Bertrand Matot, la Guerre des Cancres, Perrin, 2010.
En fait il est peu question de cancres, le sous-titre est plus pertinent: « un lycée au cœur de la Résistance ». Il s’agit du lycée Jacques Decour à Paris, qui fut ainsi rebaptisé dès 1944, en hommage à Daniel Decourdemanche (alias Jacques Decour), universitaire communiste, résistant cofondateur de l’Université Libre et des Lettres Françaises, fusillé en 1942, qui y était professeur d’allemand. L’auteur a utilisé les archives du lycée et suscité les témoignages d’anciens élèves.
Cela lui permet de retracer, à coups de flashes chronologiques une série de mesures prises par l’administration locale, comme d’évoquer un certain nombre d’élèves et professeurs. C’est ce qui rend l’ouvrage vivant et en constitue la part la plus intéressante. Mais pas vraiment une vue d’ensemble : il est à démontrer que par sa proximité avec les gares de l’Est et du Nord, le lycée alors Rollin avait un recrutement social différent des autres établissements parisiens, et partant une politisation plus forte. De même, lorsqu’il s’agit de brosser des vues d’ensemble sur les lycées ou l’Université de cette période, des légendes pieuses sont reprises sans vérification. Il n’empêche, on a là une mine de matériaux pour comprendre la vie d’un lycée parisien sous l’Occupation et dans la Résistance.
Alain Monchablon.
Les Cahiers du Germe n° 29, 2010/2011