« Comment la solidarité étudiante guérit les blessures de la Serbie » Entretien avec le réalisateur Aleksandar Reljić

Najglasnija-tisina-1200x1500-1Aleksandar Reljić, réalisateur de films et journaliste à RTV Vojvodina, a gagné la sympathie du public de ZagrebDox avec son film documentaire « Najglasnija tišina » (Le Silence le plus fort), projeté le premier jour du festival. Le film a été si populaire qu’une projection supplémentaire a été organisée le dernier jour. Ce puissant documentaire  fait plus que simplement chroniquer les manifestations étudiantes en cours en Serbie – il révèle la profonde guérison qui se déroule sous la surface de la résistance politique. Comme capturé dans son film d’ouverture du ZagrebDox, ce mouvement a accompli ce qui semblait impossible : réconcilier les divisions sociétales profondément enracinées de la Serbie.

Ce qui distingue cette rébellion n’est pas seulement son opposition au régime de Vučić, mais sa remarquable capacité à unir des communautés auparavant hostiles. « J’ai enfin vu des étudiants de Kragujevac accueillir des étudiants de Novi Pazar, préparant l’iftar et de la nourriture halal pour eux » note Reljić, soulignant la solidarité sans précédent entre des régions historiquement séparées par des tensions ethniques.Le silence commémoratif du Nouvel An – où les étudiants ont choisi la réflexion solennelle plutôt que la célébration – symbolise une génération qui a mûri au-delà de ses années. Tandis que les « ćacis » sponsorisés par le régime continuent leur performance creuse de loyauté, le mouvement étudiant authentique démontre que l’avenir de la Serbie réside dans l’unité plutôt que dans la division. Comme l’observe Reljić avec un optimisme prudent, « Tout ceci est une histoire sur l’absurdité de ce laquais, qui se nourrissait de haine, et il est de plus en plus certain que la haine a commencé à s’assécher dans la société serbe. »

Il admet être surpris par l’affluence et les critiques positives pour le film, qui en un peu moins d’une demi-heure dépeint l’organisation d’un silence commémoratif du Nouvel An par des étudiants de Novi Sad en blocus. Au moment où l’horloge sonne minuit, au climax du film, pendant l’inquiétant silence commémoratif des citoyens qui ont répondu à l’appel des étudiants, nous entendons des feux d’artifice et des pyrotechnies en arrière-plan. C’est une scène dans laquelle nous avons un film, dit Reljić, une scène qui montre deux réalités de la Serbie.

Le contexte de la rébellion en Serbie, qui a commencé immédiatement après l’effondrement de l’auvent de la gare de Novi Sad le 1er novembre de l’année dernière, est déjà clair pour tout le monde. Il y a eu plusieurs tentatives de réprimer insidieusement et violemment la révolte populaire qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui. De la provocation de confrontations physiques par des activistes pro-régime jusqu’à des voitures fonçant dans des manifestants rassemblés à plusieurs reprises. Heureusement, il n’y a pas eu de résultats tragiques jusqu’à présent.

Peut-être le mouvement le plus étrange des autorités a été l’organisation d’un groupe de contre-manifestation d’« étudiants qui veulent étudier », les soi-disant « ćacis ». Cependant, il a été rapidement découvert qu’il n’y avait pratiquement pas d’étudiants là-bas, que ceux rassemblés (rémunérés par jour et avec des sandwichs) dans le parc Pioneer (dans le soi-disant « ćaciland ») à Belgrade ne servaient au président Aleksandar Vučić que comme chair à canon au cas où les protestations se radicaliseraient.

Une des tentatives les plus significatives de briser les protestations s’est produite il y a quelques semaines, lorsque plusieurs chaînes de télévision du régime ont diffusé des enregistrements de conversations informelles mises sur écoute entre des activistes et des étudiants de Novi Sad. Bien que les enregistrements ne suggèrent aucune action concrète, l’affaire a été présentée au public comme une tentative violente de renverser le gouvernement avant la manifestation à Belgrade, la plus grande de l’histoire de la Serbie. Ces activistes et étudiants « exposés » ont été arrêtés avant la manifestation. Quelques-uns qui étaient en Croatie au moment des arrestations n’osent toujours pas retourner en Serbie.

Bien que la rébellion ait le caractère d’une action collective et démocratique directe sans leaders proéminents, ces militants arrêtés étaient déjà un peu connus du public avant même que la rébellion contre les autorités ne devienne massive. Certains d’entre eux ont parlé à des médias de gauche comme H-Alter il y a plus d’un an. Certains de ces activistes qui ont été arrêtés ou qui ont peur de retourner dans le pays figurent également dans le film de Reljić.

Nous parlons avec le réalisateur du film, Aleksandar Reljić, de l’atmosphère dans les villes et villages serbes, des résultats possibles de la révolte actuelle, de l’absurdité des laquais dits « étudiants qui veulent étudier », et d’autres sujets liés à la situation actuelle en Serbie.

Aleksandar Reljić en conversation avec Alen Mikec https://h-alter.org/kultura/besmisao-cacizma/
Translated for ESSF by Adam Novak https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article74775 et révision par Robi Morder.

Quelles impressions gardez-vous de la première à Zagreb ? Le film a-t-il peut-être l’ambition de sensibiliser l’opinion publique européenne ?

Je m’attendais à ce que le sujet de la rébellion étudiante en Serbie soit très attractive à Zagreb, mais je ne m’attendais pas à ce que le film ait un tel impact. Je suis surpris par les réactions du public et encore plus celles de la communauté cinématographique. Certainement, apparaître à ZagrebDox est une sorte de tournant pour moi, car c’était un grand honneur d’ouvrir ZagrebDox, avec mon cher collègue Nebojša Slijepčević, un lauréat de la Palme d’Or à Cannes et un nominé aux Oscars.

Je voudrais certainement que le film fasse le tour de l’Europe et fasse partie d’un grand nombre de festivals de cinéma. Je ne sais à quel point il peut influencer l’opinion publique européenne. D’autre part, nous attendons les réponses des festivals européens auxquels nous avons postulé, donc si nous passons, nous passons.

J’ai précisé spécifiquement l’Europe parce que nous entendons et lisons quotidiennement à quel point les gens en Serbie se sentent seuls et abandonnés par l’Europe et l’Occident, qui semblent ne pas voir que le régime de Vučić ne tient qu’à un fil. C’est pourquoi les étudiants ont commencé à faire une délégation en vélo depuis Novi Sad jusqu’à Strasbourg, précisément pour sensibiliser l’Europe avec un acte symbolique et la forcer à rompre le silence…

La plus grande force du régime de Vučić,  c’est le soutien qu’il a des cercles dirigeants actuels de l’Union européenne, majoritairement conservateurs. Le soutien continue toujours, car il y a principalement cet objectif d’extraction du lithium et qui sait quels autres intérêts commerciaux qui sont cachés au public. Trente ans de ma carrière journalistique ont été marqués par la lutte pour l’intégration européenne et une société plus normale, et bien sûr, ils ne peuvent pas simplement renverser ce focus pour moi, mais parfois je me sens trahi au point que cela me conduit à me demander si l’intégration est même nécessaire. Je suis horrifié par la pensée que les soi-disant Balkans occidentaux sont l’Afrique de l’Europe, et je pense de plus en plus que l’UE nous pousse dans cette direction à dessein. D’autre part, il faut garder à l’esprit que toute l’Europe a glissé vers la droite et que Vučić est leur allié naturel, et il est évident qu’il est temps que des processus de changement et de guérison des sociétés commencent là-bas aussi.

En ce qui concerne l’ignorance [du mouvement] par les médias traditionnels sur tous les méridiens, je pense que cela pèse peu, car les réseaux sociaux sont si puissants aujourd’hui que les vraies informations sur les protestations étudiantes ont déjà atteint les personnes qu’elles doivent atteindre. Nous avons une situation où Madonna a répondu et soutenu les protestations en Serbie dès le 1er février, et récemment, d’un concert à Carnegie Hall, New York, un grand soutien aux étudiants serbes est arrivé, accompagné d’applaudissements énormes du public.

Le film suit une génération qui, au lieu de se mettre d’accord sur le nombre de caisses de bière à prendre pour les célébrations du Nouvel An, organise un silence commémoratif pour le réveillon du Nouvel An. Sommes-nous témoins d’un changement vers la maturité, d’un besoin de grandir plus rapidement chez les jeunes en Serbie ?

Absolument ! Ces manifestants pourraient être mes enfants, et je vois même les parents de certains étudiants dans les protestations et blocages. Et pourtant parfois je me sens immature par rapport aux étudiants et à la façon dont ils mènent la rébellion. En Serbie, qui a toujours été assez rigide, divisée, et pleine de tant de haine générée, ils ont réussi à effacer toutes les différences possibles.

J’ai enfin vu des étudiants de Kragujevac accueillir des étudiants de Novi Pazar, préparant l’iftar et de la nourriture halal pour eux. Des étudiants de Niš ont préparé quelque chose de similaire pour eux, car depuis les guerres des Balkans, la région du Sandžak [région en Serbie avec une importante population bosniaque/musulmane] a été une cible constante des autorités en Serbie, et dans les années 1990, il y a eu de nombreux crimes contre l’humanité, de la torture policière de civils, du nettoyage ethnique, etc. dans cette zone. Le film de Nebojša, qui a reçu un prix de film mondial aussi prestigieux que la Palme d’Or à Cannes, parle de l’atmosphère dans cette région. Donc, ces jeunes sont vraiment m^rs et ont mérité d’être suivis par toute la Serbie, car ils ont effacé toutes les différences interethniques, religieuses, de classe, et toutes les autres différences dans la société serbe. Il y a des iconographies d’extrême droite lors des manifestations, mais elles semblent plus faire partie du folklore et du décor, donc je les considère complètement insignifiantes et inoffensives. Jusqu’à présent, il a été démontré que les étudiants savent ce qu’ils font et mènent le mouvement dans la bonne direction.

Les différences irréconciliables trouvent-elles un terrain d’entente dans le mouvement étudiant ?

C’est exactement ce que je dis avec l’exemple du Sandžak avec sa population majoritairement bosniaque, qui a souffert de choses terribles pendant des décennies, surtout dans les années 1990 où nous avons l’enlèvement à Štrpci, l’enlèvement de passagers d’un bus de Sjeverin, des milliers et des milliers de personnes qui ont subi la torture policière, des procédures judiciaires truquées, le bombardement de villages musulmans… Ce territoire de la Serbie, qui n’était supposément pas en guerre, vivait dans une atmosphère de terreur d’État, et pourtant la révolte étudiante a contribué à ce que les jeunes de Novi Pazar et du Sandžak ressentent aujourd’hui la Serbie comme leur propre pays.

Donc, l’unité du mouvement étudiant guérit les blessures…

Elle guérit les blessures de nous tous, car nous vivons déjà depuis si longtemps dans ce genre de nervosité et de haine générée par le gouvernement, et ici je ne pense pas seulement à la haine interethnique, mais aussi au fait que généralement les gens dans les rues étaient en colère, furieux, fâchés contre tout. Et puis soudainement une atmosphère d’amour et de solidarité est apparue. Aucune chaîne d’information ne peut transmettre à quoi ressemblait la situation quand les étudiants de Belgrade sont venus à pied à Novi Sad, et avant cela ont dormi à la belle étoile à Inđija, parce qu’un idiot qui occupe le poste de maire n’a pas ouvert la salle de sport pour les étudiants. Je les ai accueillis à Petrovaradin à la porte de Belgrade, par laquelle ils sont passés triomphalement, comme si c’était l’Arc de Triomphe. Les premières lignes d’étudiants de Belgrade portant des fleurs à la gare est une image que je n’oublierai jamais et une image qui ne peut simplement pas être montrée, sauf à être vécue en direct. C’est un moment qui me donne encore une boule dans la gorge et me donne envie de pleurer. Ces choses se faisaient déjà sentir dans les premiers pas de la révolte. J’ai remarqué qu’à travers les canaux d’information, cette émotion spéciale portée par ces protestations ne peut pas être montrée. J’ai l’impression d’avoir cherché à voir ce qui se passe derrière la caméra tout le temps, et surtout depuis que ces inclusions journalistiques sont modernes, cette manière d’informer le public m’agace un peu. C’est pourquoi j’ai essayé avec le film de transmettre au moins un peu cette organisation de protestation et au moins de pousser cette caméra à regarder à l’intérieur.

Continuons à propos du film. Le point culminant du film se produit à minuit. Alors que la ville rend hommage aux défunts à la fin de l’ancienne année, des feux d’artifice peuvent être entendus au loin, comme si des réalités parallèles se déroulaient…

Les feux d’artifice à minuit ont toujours été une réalité. Le point culminant du film se produit à ce moment où nous entendons des pyrotechnies. C’est précisément dans cette scène que le contraste et ce silence le plus fort, comme s’appelle le film, peuvent être trouvés. Les pétards étaient vraiment loin de l’endroit où la piété était montrée envers les victimes. Avec une intervention en post-production, nous avons délibérément amplifié ce son pour faire ressentir ce conflit, ce drame. Nous voulions souligner ce contraste, comme un contexte social. Dans ce moment du Nouvel An, j’ai obtenu ce qu’on appellerait un film, et c’est pourquoi il a été filmé en une seule nuit.

Dans le film, une étudiante dit qu’ils n’étaient que cinq jusqu’à il y a un mois. Le noyau organisationnel avant l’organisation massive des étudiants en plénums est maintenant détenu ou ne peut pas retourner en Serbie. Le mouvement étudiant s’est officiellement distancié des activistes de Novi Sad, qui ont été illégalement enregistrés par les services secrets lors d’une conversation privée sur la possibilité de radicaliser la manifestation de masse à Belgrade. Vous semble-t-il que le mouvement étudiant n’est pas resté immunisé contre la tentative du régime de mettre en scène le radicalisme dans le mouvement étudiant ?

J’ai déjà mentionné que je vois la distanciation déclarée du mouvement étudiant des individus arrêtés comme un truc marketing des étudiants dans les plénums. Quand nous avons protesté devant le tribunal à Novi Sad et donné notre soutien à ceux détenus, tous les étudiants sont venus. Ce sont, après tout, leurs compagnons d’armes.

L’essence de cette révolte étudiante est qu’il n’y a plus de leaders et pas de leader charismatique, mais c’est un mouvement qui agit collectivement et décide de tout à ses plénums, qui sont complètement fermés au public, tous ceux qui ne sont pas étudiants. C’est pourquoi le gouvernement a tout le temps essayé de personnifier le mouvement pour pouvoir stigmatiser les leaders. C’est la seule façon dont les gens de Vučić traitent avec les ennemis politiques, les appelant oustachis, traîtres, mercenaires étrangers, etc.

D’autre part, juste avant la grande manifestation du 15 mars, qui a rassemblé environ un million de personnes selon certaines estimations, vous pouviez trouver des Obilićs, des Apis, des Gavrilo Princips [figures héroïques historiques/mythiques serbes] et qui vous voulez dans chaque café. Tout le monde discutait de comment renverser Vučić. Dans n’importe quel café à travers la Serbie, les autorités auraient pu organiser des raids et arrêter des gens, et ils auraient besoin d’ouvrir une dizaine de camps de concentration, de la taille d’Auschwitz, pour tous les emprisonner.

Pourtant, ce groupe particulier était leur cible, et c’est pourquoi ils les ont illégalement mis sur écoute et arrêtés.

Il y a aussi la question du monopole du gouvernement sur le discours de la violence. Dans les médias du régime, ils parlent dans cette clé quotidiennement, mentionnent leurs voyous, justifient les auteurs de violence contre les manifestants pacifiques…

Ils veulent constamment la violence et heureusement, ils n’y parviennent pas. Dans les jours précédant les manifestations, il était très important pour eux d’envoyer un message que les manifestations seraient violentes. L’idée que le 15 mars devait être une sorte de Jour J a été en partie inculquée aux gens. Et les étudiants, qui étaient les principaux organisateurs de la manifestation, sont immédiatement allés avec l’histoire du « jour d’après ». Donc, il était clair que le 15 mars ne devrait pas être un point de rupture.

Nous, les plus âgés, sommes impatients et portons des souvenirs de la révolution du 5 octobre 2000 [anti-Milošević] et d’autres dates, et puis nous rêvons constamment d’un tel développement des événements, mais ceci aujourd’hui est quelque chose de différent, qui nécessite des approches plus créatives, comme celles de nos étudiants.

Le gouvernement veut tout le temps formaliser la crise, c’est pourquoi ils proposent des élections, afin d’obtenir plus d’espace pour les voler à nouveau. Vučić, à mon avis, n’est plus au pouvoir réel depuis des années, mais personne ne l’a encore remplacé. L’opposition est encore faible, et je crains qu’à ce moment ils perdent additionnellement, pas seulement Vučić. C’est pourquoi je crois que la seule sortie naturelle et indolore de cette situation est un gouvernement de transition, dont les membres du cabinet seront délégués par les universités en Serbie. Alors des conditions électorales équitables pourraient être arrangées, les listes électorales révisées, la loi électorale changée, et tout ce qui devrait l’être. Cela pourrait être une issue civilisée à cette situation.
Pour s’éloigner de la perspective parlementaire, comment pensez-vous, quand tout cela sera terminé, que la coexistence se présentera avec les laquais du régime, les soi-disant « ćacis », les « étudiants qui veulent étudier » mais aussi avec les grands acteurs des tabloïds qui ont pendant des années dessiné des cibles sur le dos des gens, les associés politiques de Vučić, et généralement les complices du régime ?
Ils disparaîtront. Le jour où tout cela se terminera, ils n’existeront plus. La plupart feront leurs valises. Ils n’auront simplement plus de plateforme d’où aboyer, comme ils aboient aujourd’hui. Ce jour après eux n’implique pas et je ne les vois dans aucune perspective. Ce sont leurs derniers soubresauts, et ils ont de moins en moins d’espaces pour toute stratégie de sortie de tout cela.

Au moment où les « ćacis » n’auront plus de point d’appui, ils n’auront plus de raison d’exister. Soit ils répondront des méfaits qu’ils ont commis, soit ils disparaîtront de la face de la terre au sens où ils se cacheront dans des trous de souris.

Si les laquais avaient du cerveau, ils ne seraient pas des laquais. Beaucoup d’argent a été gagné et cette dette doit être remboursée. Beaucoup de gens ici sont simplement victimes de chantage. Il ne s’agit pas de désirs ou d’amour pour le grand leader, mais d’être pressés d’accomplir des tâches, qui si elles ne sont pas accomplies, ne présagent rien de bon pour eux. Ces personnages doivent encore être dans le pays des laquais de Vučić, pour installer des stands du parti dans les lieux publics, bien que cela n’ait plus aucun sens.

La force des étudiants est bien plus importante parce qu’ils ont réussi à réconcilier l’irréconciliable dans la société et à réveiller chaque coin de la Serbie. Nous avons une situation où une colonne part de la ville de Futog, habituellement en  guerre » avec l’autre ville voisine, Veternik, et rencontre la colonne de Veternik, et ces personnes s’embrassent, s’étreignent, et se réconcilient symboliquement. Donc tout ceci est une histoire sur l’absurdité de ce « catisme », qui se nourrissait de haine, et il est de plus en plus certain que la haine a commencé à s’assécher dans la société serbe. Il était temps.

Panel « Étudiants dans le blocus – Un monde différent est possible? »

Un peu moins de deux mois après le terrible événement à Novi Sad, les étudiants se sont déplacés avec les blocus vers les plus grandes universités. La raison directe était la campagne violente des partisans de Vučić dans l’une des commémorations des victimes de Novi Sad.

Dans le panel de la semaine dernière, avec un journaliste Matea Grgurinović, des étudiants de Novi Sad, ont échangé les expériences de l’organisation étudiante avec des étudiants anciens et actuels de Zagreb. Les étudiants en Serbie sont organisés en plénums, inspirés par la plupart et les expériences du blocage des universités croates, et surtout la faculté de philosophie, en 2009.

Contrairement au blocus de la Faculté de philosophie de Zagreb, dont les plénums quotidiens étaient ouverts au public, seuls les étudiants sont entrés dans des universités en Serbie, avec des indices qui décident des mouvements suivants de la rébellion des étudiants.

Il s’agit d’une mesure de sécurité requise en raison de la tentative d’infiltration et d’étranglement fréquents des blocages des étudiants par les sympathisants du régime. Teodora et Pavle, deux jeunes étudiants délégués de Novi Sad, ont déclaré dans le panel d’accompagnement de Zagreb, pour abandonner leurs demandes et principes, justice pour les souffrances, pour les soutenir presque tous, du quartier à la plupart des professeurs d’université. Le soutien aux étudiants illustre très probablement les manifestations de masse organisées dans toutes les grandes villes de la Serbie ces derniers mois. Les manifestations de Belgrade ont compté des centaines de milliers de personnes. L’année académique, disent les étudiants se terminent de toute façon. Ce n’est pas un problème pour eux de perdre une année, ils ne prévoient pas d’abandonner leurs objectifs.

En discutant avec eux juste avant le panel à Zagreb, il était facile de voir leur détermination et leur sens de l’organisation. Dans les blocus et les rébellions, chacun a son rôle, ils sont organisés en groupes, dont certains élaborent des stratégies médiatiques, tandis que d’autres s’occupent, par exemple, de l’hygiène et de l’entretien des locaux universitaires. Pavle fait rire les convives en disant qu’ils se sentent comme un État dans un État. Ils ont des passeports et des passeports. Il s’agit bien sûr d’indices, symbole de la rébellion en Serbie qui dure depuis des mois.

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