Bref aperçu de 1880 à nos jours[1]
[1] Ce texte est un rapport au Président de la FAGE VIIème Congrès de la FAGE – Lille – Novembre 1996, qu’Olivier Raeis a présenté au séminaire du GERME du 15 janvier 1997.
Aujourd’hui, à la veille de la célébration du 90ème anniversaire de la grande Union Nationale des Associations Générales d’Etudiants de France (UNAGEF dite UNEF), on peut faire un bilan des actions et réalisations de ces AGE. Celles-ci se sont fondées dans les grandes villes universitaires à la fin du siècle dernier , apparemment sous la poussée des autorités qui avaient pour intention de créer des associations d’étudiants qu’elles pourraient contrôler, ce qui ne fut pas forcément C’est en 1906 qu’elles prirent la décision de se fédérer, et tinrent pour cela leur premier congrès en 1907 à Lille. C’est cette date que l’on peut fixer comme étant la naissance du mouvement étudiant français. Mouvement ne se voulant pas politique ni confessionnel. Les AGE, au moment de la fondation de l’UNEF, possèdent déjà des biens qu’elles mettent à disposition des étudiants ( ex : l’AGE Lille qui organise le premier congrès de l’UNEF au 49, rue de Valmy, son siège social). Ces locaux ont, au fil du temps, eu des destins divers, dans leurs usages et dans leurs propriétaires.
Ce sont ces deux aspects que ce travail veut mettre en évidence ; et en particulier, les rôles qu’ont joué les différentes AGE, grâce à leurs services matériels, dans l’amélioration des conditions de vie des étudiants.Il a fallu pour cela aller chercher dans diverses sources d’archives (aussi bien orales qu’écrites), des informations sur les AGE historiques de l’UNEF, et plus particulièrement, concernant leurs possessions immobilières, leurs activités de services (restaurant, cafétéria, coopérative,…), l’évolution de leur structure juridique, etc…, qui ont pu disparaître au fil des multiples avatars de l’histoire.
La première source consultée a été les archives de l’UNEF, déposées à la Bibliothèque de Documentation et d’Information Contemporaine de l’Université Parix X – Nanterre par l’UNEF-ID, il a fallu également recueillir les témoignages de quelques anciens, et aller dans les villes universitaires faire les photos des bâtiments intéressants.
Le rapport se présente en un recensement alphabétique des différentes AGE par ville universitaire et de leurs services (il n’est pas tenu compte des réalisations de l’UNEF à proprement parler ex : le Sanatorium). Pour certaines il y a beaucoup d’informations (Strasbourg, Montpellier, Grenoble), pour d’autres beaucoup moins (Amiens, Tours,…), c’est en fonction de la quantité d’archives consultée (et non d’archives existantes), et c’est pourquoi ce document est loin d’être terminé. Il est au contraire ouvert à tout ajout : il doit constituer l’amorce de la recherche de l’histoire des associations étudiantes dans chaque ville universitaire
AIX-EN-PROVENCE[2] Dans le rapport publié au cours du Congrès de l’UNEF de 1946 sur la situation des restaurants universitaires des AGE à la sortie de la guerre (Congrès de Grenoble), l’AG d’Aix précise la situation de son restaurant Universitaire :« Les repas sont à 28 frs, sans le vin ni le pain. Le pain est à 6 frs. Il est servi 225 repas par jour en moyenne. La qualité est très mauvaise. Nous avons une subvention de 1/12 des frais généraux. Pour le restaurant, nous avons une subvention minima de 2 frs par repas. Elle va être supprimée (Subvention accordée par l’Entraide Française). Les locaux de l’AG sont insuffisants. Le Directeur du restaurant est membre du Conseil d’Administration. Nous sommes administrateurs de divers groupements de la ville. Nous avons des appuits auprès de l’Intendant Américain à Marseille. Le matin et le soir nous organisons des déjeûners ou goûters avec café au lait, chocolat au lait, beurre, confiture, ou fromage. »
AMIENS[3] Dans les années 60, l’AGEA gère un foyer qui peut s’apparenter à un bar, qui sert des repas aux étudiants le week-end. Il est dit, dans un courrier de l’AGEA à l’UNEF en 1962, « (…) loué par le Pr Bensilum depuis plusieurs années à titre symbolique, en attendant que notre rêve d’aller rue d’Alger se réalise. »
BESANCON[4] L’Association Générale des Etudiants de Besançon s’est créée en 1888. Son siège s’est situé au 73, rue Vieil Picard, où elle disposait d’un bar dit de « l’AGEB » qui sera récupéré par le CROUS (environ 1968).
BORDEAUX[5] L’AGEB a créé le BEC, sa section sportive domiciliée à l’AGE. Rolf WERL qui a bien connu l’ABEB au moment de la seconde guerre mondiale raconte qu’au rez-de -chaussée se trouvait le bar-restaurant, et juste au dessus, le Bureau du Président. Lorsqu’on accueillait une personnalité à l’AGE, il était alors coutume de lui offrir à boire du champagne dans un pot de chambre ![6]
Le Congrès de l’UNEF de 1946 nous donne des précisions sur le restaurant de l’AG, situé au rez-de-chaussée des locaux « Les repas sont à 22 frs. Il est servi 400 repas par jour. La qualité en est moyenne. Le local dépend de l’AG ; il a été entièrement monté par les étudiants. Il date de 1941. Nous avons un cuisinier payé. Le service est fait par les étudiants. »
CAEN Le Congrès de 1946 dans son enquête sur les restaurants universitaires[7] nous indique : « Les repas sont à 30 frs à midi et à 20 frs le soir. Il est servi environ 300 repas par jour. La qualité en est moyenne. Le local dépend de la Cité Universitaire. Nous n’avons aucune subvention. Le retaurant a été monté par les Etudiants. Il est dirigé par un gérant, membre du Conseil d’Administration. Le service est fait par les étudiants. Le restaurant a, en outre, la charge de payer le jardinier. »
CLERMONT-FERRAND[8] Elle dispose d’un local dans la Maison des Etudiants au 64, Avenue d’Italie, ainsi que d’un foyer (Directeur en 1960 : Robert PEJOUX) dans la même maison, ouvert le 5 Novembre 1955. En 1961 se construit la résidence Universitaire du « Clos St Jacques », dans laquelle, l’AGEC disposera de locaux pour y installer une coopérative.
Dans un rapport d’activités de l’AGEC[9], on peut trouver un chapitre « Les services matériels de l’AGEC » : « – Le foyer de l’AGEC, 64, Avenue d’Italie, à Clermont-Ferrand, offre aux étudiants une salle agréable pourvue d’un poste de télévision. Les Etudiants peuvent y consommer à un prix avantageux des boissons non alcoolisées. Une nouvelle salle est en voie d’aménagement, grâce aux crédits de la municipalité. Elle servira de salle de ping-pong, de réunion et de musique. L’achat d’un certain matériel est encore nécessaire.
-La coopérative, service créé par l’AGEC et encore subventionné par elle. Elle comprend un service de vente (fournitures scolaires, appareils électriques, etc…) et un service de production (édition de polycopiés de cours principalement). La coopérative emploie suivant ses besoins la secrétaire de l’AGEC. »
DIJON[10] En 1962 se crée une coopérative au « Pavillon Rude N°15 de la Résidence Universitaire Montbuzard ».
GRENOBLE[11] Pendant la Seconde guerre mondiale, elle crée son restaurant universitaire dans ses locaux du 16, rue de la Poste. A l’époque, c’est le seul sur Grenoble, et il est agréé par le CROUS. Elle gère aussi un bar/snack et une coopérative-imprimerie depuis 1954 à la même adresse, Et a créé le GUC (Grenoble Université Club) qui est aujourd’hui très actif et puissant.
Le Congrès de 1946, à Grenoble, nous en dit plus :« A Grenoble, il y a trois restaurants universitaires.
1 • L’un géré par les Etudiants, avec un gérant, et un Directeur général, spécifiquement Universitaire. Le Gérant s’occupe du ravitaillement et de la marche du restaurant. Nous avons là une subvention de 2 frs par repas. Actuellement 350 repas par jour sont servis. La qualité en est excellente. Le local est minable. Il appartient à l’AG. La salle est trop petite pour le nombre de repas servis : on est obligé de faire deux services.
2 • Le « Carrefour des Jeunes »
3 • Le restaurant « Ozanam », entreprise privée dépendant du cercle catholique.
En deuxième lieu, nous avons un projet réalisé et actuellement terminé. Il fonctionnera l’année prochaine. Ce sera un restaurant de 1000 couverts avec la même origine que les « RESCO » de l’Entraide Française.
Le « Carrefour des Jeunes » était une entreprise privée avec laquelle nous avions passé un contrat, afin que les Etudiants qui ne pouvaient pas venir dans notre restaurant puissent venir y manger avec des gens salariés. Ils se sont trouvés avec un déficit. Ils font des chambres pour Etudiants, Employés, et Ouvriers. Devant ce déficit, l’AG leur a dit : « Nous prenons l’affaire en mains ». Ce sera en quelque sorte une Maison Universitaire puisque les Etudiants logeront et mangeront dans ce Carrefour. Nous sommes en majorité dans le Conseil d’Administration. L’Entraide Française nous aide matériellement, ainsi que les représentants de la ville.
D’autre part, et c’est une question importante qui déborde le cadre des restaurants, la grosse difficulté pour les AG, c’est la continuité de leur travail. Aujourd’hui vous avez un Bureau élu, l’année prochaine il sera complètement différent. Les gens qui arriveront n’auront pas fait partie du Bureau précédent. Cela arrive fréquemment. Une entreprise qui sert 1000 repas par jour, un hôtel, cela demande une continuité.
Nous avons obtenu ceci : un professeur payé par le Ministère de l’Education Nationale se chargera de toutes ces questions de secrétariat et d’administration, mais non pas de la gestion. Il est responsable de l’Association des Etudiants. C’est un professeur qui a fait ses preuves, il se donnera entièrement à sa tâche. Ce projet sera appliqué dès novembre prochain.
Au point de vue repas, nous allons avoir plus de facilités. Le Gérant s’engage à servir 1000 repas par jour actuellement, au tarif de 20 frs, et moyennant cela, il donne à manger à ces 1000 étudiants. Personnellement, nous ne nous occupons de rien.
Il faut assurer la continuité et trouver une solution. A Grenoble, nous devons avoir un classement parfait de toutes les archives de l’AG, de façon à ce que le type qui arrive puisse se retrouver.
Les subventions sont de 30 frs par chambre et par mois, et de 2 frs pour les droits. Ces subventions sont données par l’Etat. Il est entendu qu’à la suite des nouveaux décrets qui débloquent des quantités intéressantes de nourriture pour restaurants, on est venu nous demander (un délégué du Ministère du Ravitaillement) de vérifier nous-mêmes, pour ces trois restaurants, si ces suppléments sont bien donnés, et le titre de « restaurant universitaire » sera supprimé aux restaurants autres que celui de l’AG qui ne serviraient pas tous ces suppléments.(…) »
LILLE[12] En 1946, au Congrès de l’UNEF, on peut lire à propos de l’AGEL : « Nous (les étudiants en général)avons trois restaurants et deux Cités. Au restaurant de l’AG, les repas sont à 17 frs sans viande, et 22 frs avec viande, sans le vin ni le pain. La qualité en est moyenne. Il est servi 600 repas par jour. Nous touchons une subvention de 2 frs par repas, versée par le rectorat et une subvention de l’Entraide Française d’environ 2000 frs par mois. Nous avons un gérant que nous payons au mois et qui reçoit en plus, un pourcentage sur les boissons. Il se fait environ 10.000 frs par mois. Nous avons le contrôle du restaurant et en sommes responsables. Le personnel est composé de 15 ou 16 employés et ouvriers. »
En 1947, Le Ministre de l’Education Nationale, visitant le Restaurant de l’AGEL, se rend compte de sa petitesse et de l’affluence énorme (on sert alors près de 3000 repas/jour aux plus grandes affluences pour à l’origine 200 places assises !) et entreprend aussitôt de doter Lille d’un autre restaurant. La Municipalité de Lille offre un terrain situé à l’autre bout de la rue de Valmy. On pose la première pierre Place Gentil-Muiron, mais finalement, c’est rue Charles Debierre, à proximité, 10 ans plus tard, que verra s’élever le nouveau bâtiment. L’AGEL avait alors économisé quinze millions de francs, mais qui ne correspondaient qu’à un dixième de la somme nécessaire à la réalisation du projet. Des promesses de subventions furent faites par les collectivités, mais sans suite. Le CROUS de l’époque avait voté à l’unanimité la gestion du nouveau restaurant à l’AGEL, mais il en fut autrement au CNOUS, plus favorable à une gestion directe. C’est pourquoi, le nouveau restaurant fut géré par le CROUS, l’AGEL gardant celui de la rue de Valmy et l’agrandissant (1961), mais cette dernière possèdera toutefois des locaux au sein de la nouvelle maison ; elle pourra même y installer une deuxième coopérative (l’U2) et son secrétariat permanent.
LYON[13] Au Congrès de Grenoble de 46, un représentant de l’AGEL dresse un état des lieux du restaurant lyonnais : « J’indique que les étudiants étaient incapables de gérer un restaurant. Il était géré par une gérante libre, et nous contrôlions ses comptes. Ce restaurant servait 50 repas par jour. Il est loin des facultés, c’est ce qui explique son peu de succès. Nous avons pris ce restaurant. Nous avons un seul chef-cuisinier qui a 9 employés sous ses ordres. De 50 repas, nous sommes arrivés à 1000 repas par jour. Nous avons emprunté du matériel. Les repas sont à 22 frs à midi et 20 frs le soir. Nous avons 4000 frs en caisse d’avance. La situation est florissante. Nous avons beaucoup de marchandises. Nous distribuons du sucre, alors que les autres n’ont plus de sucre en stock. Nous avons une subvention de 1 fr par repas. Cinq étudiants s’occupent du service des repas et la Commission des repas s’occupe du déblocage et sortie des marchandises. »
MARSEILLE[14] Le Congrès de 1946 de l’UNEF donne de vagues informations « Les repas sont à 27 frs. Nous recevons 7 frs par repas de l’Entraide Française. Il est servi 700 repas par jour, la qualité en est moyenne. Un gérant s’en occupe. »
Aujourd’hui, la FIDEM (qui remplace l’AGEM depuis 1993 suite à la liquidation judiciaire de celle-ci) gère encore le 5, rue de la Croix d’or. Au 3, s’est installé un restaurant à la place du « Chahut Bahut » géré par l’AGEM jusqu’en 1985. On trouve au 5, une salle voûtée au sous-sol, qui sert de salle dansante pour les étudiants (« le Cercle des étudiants »). Les locaux du rez-de-chaussée servent de bar (« le poux qui pleure »), de vestiaire et de toilettes lors des soirées. On y trouve aussi la « salle d’honneur » avec sa glace et son lustre, classés monuments historiques ; et les locaux de l’ex-service social. Le premier étage est dévolu aux étudiants et aux services administratifs, et le deuxième (grenier) est le dépôt des archives mais n’est pas habitable.
N.B. : depuis cet automne, la FIDEM connait quelques difficultés. Elle a déposé son bilan et suit une procédure de redressement judiciaire.
NANCY[15] L’AGEN dispose d’une coopérative et d’un restaurant Universitaire qui fermera, lui aussi ses portes vers 1985.
Le Congrès de 1946 nous en apprend un peu plus sur le restaurant : « Les repas sont à 26 frs, boisson comprise (bière). Il est servi 960 repas. La qualité en est moyenne. Le local est loué à la ville. Il a été monté par l’AG en 1916. Le Recteur en a pris la Direction. Actuellement, nous touchons une subvention de 1 fr par repas qui vient des fonds du Rectorat. Le personnel est un personnel civil. »
POITIERS[16] Le Rectorat aménage dans les locaux de l’AG un restaurant dont les étudiants n’ont pas entière disposition : la gestion dépend d’un comité présidé par le Recteur où l’AG n’a qu’un seul représentant (Congrès de 1946).
En 1962, elle déménage au 15, rue de Blossac, dans la Maison des Facultés, où elle gère avec la municipalité et l’Université, d’après un compte rendu d’une visite du Bureau de l’UNEF[17] « un foyer (dans la cave), une salle télé, des labos photo, une salle polyvalente, une coopérative, une salle de travail, 8 pièces pour l’AGE, une bibliothèque, et une salle par Corpo » ; bien qu’en fait, elle soit seule maîtresse de la gestion. On y précise aussi que « dans tous les locaux le plus grand désordre est de règle »
RENNES[18] Le rapport sur les restaurants du Congrès de Grenoble nous fournit de plus amples renseignements « Les repas sont à 22 frs. Il est servi 1100 repas par jour. La qualité en est très bonne. Nous touchons une subvention de 3 frs. Le local est celui de l’AG. Nous avons reçu une subvention de 800.000 frs du Comité des Oeuvres Sociales de l’Enseignement Supérieur. Nous avons en outre 200.000 frs de l’Entraide Française qui se charge de donner des bons gratuits aux étudiants nécessiteux. On vient de donner au restaurant des conserves de légumes. Il faut prévoir une subvention indirecte de l’AG, donnée sous forme d’argent aux étudiants nécessiteux. La Direction de ce restaurant universitaire est laissée à un Comité de Gestion qui comprend, comme président le Recteur, les doyens des facultés, le Directeur de l’Entraide Française, les délégués de la Préfecture, de la Mairie, quatre Etudiants, le Gérant du restaurant qui est un ancien instituteur payé par l’Université. Il y a 17 employés qui touchent le salaire normal des employés de la même catégorie. Il y a actuellement en plus 11 étudiants qui aident le personnel au moment des repas et qui ont leurs repas gratuits.
A titre documentaire, le restaurant a fait comme bénéfice en 2 mois, novembre et décembre, 186.000 frs. Actuellement, il y a un déficit, étant donné l’augmentation (du coût) de la vie. »
L’AGER semble donc avoir participé à la gestion d’un restaurant après guerre, dans ses locaux. S’agit-il d’un restaurant plus ancien qui était propre à l’AG, ou une création du rectorat dans les locaux de l’AG ?
TOULOUSE[19] L’Association Générale des Etudiants de Toulouse (AGET) est fondée en 1886 ; elle est reconnue d’utilité publique le 2 Juillet 1931. Son siège se situe dès avant la seconde guerre au 15, rue des Lois. Son journal est le Toulouse-Université (dans lequel on trouve en 1961, le code de la faluche et de l’ordre de la tétine sublime), et sa section sportive le TUC. L’AGET gère encore en 1962 un Restaurant Universitaire où l’on mangeait servi à table de quatre, rue de l’esquille[20] (perpendiculaire à la rue des Lois), et inaugure le 19 Février 1962 sa coopérative (de matériel scolaire, électroménager et sportif) au 32 bis, rue des Lois (en face de l’AG). Elle dispose également d’un service polycopie avec les cours des professeurs de l’Université.
TOURS[21] Le Congrès de Grenoble (1946) raconte: « Les repas sont à 32 frs. Nous avons une subvention de 2 frs par repas versée par le Recteur, et depuis la rentrée, elle est de 1 fr versée par l’Etat, par l’intermédiaire de la Préfecture. Nous avons touché 10.000 frs cette année. La qualité des repas est très bonne. Le local est le foyer de l’AG. L’AG a été fondée en 1929. Le personnel du restaurant est composé d’une gérante qui s’occupe de la cuisine, et nous avons un délégué au restaurant, membre du Bureau de l’AG. »
L’AGET aurait-elle géré un restaurant dans ses locaux ? Cela reste à montrer par des recherches sur place.
CONCLUSION
Après ce premier travail d’inventaire au travers de quelques sources, il apparaît nettement que chaque association générale d’étudiants, dans chaque grande ville uniiversitaire, disposait dès le début de son fonctionnement, c’est à dire au début du siècle (sauf pour Strasbourg en 1923), de locaux en général vastes et fonctionnels. Ceux-ci sont souvent le fait des Universités ou municipalités qui les accordaient souvent sans loyer (mais aussi et donc sans subventions) aux étudiants. Il faut dire que les AGE ne sont pas toutes nées spontanément dans l’esprit des étudiants quii n’auraient eu, à l’époque, comme passe-temps que de s’occuper des problèmes matériels de leurs camarades. D’un autre côté, la séparation de l’Etat et de l’Eglise en 1905 a-t-elle joué et peut-être faut-il voir dans les AGE laïques et apolitiques, les associations étudiantes confessionnelles du XIXè siècle. Il ne faut pas oublier qu’au début du siècle, il n’y a guère plus de vingt-cinq mille étudiants qui sont en général loin d’être dans le besoin.
Les AGE sont sans doute donc parties d’un capital immobilier et de reconnaissances administratives, ainsi que de subventions de personnalités bien intentionnées (industriels, …) pour accroître au fil des ans leurs sphères d’influence et de services aux étudiants. C’est ainsi qu’on pense à se réunir en un endroit pour se nourrir à moindre coût, et que l’on crée le Restaurant Universitaire. Que l’on soit malade et pas très riche et l’on peut avoir l’idée de créer une Caisse de Maladie. Que l’on ait envie de faire du sport entre étudiants et l’on va instituer une section sportive dans l’Université…
Les services des AGE étaient multiples et couvraient tous les domaines de la vie de l’étudiant. Vers le début des années 50, à l’apogée des AGE, on peut compter au moins 8 Restaurants représentant environ 12.000 repas par jour (le Strasbourg Université du trentenaire de l’AFGES (2/1956) dit qu’il existe encore 5 restaurants d’AGE en 1956 en France, en plus de la Gallia), 6 Cafétérias, 10 coopératives, 6 sections sportives, 2 boîtes de nuit et un centre de vacances ! En 1938, nous dit le Congrès de l’UNEF, 1 franc de subvention est versé aux Restaurants Universitaires des AGE (« voté par le Parlement chaque année »). Et nous pourrions encore parler du Sanatorium de St Hilaire du Touvet qui a été « inventé » et défendu avec acharnement par les étudiants et l’UNEF dans son ensemble, et qui maintenant, dépend de la Fondation Santé des Etudiants de France (et de la MNEF)
Les aléas de l’histoire ont voulu,que ce ne soient plus aujourd’hui les étudiants qui gèrent tous ces services ; soit parce qu’ils s’en sont déchargés au profit de l’Etat ou d’organismes privés (CROUS, Mutuelles étudiantes (MNEF en premier puis les autres), OTU, Services de Médecine Préventive, ONISEP,…) ; soit parce que des événements dans le monde estudiantin ont biaisé la manière de voir des dirigeants associatifs, qui au lieu de s’intéresser aux problèmes matériels des étudiants, se sont plus penchés vers les aspects « moraux » de la « défense des étudiants » (Guerre d’Algérie, Mai 68,…), et ont donc oublié de gérer. Combien de restaurants, de maisons, de coopératives étudiantes ont disparu au cours de ces troubles ? Tous, sauf de rares exceptions.
Olivier Raeis,
Cahiers du Germe, spécial 3, « Les engagements étudiants », 1998
[2]BDIC 4° DELTA 1151/6/1
[3]BDIC 4° DELTA 1151/6/1
[4]BDIC 4° Delta 1151/6/2
[5]BDIC 4° Delta 1151/6/2
[6]Entretien avec Rolf Werl, Secrétaire général de l’AFGES (1928-1939) puis Président de l’AG des étudiants rapatriés de Bordeaux (1939-1942)
[7]BDIC 4° delta 1151/1 1929-1946
[8]BDIC 4° Delta 1151/6/3
[9]Clermont-Université 1961 BDIC 4° Delta 1151/6/3 et 4
[10]BDIC 4° Delta 1151/6/4
[11]BDIC 4° Delta 1151/6/5
[12]BDIC 4° Delta 1151/6/6
[13]BDIC 4° Delta 1151/6/7
[14]BDIC 4° Delta 1151/6/8
[15]BDIC 4° Delta 1151/6/10
[16]BDIC 4° delta 1151/6/14
[17]Compte rendu de la visite du bureau de l’UNEF à l’AGE de Poitiers BDIC 4° Delta 1151/6/11
[18]BDIC 4° Delta 1151/6/12
[19]BDIC 4° Delta 1151/6/14
[20]Toulouse Université BDIC 4° Delta 1151/6/14
[21]BDIC 4° Delta 1151/6/14