UNEF et l’UIE : 1945-1955 »

Page 26 : Alain Monchablon, « La « politique extérieure » de l’UNEF de 1956 à 1970 »

Page 29 : Bernard Loche, « Retour sur le comité exécutif de l’UIE de novembre 1976 »

Page 33 : Hélène Streiff-Nikonoff, « Les étudiants communistes et l’invasion de l’Afghanistan (1979) »

Page 35 : Régis Piquemal et Antoine Valbon, « Balade moscovite (1985) »

Page 41 : Frédérick Genevée, « Introduction à l’atelier sur les campagnes « inter » de l’UNEF »

Page 44 : Philippe Méhaut, « L’international entre Nancy et Paris »

Page 47 : Guillaume Hoibian, « L’UNEF à Turin en solidarité avec le peuple chilien (1973)»

Page 53 : Xavier Aknine, « La campagne de l’UNEF pour la libération de Jean-Philippe Casabonne »

Page 57 : Omid, « Adhérer à l’UNEF en venant d’Iran »

Page 60 : Obey Ament, « Les relations internationales de l’UNEF à l’époque de la Perestroïka et de l’approfondissement de la construction européenne »

Page 66 : Jean-Marie Pernot, « Les relations internationales de la CGT (1971-2001) au regard de celles de l’UNEF »

Pages 72 : Julie Testi, « L’activité internationale de l’UNEF : des modalités d’actions et d’engagement multiples »

Page 75 : présentation des auteurs

Page 76 : présentation du collectif Pour l’Histoire de l’UNEF ! (1971-2001)

Page 78 : présentation du Germe

[1] Le site internet du collectif Pour l’Histoire de l’UNEF ! (1971-2001) : https://histoire-unef.fr/

[2]  Pour cerner le réseau de l’UNEF et une présentation synthétique de ses activités internationales, voir les chapitres 6 et 7 dans Frédérick Genevée, Guillaume Hoibian, Histoire de l’UNEF : du « Renouveau » à la « réunification » (1971-2001), Paris, Syllepse / Arcane 17, 2024, 352 p. Voir sur notre site l’avant-propos https://www.germe-inform.fr/?p=5487