Publié dans Les cahiers du Germe n° 1, mars 1996.
« Le problème reste entier de savoir comment un milieu destiné à n’être que le reflet de son passé a pu réaliser ce paradoxe de s’exprimer quelques quarante ans plus tard sur le mode d’une organisation syndicale »[1].
UN CONSTAT
L’UNEF est peu ou prou déconsidérée de par son attitude pendant la guerre, en tous cas auprès d’une grande partie de l’élite résistante active. Elle est d’ailleurs concurrencée par un certain nombre de groupes politiques et confessionnels qui sont auréolés, eux, du prestige de la résistance. Enfin, auprès des administrations. Il n’y a pas en tous cas unanimité pour redonner à l’UNEF sa place d’avant guerre, celle de seule représentante des étudiants, même s’il n’est pas envisagé de la dissoudre[2].
On peut, dès lors, s’interroger : pourquoi le nouveau projet d’organisation mis en oeuvre par cette génération de la résistance qui, on l’a vu, désire une réforme de l’enseignement, et a un projet de syndicalisme étudiant (même si le terme n’apparaît pas encore défini de manière claire) passe par le cadre ancien de l’UNEF? Et comment? Il ne suffit pas en effet que certains aient fait un choix. Puisqu’il y a diverses options ayant leurs partisans, comment l’une l’emporte sur les autres. Enfin, quelles sont les conséquences de ce choix, en tous cas ses effets immédiats?
plusieurs organisations en concurrence
Le Président de l’UNEF, dans son discours introductif au congrès de Dax à Pâques 1945 rappelle qu’à la Libération « L’Union Nationale était menacée de toutes parts »[3]. Il est vrai que « Des minorités actives attaquent l’UNEF ancienne, celle qui, durant l’occupation, par apolitisme, surtout soucieuse de négocier des avantages pour ses membres, s’est largement compromise avec Vichy » [4]. La communication de Stéphane Merceron amène certes à nuancer le propos, mais il est vrai qu’aux yeux de beaucoup l’UNEF a perdu de sa crédibilité. « Sa popularité auprès des étudiants est basse -seulement entre 15 et 20% y adhèrent »[5] (pas plus d’un quart en 1945/1946[6]) « En février 1945, Rostini revendique 30 000 adhérents et 25 AG, » mais le nombre réel semble plus faible[7]. J.F. Lefevre estime le nombre d’adhérents à 5000 à Paris et 20000 en province. La concurrence des organisations politiques et confessionnelles auréolées du prestige de la résistance est grande « Ces étudiants regardent de haut la vieille UNEF(…) la faluche du Président de l’UNEF mise à côté de la casquette de commandant de la Résistance est tout un symbole »[8]. L’UNEF « est obligée de composer avec les organisations étudiantes, politiques et confessionnelles, nése de la Résistance »[9]. Cela concerne les jeunesses communistes -qui deviennent union des jeunesses républicaines de France, héritant du prestige du « parti des fusillés » et les organisations confessionnelles protestantes et chrétiennes. « Les radicaux disparus, la droite éliminée et discréditée par l’épisode de Vichy, l’heure est plus qu’aux étudiants socialistes, à deux forces nouvelles auréolées de leurs martyrs : la JEC (…) et les étudiants communistes »[10]. Le FUJP[11], créé pendant la guerre -sans l’UNEF- a six membres à l’assemblée consultative. A la Libération, les étudiants FUJP constituent l’UEP (union des étudiants patriotes) qui passe un protocole d’accord avec l’UNEF [12]. Mais la JEC et la FFEC quittent l’UEP. Finalement le FUJP fusionne avec le Conseil Privé des Mouvements de Jeunesse (regroupement des associations qui ont survécu sous Vichy, mais qui ont résisté au corporatisme) pour former le 27 septembre 1944 l’Union patriotique des organisations de jeunesse (UPOJ) [13]. Un peu plus tard est créée l’Union patriotique des organisations étudiantes (UPOE) qui ne recouvre pas tout à fait les mêmes composantes. Les jeunesses socialistes s’en retirent[14], mais l’UNEF en est membre.
Enfin, nous avons la Fédération française des étudiants catholiques, tentant de jouer le rôle d’une CFTC étudiante. En 1947/1948 « la JEC s’oppose de nouveau à la FFEC et à certains groupes catholiques tels le centre Richelieu qui veulent constituer en dehors de l’UNEF des syndicats « chrétiens »[15]. Toutes ces organisations jouent évidemment un rôle politique ou confessionnel, mais de plus « ces mouvements peuvent aussi se revendiquer d’actions sur le plan corporatif » et sont parfois « violemment hostiles à l’UN » qui prétend « après une libération à laquelle elle n’a en rien participé reconquérir une prépondérance »[16]. Il y a des raisons de fond, des désaccords avec les AG, avec l’UN. Mais souvent la raison est toute simple : parfois il y a des AG qui ne fonctionnent pas, et donc c’est « le premier arrivé » qui essaye de faire quelque chose. Enfin il faudrait prendre en compte une autre dimension, c’est l’aspect culturel. Le « folklore » de l’UNEF est quelque chose qui heurte les courants chrétiens. C’est une hypothèse qui semble confirmée : au congrès de Dax. Miguet, de Lyon, souligne que beaucoup d’étudiants en médecine « méprisent l’AG, en raison de son passé, considérant que l’AG n’est qu’un b… » .Il poursuit plus loin : « des étudiants protestants, catholiques, ont émis des réserves vis-à-vis des AG parce que l’élément « atmosphère », c’est-à-dire l’élément avec la rigolade, les beuveries, les a choqués »[17]. Cet aspect est important, entre les traditions de « bambocheurs », dont Paul Bouchet parle à l’époque, et une tradition un peu plus « morale »[18]. « Avant guerre, il suffisait de savoir organiser une surprise-party, diriger un chahut, monter un canular pour être un « cadre »[19].
Une reconnaissance difficile par l’administration
Du côté des autorités administratives on n’envisage pas de redonner à l’UNEF sa place d’avant-guerre. « L’UEP et la FFEC jouissaient d’appuis officiels plus forts que l’UNEF, ils voulurent en profiter pour éliminer l’UNEF »[20]. Bien que des militants de l’UNEF soient à l’origine en partie du contenu du projet Langevin Wallon comme l’a rappelé Stéphane Merceron la commission n’envisage pas de consulter l’UNEF [21]. Rosier, représentant du Ministère à Dax indique en plein congrès : « Il existe au Ministère une commission officielle chargée de la réforme de l’enseignement. il faut que vous vous dépéchiez elle a presque terminé ses travaux (…). Il faut que vous obteniez votre présence à la Commission Langevin, c’est très important »[22].
Le Décret Capitant du 16 mai 1945 instaure ce qui était demandé par l’UNEF de longue date : une représentation étudiante au sein des conseils. Mais il ne s’agit pas de « donner une position importante à l’UNEF »[23]. Le problème, c’est que l’UNEF est dans une situation de faiblesse, de concurrence à ce moment-là. Ce décret favorise ainsi la compétition. Ce n’est pas l’UNEF qui va représenter les étudiants, ce sont des étudiants élus, c’est le suffrage universel qui va élire et qui va trancher entre plusieurs courants. « Elle (l’UNEF) se savait trop faible pour obtenir l’exclusivité de la représentation et accepta le principe de délégués élus par tous »[24]. A Paris notamment, où l’UNEF est très faible, elle ne gagne pas systématiquement les élections. « Les délégués étudiants ainsi élus font double emploi avec les représentants des AG que les recteurs avaient pris l’habitude de consulter »[25]. Pierre Trouvat peut ainsi écrire que ce décret est certes « novateur dans son esprit » mais « désastreux dans ses formules »(…). « La faiblesse de l’UN à l’époque n’a pas permis d’obtenir que ces élections se fassent sur la base syndicale ». Cela a des conséquences graves : « au moment même où l’unité des étudiants est enfin esquissée au sein d’un vaste mouvement syndical, subsiste la possibilité d’une dualité de représentation »[26].
LE CHOIX DE L’UNEF
Une fois le constat fait, pourquoi le choix de l’UNEF ? Il faut rappeler le contexte : le tripartisme, l’union nationale, l’ambiance de la Libération. Le premier projet de Constitution est adopté par l’assemblée constituante avant le congrès de Grenoble. L’Organisation des nations unies a adopté sa charte fondatrice. Jean Yves Sabot le développe. C’est également le moment où l’Internationale étudiante se réforme, se reconstruit. Nous sommes entre une première conférence, qui a lieu en novembre 1945 à Londres et à Prague, et le premier congrès de l’Union internationale des étudiants qui va se dérouler à Prague à l’automne 1946. C’est « l’année de l’unité internationale étudiante »[27]. Pour préparer ce congrès, il y a un Comité de préparation internationale, dans lequel l’UNEF est présente, mais elle n’est pas seule à représenter les étudiants de France. Au CPI siège également l’UJRF « en raison du discrédit de l’UNEF ». Il faut attendre avril 1946 pour « obtenir l’élimination de principe du délégué UJRF » et voir imposé « l’élément union nationale, c’est-à-dire l’élément syndical, comme base de l’UIE »[28].
pour la génération résistante, un choix qui n’est pas évident
Le choix de l’UNEF n’était pas évident.« Le problème était pour les étudiants résistants du choix pour donner corps à leur projet entre continuer à agir par l’intermédiaire de l’UPOE, dans la tradition du combat ou rénover la vieille UNEF »[29]. Les lyonnais avec Miguet rentrent au congrès de 1945 à Dax avec un projet de dépassement de l’UNEF. On se demande d’ailleurs pourquoi ils participent au congrès. Ils viennent pour dire qu’il faut dépasser tout ça par des bureaux élus par tous les étudiants. Mais, visiblement, ils ressortent convaincus qu’il y a malgré tout quelque chose à faire avec ce vieil outil. Entre le début du congrès de Dax et la fin, il y a quelque chose qui se passe chez les nouveaux, issus de la Résistance, qui viennent du dehors et veulent que ça change. Face au choix, transformer l’UNEF de l’intérieur ou la remplacer, « les dirigeants étudiants extérieurs à l’UNEF prirent le premier parti »[30]. Vers la fin du congrès, Miguet dit que ses paroles ont dépassé sa pensée : « Je crois que si au début, nous avons fait une politique violente d’opposition justifiée par le passé, du moins nous le croyons, je crois que pour l’avenir nous sommes d’accord »[31].
parlementarisme et UPOE ne sont pas satisfaisants
L’UPOE, dans laquelle est l’UNEF, fonctionne à la règle de l’unanimité, se réunit théoriquement tous les deux mois, n’a pas de statuts, mais une déclaration. L’UPOE est paralysée. Dès 1945, Coustels, de Montpellier estime que « l’UPOE, réalisation intéressante au point de vue social sur le plan régional, à Paris en particulier, est insuffisante sur le plan national (…) n’apportant rien de constructif au point de vue fondamental »[32]. Mais surtout, l’UPOE est « un assemblage hétéroclite de mouvements confessionnels et politiques (…), structure boîteuse (…) tampon entre les pouvoirs publics et des mouvements étudiants trop nombreux et souvent divisés »[33]. Au plan politique, en 1946, l’union nationale et le tripartisme connaissent leurs premières difficultés. Les tiraillements entre partis politiques continuent. L’ambiance fraternelle de la Libération commence à être mise à mal. Pour des jeunes issus de la Résistance, le rejet de la Troisième République, des partis politiques qui ont amené à 1940 et à Vichy est fort. Il faut quelque chose de nouveau. Ainsi, pour Paul Bouchet, le syndicalisme se différencie du parlementarisme. « A Lyon on avait ce côté anti-parlementaire. On était plus conventionnels que parlement de la 3° République »[34]. L’UPOE groupait les étudiants à travers leur adhésion à un parti ou à une organisation, alors que le mouvement syndical « les réunit en fonction de leur seule qualité d’étudiant »[35]. Pierre Trouvat ne dit pas autre chose, opposant l’UPOE qui regroupe des organisations, branches étudiantes de partis ayant une indépendance relative, à l’AG « cellule de base de l’UN qui considère l’étudiant en tant que tel (…) organisation du milieu par lui-même qui constitue la définition même du mouvement syndical »[36] On a quelque chose qui ressemble au projet syndicaliste révolutionnaire, c’est-à-dire le syndicat comme base de l’organisation collective large, professionnelle.
de l’intérieur de l’UNEF une volonté de rénovation
Quant à ceux qui sont déjà dans l’UNEF, qui sont aussi résistants, ils ont réussi à « sauver la boutique ». Le problème c’est que maintenant qu’est passée l’épreuve de la guerre en sauvant les meubles, faut-il encore se réinstaller. La grande préoccupation de Villedieu comme d’autres, c’est : il faut reprendre la place d’avant-guerre. « Nous pensions que la libération de Paris nous donnerait l’occasion de reprendre la place qui avait été celle de l’UN avant guerre, nous nous sommes heurtés à ce moment là à d’assez grosses difficultés (…); deux résultats positifs ont été atteints : l’UN a repris sa place »[37]. Mais pour toute une série de personnes, reprendre la place d’avant-guerre comme représentant unique ne pouvait plus être réalisé selon le mode ancien. Il y a quelque chose qui a changé.
En novembre 1944 un congrès extraordinaire a lieu à Paris, en présence du Ministre Capitant. Une commission d’épuration est mise sur pied, dont Rostini est membre. Ce dernier, résistant mais déjà membre de l’UNEF (il est de l’AG d’Aix dès 1943, est élu au bureau en 1944) « estime que l’UNEF doit devenir plus revendicatrice pour tenir compte des transformations »[38]. Toutefois l’objectif demeure. Dès mars 1945, dans une circulaire il annonce : « nous avons pensé que l’heure est venue que le mouvement reprenne sa place d’avant guerre (…et) avons pris contact avec les pouvoirs publics en manifestant notre volonté de travailler en coopération avec eux à la renaissance nationale »[39].
Ces deux « groupes », sont symbolisés -à mon avis- ici par Paul Bouchet et Rostini : ceux qui viennent de l’extérieur, qui arrivent et qui rajeunissent les AG, et ceux qui sont déjà dans « l’appareil ». La Charte « c’est autre chose que des phrases. Ca a regroupé des gens qui au début étaient éclatés »[40]. Tout cela se rencontre et converge. Enfin, il y a la question sociale, dont Didier Fischer nous a parlé. A la différence des mouvements politiques et confessionnels, l’U.N. comme les A.G. ont l’expérience des aspects « corporatifs ». Ainsi, Françoise Darjon peut décrire la situation à Montpellier qui « réalise une bonne formule concernant nos rapports avec les autres mouvements étudiants… Le travail corporatif et social reste totalement confié à l’AG »[41].
A LA CONQUETE DE L’UNION NATIONALE
à la base
A la base considérons les A.G. de Lyon et Toulouse[42] (dont Trouvat, Président en 1946, provient). Dans les deux cas « simultanément dans les mêmes formes (…) sans qu’à aucun moment les dirigeants se soient concertés ou aient même connaissance de leurs efforts »[43] se forment des Comités d’action étudiants. On réunit les forces politiques, confessionnelles autour et avec l’AG pour discuter, d’abord à égalité. Il est certain qu’à Lyon (dont le Président a été « épuré » et où l’AG avait été mise sous séquestre), ou à Toulouse, l’UNEF agissant avec les organisations issues de la Résistance, cela permet de ‘ »passer l’éponge » sur une série d’histoires. « L’acceptation donnée par les autres mouvements apparaît comme une garantie de l’indépendance de l’AG »[44]. Ensuite, une fois que « l’AG est assez forte le CA tombe en désuétude »[45], d’autant plus -phénomène important au niveau local comme au niveau national- qu’à peu près toutes les organisations politiques et confessionnelles (sauf la FFEC qui ne s’y décidera qu’en 1950) délèguent à l’UNEF et aux AG l’aspect corporatif et social. Paralèllement, dans ces AG, des réunions, des commissions sont mises en place (notamment la commission d’études syndicales à Lyon).
Deuxième aspect, ce sont les services : l’amélioration des conditions matérielles. Ce qui permet d’ailleurs de « faire des cartes ». Après l’échec du congrès de Dax, « Les minoritaires savent qu’ils gagneront des troupes en multipliant les réalisations matérielles »[46]. A Lyon, le nouveau Président, Paul Bouchet, « fait des cartes » avec les services. « Les lyonnais commencent par prendre en main le restaurant universitaire (…) la réquisition des maisons closes pour loger les étudiants »[47]. Cela se fait à Lyon, et c’est aussi tenté dans 3/4 des AG. A Paris, où l’UNEF est faible[48], les services échappent aux AGE. Toutefois, la Fédération générale des étudiants en lettres, avec à sa tête Lustiger développe des groupes d’études dans cette optique syndicale, . L’affirmation que « Lyon, Paris-Lettres et Toulouse contrôlent l’organisation »[49] est sans doute exagéré, mais il est vrai que leur exemple, et leurs mandats, pèsent dans le congrès de Grenoble.
et au sommet
Un congrès extraordinaire a lieu à Paris en novembre 1944 après la Libération. Le Ministre Capitant y assiste et accepte de voir dans l’UNEF non pas la seule organisation représentative, mais « l’organisation la plus représentative »[50]. A Dax, à Pâques 1945, le congrès discute du bilan de l’activité sous l’occupation et de l’avenir. Villedieu se justifie : « nous devions durer, nous avons duré »[51]. Nous avons vu que les lyonnais, avec Miguet, y sont minoritaires. Rostini se présente à la présidence, contre Villedieu, mais est battu. Pourtant le congrès discute déjà syndicalisme, de la tactique à adopter vis-à-vis des autres organisations, de l’UPOE, des délégués Capitant. Ainsi « paradoxalement, les conservateurs, en sauvant l’UNEF ont permis au syndicalisme étudiant de s’épanouir : après le congrès de Dax, les lyonnais vont jouer à fond la carte UNEF » [52].
L’UNEF paralyse l’UPOE. Dès 1946 « l’UNEF ne réunit plus l’UPOE »[53]. Ce n’est pas très compliqué, avec la règle de l’unanimité, et puis le siège de l’UPOE est… rue Soufflot, à l’UNEF. Cette dernière prend certaines initiatives seule, sans prévenir les autres composantes. La grève de 1947 est lancée par l’UNEF sans prévenir l’UPOE (et la FFEC envoie une lettre à Trouvat pour s’en plaindre : « tu reconnaîtras que nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir, compte tenu du moment ultime où nous avons été informés »[54].
Cette position est renforcée (et s’explique aussi sans doute) par le fait que dans la JEC, la FFEC, l’UJRF, il y a des anciens de l’UNEF, il y a des partisans d’une orientation syndicale de l’UNEF[55]. « En fait, la grande masse des militants ont reconnu à l’UNEF cette tâche de représentation (…) fréquemment ce sont des militants très actifs de ces diverses associations qui ont à un moment donné de leur carrière contribué, personnellement, à l’animation des diverses instances de l’UNEF »[56]. Le meilleur exemple en est de Lescure, ancien de l’UNEF, organisateur de la manifestation du 11 novembre 1940 à l’Etoile. Il vient au congrès de Dax au nom de l’UJRF et annonce : « nous sommes pleinement d’accord pour que l’Union demeure, reste, devienne, plus encore qu’elle ne l’a été, la seule organisation véritablement représentative des intérêts des étudiants (…). Je voudrais (…) en tant qu’ancien de l’Union (…) vous demander de faire tous vos efforts pour que l’Union devienne vraiment cette grande organisation représentative des étudiants qu’elle doit être »[57].
A défaut d’avoir obtenu la modification du décret Capitant visant à ce que les représentants des étudiants soient « choisis au sein du comité ou du bureau des associations affiliées à l’UNEF »[58], il faut saboter, ou contourner, son application. Il y a plusieurs manières : le vider de son contenu, se présenter seuls quant l’AG en a les forces, ou en commun avec d’autres quant on sait qu’on risque d’être minoritaires. Et dans les ministères, Rostini « cherche par un travail obscur et obstiné à imposer l’UN aux pouvoirs publics ». Sa tactique vis-à-vis des autres mouvements : « noyer le poisson, réserver les problèmes essentiels jusqu’au jour où l’UN sera assez forte indépendamment de l’UPOE »[59]. Noyer le poisson dans les ministères, cela veut dire qu’aucune décision ne sorte sans l’aval de l’UNEF, donc en attendant d’être assez forts on essaie de bloquer. Et comme il y a plusieurs ministères… Il y a des bonnes relations avec l’éducation nationale, visiblement un peu moins bonnes aux Beaux Arts à un moment puisque le ministre est plutôt proche de la FFEC.
Au Conseil d’administration de janvier 1946, la commission d’études syndicales de Lyon est chargée de préparer un projet de statut étudiant. Villedieu est écarté de la Commission préparatoire internationale, et remplacé par Paul Bouchet. C’est au cours des réunions de la CPI que les délégués français, Bouchet, Rostini, Trouvat, auront l’occasion de discuter ensemble, de clarifier les positions[60].
Ainsi, le congrès de Grenoble se déroule dans une situation nouvelle : les AG ont vu le retour des prisonniers, des déportés, des résistants Elles se sont transformées.
Et en avril 1946, la charte passe même si « il y a un moment d’hésitation, de flottement »[61] . Elle est présentée par la commission d’études syndicales de Lyon « qui a fourni à cette occasion un travail remarquable »[62], discutée en commission puis en assemblée pleinière. « La délégation lyonnaise avait obtenu l’essentiel à ses yeux, l’abandon du dogme paralysant de l’apolitisme « presque toujours une équivoque, souvent une hypocrisie et une lâcheté, et parfois une trahison »[63]. Bouchet a un projet qu’il décrira dans Esprit[64]: « ceux qui ont connu les principes de l’action syndicale à l’université sentiront le besoin du même type d’action sur le plan professionnel » Mais cela ne semble pas constituer une adhésion consciente. « La plupart des AGE qui avaient voté la Charte de Grenoble et élu le nouveau bureau s’étaient plutôt laissés entrainer que convaincre »[65] . En tous cas elle est adoptée, même si « la plupart de ceux qui votèrent la charte de Grenoble n’en prévoyaient pas la portée future »[66]. Et pourtant…
LES EFFETS DU « TOURNANT SYNDICAL »
un nouveau répertoire d’action
La grève revendicative enrichit le repertoire étudiant. Elle est inscrite dans la charte (« grève d’abstention, grève d’occupation »). De même, on y charge la forme ancienne (« le monôme ») d’un contenu nouveau (puisque les monômes seront « spectaculaires, revendicateurs » et même « dévastateurs »). Première réalisation nationale[67] : en 1947 la grève contre la réduction du taux des bourses et l’augmentation des droits d’inscription est lancée, avec conférence de presse. Le 24 mai, les journaux en font leur une : « grève générale des étudiants » pour Libération, « Le quartier latin en émoi » pour Combat, « les compressions budgétaires menacent de provoquer une grève des étudiants » lit-on dans le Figaro . C’est la grève, ce n’est pas encore la manifestation, ni l’occupation mais cela viendra. Elle est décidée par l’UNEF, soutenue par la JEC qui est d’accord « si aucune négociation n’est en passe d’avoir abouti »[68]. Le bureau national de l’UJRF « approuve entièrement la position énergique de l’UNEF »[69]. La FFEC traîne d’autant plus les pieds qu’elle est persuadée que si « les droits seront sans doute inchangés, les bourses seront diminuées » et se prépare à proposer au Ministère « doublez les droits, mais ne touchez pas aux bourses ». Elle suit toutefois, même si elle juge « la grève inopportune » et regrette que l’initiative n’ait pas été commune à l’UPOE [70]. Le 28 mai Paris Presse et l’Epoque signalent que « le bureau de l’union s’est vu conférer tous pouvoirs pour prendre toutes les mesures, même extrêmes, afin de faire aboutir les justes revendications des étudiants ». Le Parisien Libéré indique le 1er juin « la grève générale des étudiants est maintenue le 6 juin ». C’est une réussite, les facultés sont à demi-désertes. Même s’il faut relativiser ce « succès »[71], il n’en reste pas moins que le gouvernement annule les mesures. C’est un grand évènement : « ce baptême du feu fonde une nouvelle légitimité syndicale »[72].
Et le rapport que fait Trouvat au congrès suivant, constitue une excellente démonstration de tactique de négociation syndicale. En novembre-décembre 1947, le SNESUP propose à l’UNEF une grève. Publiquement, l’UNEF affirme qu’en principe elle y est favorable mais « pas un seul instant je n’ai eu envie de faire la grève, car jamais personne ne l’aurait faite ».Mais le Ministère croit que l’UNEF le fera et convoque Lebert, du bureau national. « Donc notre habileté fut de négocier une attitude qu’en tout état de cause nous étions contraints d’adopter. Nous avons dit à Ciosi que nous ne répondions de rien s’ils ne nous donnaient pas satisfaction immédiate: 84 000 F pour les bourses de l’enseignement supérieur, 95 000 F pour les bourses du 4 août. Evidemment nous avons eu une réponse favorable »[73]. C’est un sens du repertoire syndical : alliant pressions et négociations. C’est l’époque en tous cas où l’on dit qu’une grève de l’UNEF qui n’est pas suivie à 90 %, c’est un échec. « Chacun s’accorde à saluer la naissance d’un nouveau groupe de pression et les partis du gouvernement commencent à courtiser l’union nationale, qui prend ainsi le relais de leurs organisations étudiantes »[74]
Sécurité sociale et pré-salaire revendiqués
La sécurité sociale étudiante est acquise contre une bonne partie de l’UNEF qui ne voulait pas être affiliée au régime général. Un délégué des Beaux-Arts explique que c’est « abandonner la direction des intérêts des étudiants aux masses ouvrières (…) nous refusons la fonctionnarisation des étudiants, l’assujétissement aux pouvoirs publics, aux syndicats ouvriers ou autres, à l’administration (…) vous êtes tous destinés à avoir des carrières libérales… je vous demande de bien réfléchir »[75]. La Sécurité sociale est acquise par les moyens les plus classiques du groupe de pression : il n’y a pas de grandes manifestations, ni de grèves pour l’obtenir. Trouvat expose au congrès de 1948 :« On a sorti 3 000 affiches et 50 000 tracts. Il y a eu des conférences de presse, les journaux en ont parlé ». Lebert se fait embaucher à l’assemblée nationale, comme sténo[76]. Il est sur place au moment où tout se joue[77]. La loi est votée le 23 septembre 1948.
Enfin, le salaire étudiant, ou allocation d’études, est adopté comme revendication. Au congrès de 1949 la commission n’a pas pu se tenir. La question est abordée l’avant dernier jour « avec quelques étudiants qui avaient réussi à tenir plus de 36 heures sans dormir » en présence de députés PCF (Garaudy) et MRP (Cayol)[78]. Le pré-salaire est adopté à la quasi unanimité en 1950. Mais « la législature est terminée, pas de pré-salaire »[79].
En tous cas, grève, manifestations de rue, action parlementaire, revendications en commun avec les syndicats ouvriers et universitaires « quel changement sur les timides démarches et voeux polis »[80]
UNE EVOLUTION FRAGILE MAIS IRREVERSIBLE
Pour conclure, cette évolution reste fragile. Tout le monde souligne l’apathie du milieu. Déjà, les délégués de 1946 revenus dans les AG « entendaient bien ne rien changer à leurs habitudes. La victoire des syndicaux restait bien fragile »[81]. En 1948 il est difficile, dans les AG, de « trouver dix étudiants acceptant de perdre une année entière pour l’UNEF »[82]. Il n’y a qu’une minorité active qui fait quelque chose. « Je puis affirmer que les belles phrases de la Charte de Grenoble(…) sont lettre morte à Clermont »[83]. Cette fragilité explique le tournant de 1950. La délégation lyonnaise au congrès d’Arcachon signale[84] que la Charte fut contestée par quelques délégués mais que le débat de fond sur le « malaise grave ainsi décelé n’a pas eu lieu » et qu’un certain nombre de délégations refusent d’adopter une « attitude logique et conséquente » quant aux moyens d’actions syndicaux. Ils critiquent également les méthodes d’action « trop purement parlementaires du bureau », l’insuffisante conscience de la nécessité de mouvements de masse. Ils regrettent surtout que les voeux d’apolitisme reviennent sans susciter de réactions. Toutefois, les lyonnais notent des « progrès encourageants » et des signes qui « montrent la possibilité de renforcer notre organisation nationale et d’en faire enfin un syndicat digne des buts qui lui sont fixés ».
En effet, ce « tournant » n’est pas un retour en arrière, à l’UNEF d’avant-guerre. Certes, la « génération de Grenoble » et de l’après-guerre quitte les bancs des universités et de l’U.N. dans le contexte du début de la guerre froide. Mais dans les débats ultérieurs, entre majos et minos -c’est là que le terme apparaît- il ne s’agit pas d’opposition entre partisans et adversaires d’une Charte dont il y a peu d’adversaires déclarés[85]. « A l’exception des nostalgiques d’extrême-droite, il n’y a pas de contre-mémoire à la « tabula rasa » de Grenoble »[86] (c’est sur d’autres sujets, notamment internationaux, que les clivages se manifesteront). La sécurité sociale est un acquis, même ceux qui s’opposaient à sa création, une fois aux postes de commande, doivent la défendre. Y compris en utilisant le repertoire syndical inauguré en 1946 : grève, manifestations. En 1951 c’est à l’appel d’un « bureau majo » que pour la première fois plusieurs milliers d’étudiants manifestent à l’appel de l’UNEF boulevard Saint Michel. Et en 1953 le président « majo » de l’UNEF, reçoit des coups de matraque sur la figure dans une manifestation. Même l’allocation d’études demeure revendiquée, même si c’est avec moins de vivacité mais il est vrai que le projet a été enterré à l’assemblée nationale… « Héritiers de l’UNEF d’avant-guerre, ils ont subi profondément l’influence des annés précédentes. Ils ont pris l’habitude de considérer l’UNEF comme un syndicat et leur apolitisme ne les empêche plus de déclencher une grève »[87].
Ainsi, le syndicalisme étudiant n’est pas le produit spontané d’un milieu étudiant « prolétarisé » prenant conscience d’intérêts collectifs. Il a fallu la rencontre entre des individus ou des groupes porteurs d’un projet (à vrai dire de pratiques et de projets voisins forgés au cours d’expériences sinon communes, du moins proches : l’épreuve de la guerre, de l’occupation et de la Résistance), un contexte social, politique tant national qu’international et une stratégie. La syndicalisation de l’UNEF est un « coup de force » (non pas au sens de « complot » mais d’innovation). Ceci explique que la « conscience syndicale » soit d’abord venue du sommet, d’équipes restreintes, d’où la fragilité de cette « conscience ». Mais les succès obtenus ont imposé pour la suite un cadre de référence syndical. Nous l’avons vu au plan national : L’UNEF se conforme à la tradition française d’adhésion volontaire aux syndicats, alors qu’on a des associations étudiantes comme en Grande Bretagne, en Suisse ou dans les pays nordiques où de fait l’adhésion est obligatoire avec un taux de syndicalisation de 90 à 100% (en concordance d’ailleurs avec les traditions syndicales nationales). Mais il y a également des effets au plan international[88]. Le modèle de l’UNEF syndicale -ce n’était pas la seule union nationale qui existait- va devenir une référence, positive ou négative[89]. « Syndicat unique de la classe étudiante »[90] l’existence d’une seule organisation « représentative » – la FFEC la reconnaît enfin en 1950[91], et l’Union des Grandes Ecoles, formée en 1947 y adhère en 1956 – va en retour forger une identité collective, intériorisée par les étudiants et reconnue par l’opinion et les institutions.
[1]Problèmes syndicaux, brochure JEC 1956, page 13
[2]L’UNEF est menacée de dissolution affirment certains auteurs (Schiffres 1963, Borella La Fournière 1956 , repris par Monchablon 1981). Cette assertion n’évoque rien à Rostini ni à Bouchet, on ne trouve pas de documents confirmant cette éventualité.
[3]Procès verbal du congrès de Dax, page 1
[4]Emile Copferman Problèmes de la jeunesse, Maspéro, page 106.
[5]Elizabeth Elgan, L’UNEF 1962-1968, maîtrise histoire Paris I 1982, page 39.
[6]J.F. Lefevre. L’UNEF depuis 1945 IEP 1958. Il y a 123000 étudiants en octobre 1946, après le retour des prisonniers
[7]Les sources du syndicalisme étudiant depuis 1945. Anonyme. UNEF 1962
[8]Borella La Fournière Le syndicalisme étudiant page 49.
[9]Elizabeth Elgan, page 39
[10]Alain Monchablon. Dictionnaire page 344 « étudiants et politique »
[11]Front uni des jeunesses patriotiques rassemblant le FJCF, Forces unies de la jeunesse, OCM jeunes, Jeunes chrétiens combattants (Joël Kotec, Paix et guerre parmi les jeunes et les étudiants thèse IEP 1993, page 141)
[12]Protocole en annexe, adopté au congrès, novembre 44.
[13]Jean Jousselin Une nouvelle jeunesse française Privat 1966, p 249.
[14] Jean Jacques Aymé jeunesses socialistes 1944-1948 Grenoble II Histoire 1980/1981. Au congrès de Pâques 1945, le retrait est voté par 117 voix contre 28 et 14 abstentions car « il est impossible de faire oeuvre utile au sein de l’UPOJ et de l’UPOE » (page 46) Ils s’efforcent d’avancer « des revendications pour la jeunesse laborieuse, pas pour les « fils de bourgeois ». Après une fraude au bac par achat des sujets, « les JS manifestent au quartier latin contre les jeunes feignants » (p 143)
[15]Robert Chapuis Les chrétiens et le socialisme, Calmann Levy 1976, page 54
[16]Pierre Trouvat, « l’évolution du mouvement étudfant depuis 1945 » Le semeur N° spécial « la situation étudiante francaise », 1949 page 556
[17]Procès-verbal du Congrès de Dax, pages 122 et 132
[18]Delbègue, « les filles faisaient quasiment un signe de croix quand elles nous voyaient », intervention lors de l’exposé le 20 mai 1995.
[19]Gaston Karila, pour les Etudiants socialistes « revendications étudiantes et politiques » Le Semeur 1949 page 536
[20]Lefevre p. 14
[21]Les sources p 42
[22]Procès-verbal du Congrès de Dax, page 169
[23]Maurice Bayen, Histoire des Universités PUF 1973, p 110
[24]Lefevre, page 78
[25]UNEF « mémorandum adressé aux membres du CSEN sur les raprésentation étudiante au sein des conseils d’université et de faculté »
[26]Trouvat, Le semeur, page 558
[27]Kotec, page 232
[28]Trouvat, page 574
[29]Borella – La Fournière page 50
[30]Pierre Yves Cossé, « l’évolution historique du mouvement étudiant », Cahiers Reconstruction 50-1 (février 1959)
[31]Procès-verbal du Congrès de Dax, page 160
[32]Le Semeur N° 8-9, juin-juillet 1945
[33]Trouvat, page 557
[34]Entretien avec Paul Bouchet
[35]Paul Bouchet, « syndicalisme étudiant » Le semeur, 1949
[36]Pierre Trouvat, Le semeur, page 560.
[37]Procès-verbal du congrès de Dax, pages 5 et 11
[38]Lefevre page 13
[39]Cité dans Les sources
[40]Entretien avec Paul Bouchet
[41]Le semeur N° 2, décembre 1945
[42]La rénovation est venue des AG de la zone sud, alors qu’à Paris, plus conservateur, il y a la plus forte concurrence des organisations patriotiques. Les sources p. 92
[43]Trouvat page 559
[44]Trouvat page 559
[45]Trouvat page 559
[46]Les sources page 41
[47]Monchablon, page 19
[48]Alors qu’il y a près de la moitié des étudiants à Paris, l’UNEF n’y dispose que d’un quart de ses adhérents. Les sources page 92
[49]Belden Fields, Students politics in France, a study of the UNEF New York 1970, chapitre III
[50]Compte rendu du délégué de Poitiers du Congrès de 1944 – B.U. Poitiers.
[51]Cité par Borella La Fournière page 52
[52]Les sources page 40
[53]Les sources page 52
[54]lettre à Trouvat du 10 Juin 1947, archives BDIC 4° delta 1159 1946-1948
[55]« les communistes sont d’accord pour laisser à l’UNEF le soin de représenter les intérêts des étudiants : ils savent leurs limites de leur influence dans ce milieu. Les étudiants catholiques ont par contre conscience de leur emprise et seront les derniers à reconnaître le monopole syndical de l’UNEF. Jusqu’en 1950 le mouvement étudiant devra compter avec la FFEC dont l’aile gauche, avec G. Suffert, a pourtant compris la nécessité de collaborer avec l’UNEF et approuve la liquidation de l’UPOE » Les sources page 52
[56]Jean Jousselin Une nouvelle jeunesse française p 152
[57]Procès verbal congrès de Dax page 141. Annie Kriegel, dans ses mémoires, explique que ce n’est qu’en 1949 que s’organise une fraction communiste dans l’UNEF.(Ce que j’ai cru comprendre Robert Laffont 1991, pages 413 à 435).
[58]proposition de protocole d’accord adressé à la FFEC le 30 novembre 1946. BDIC 4° delta 1159 1946-1948.
[59]Trouvat, page 559
[60]Entretien avec Paul Bouchet
[61]Entretien avec Paul Bouchet
[62]Procès verbal congrès 1946. BDIC 4° delta 1151 1929-1946.
[63]Monchablon, page 20
[64]« conditions et perspectives de l’action étudiante » Esprit , N° 189 1952
[65]Lefevre, page 88
[66]Lefevre, page 18
[67]Il y a eu déjà une grève des étudiants dentistes qui protestent contre l’intégration des mécaniciens dentistes alsaciens. Si cette revendication est plutôt conservatrice, la grève apparaît comme forme d’action réalisable pour les étudiants.
[68]Lettre de la JEC à l’UNEF du 30 Mai 1947. BDIC. 4° delta 1159 1946-1948
[69]Communiqué UJRF du 23 mai 1947. BDIC 4° delta 1159 1946-1948.
[70]Lettre de la FFEC du 10 Juin 1947. BDIC 4° delta 1159 1946-1948.
[71]« le gouvernement crut avoir contre lui la majorité des étudiants, ce n’était sans doute pas faux, mais il ne semble pas cependant que cette grève eût été un aussi grand succès si elle était intervenue un jour normal de l’année universitaire » Robert Lavaud, Les étudiants et la politique depuis 1945, IEP 1958, page 16.
[72]Les sources page 54
[73]procès verbal du congrès d’Arcachon, 1948 BDIC 4° delta 1151 1947-1953.
[74]Les sources page 54
[75]procès-verbal du congrès d’Arcachon, 1948 BDIC 4° delta 1151 1947-1953.
[76]MNEF Le dictionnaire des 40 ans, 1988, page 206
[77]dans le régime de sécurité sociale des étudiants, LGDJ 1962, Jacques Antoine Gau expose les étapes du débat parlementaire.
[78]Congrès du Touquet 1949: rapport de la délégation lyonnaise. BDIC 4° delta 1151 1947-1953.
[79]Bruges, Jeune Révolution N° 14, avril 1951.
[80]Borella La Fournière page 55
[81]Borella La Fournière, page 55
[82]Lavaud, page 49
[83]Esprit N° 189, avril 1952, page 55
[84]Compte rendu de la délégation lyonnaise au congrès d’Arcachon. BDIC 4° delta 1151 1947-1953.
[85]L’observateur étudiant en janvier 1954 estime que l’UNEF « vit depuis 8 ans sur l’idéologie de ses ennemis »
[86]Alain Monchablon, « le mouvement étudiant et sa mémoire: l’UNEF après 1945 entre tradition et oubli » l’homme et la société 1-2/1994, page 116
[87]Lefevre, page 109.
[88]« sur l’insistance de Trouvat, (…) seules les unions nationales d’étudiants représentatives où, à défaut, des comités chargés de créer des unions, étaient à même d’adhérer à l’UIE » Kotec, page 255.
[89]une partie des anglais plus tard considère que les partisans de la charte de grenoble sont de dangereux gauchistes. Pour eux, ce sera ou des unions nationales de type corporatiste « les étudiants en tant que tels » ou des unions de type plus syndicale car ils se préoccupent aussi d’autre chose. Roland Demarcy. l’UIE de ses origines à nos jours thèse III° cycle Paris I 1978page 36
[90]Le Figaro, 1956.
[91]Un projet de protocole d’accord est proposé par l’UNEF à la FFEC le 30 novembre 1946. Cette dernière après plusieurs pourparlers, refuse de le signer.