Document. Ukraine: « Les étudiants sont la force de l’Université », manifeste de Priama Diia

priama diia manifesteA l’occasion du premier anniversaire de sa refondation, dont nous avions publié l’annonce sur notre site[1], Priama Diia nous a adresse ce manifeste, Les étudiants sont la force de l’université, le 9 février 2024 pour qu’il soit porté à la connaissance du public français. (version pdf en ukrainien). Ce manifeste, qui a commencé a être discuté en octobre dernier, a été adopté par leur dernier congrès [2] auquel ont assisté des membres des générations précédentes et des représentants des syndicats étudiants européens. Il s’agit d’un document exposant une vision de la lutte étudiante et une stratégie de construction du syndicat pour 2024, présentée sous une forme condensée Nous saisissons l’occasion pour rappeler que le 24 février 2024 marque le deuxième anniversaire de l’intervention russe en Ukraine, et que dans cette situation les étudiants ukrainiens continuent à vivre, étudier, lutter pour leurs droits (voir les liens en fin d’article[3]. Prima Diia a également édité un zine de 80 pages [4]

MANIFESTE DE PRIAMA DIIA, « LES ÉTUDIANTS SONT LA FORCE DE L’UNIVERSITÉ »

L’avenir de l’Université en tant que lieu de liberté intellectuelle est inconnu. Dans le contexte de la guerre, où les étudiants sont impliqués dans la lutte contre l’impérialisme, y compris au front, l’Université est plus vulnérable que jamais. Nous, Priama Diia, syndicat étudiant indépendant, unissons les étudiants dans la lutte pour une éducation gratuite et de qualité. Les étudiants sont la force vive de l’Université et nous nous sentons responsables de son avenir.

Le régime de marchandisation du savoir et de commercialisation de l’éducation implique l’utilisation du savoir comme une marchandise, où les étudiants sont des consommateurs et l’université un fournisseur de services. Dans un tel régime, il est impossible d’acquérir de nouvelles connaissances, d’être un scientifique, un chercheur ou un érudit. Le savoir est fourni en tranches, en fonction du service payé.

Le régime de marchandisation du savoir et la commercialisation de l’éducation est actuellement le mode par défaut, mais il en existe d’autres que nous voulons promouvoir.

Dans le cadre d’une université de recherche, nous pouvons avoir un accès libre au savoir, dépasser les structures hiérarchiques de l’université et apprendre dès le départ à faire de la recherche et devenir créateurs de savoirs, et pas des consommateurs de connaissances. Dans ce système, la connaissance est un outil efficace pour la lutte de libération, notre réponse à l’autoritarisme et à l’impérialisme.

Nous ne nous décourageons pas en croyant que nous avons hérité d’une université défectueuse. Il y a plusieurs façons de sortir de cette situation. Nous devons d’abord comprendre quels sont les problèmes. Est-il possible de « rénover » l’université ? En évaluant nos capacités nous comprenons que chacun d’entre nous ne peut s’y affronter seul. C’est pourquoi nous sommes solidaires, unis étudiants et aux enseignants. La « refonte » de l’université est une cause commune. Ensuite, nous agissons.

Par exemple :

  • Chez les étudiants
  • Envers les enseignants : ils sont le cœur de l’Université, qui ne peut battre sans les étudiants. C’est pourquoi leur position est également importante. Ils travaillent côte à côte dans le domaine du changement;
  • Le personnel technique : il fait partie intégrante de l’université, il mérite des conditions de travail et de rémunération décentes;
  • L’administration universitaire: Il y a actuellement de toute évidence des problèmes avec l’administration dans les universités, il est difficile de trouver une administration qui travaille dans l’intérêt de l’université et de la communauté. C’est pourquoi nous privilégions les ssociations d’étudiants et d’enseignants plutôt que de compter sur une administrations autoritaire.
  • Les bâtiments universitaires : il faut prendre soin des bâtiments. Nos conditions de vie influencent notre façon de penser. Des salles de cours et des abris anti-bombes rénovés, une bibliothèque moderne, des espaces verts, des cantines accessibles et de qualité, toutes les infrastructures sans lesquelles une vie digne pour les étudiants et les enseignants est impossible.

Ajoutons à cela

  • Une éducation verte gratuite et de qualité, dans laquelle les conditions du processus éducatif visent à prévenir les atteintes à l’environnement;
  • Libre accès, gratuit, à la connaissance;
  • Pédagogie libertaire : méthodes éducatives qui privilégient l’égalité des participants dans le processus éducatif en opposition à la coercition dans l’éducation, la liberté intellectuelle, l’esprit critique et la formation d’une personnalité indépendante et pleinement développée ;
  • Solidarité et égalité des étudiants et des enseignants;
  • Soutien matériel adéquat au processus d’éducation et de recherche;
  • Des résidences et chambres universitaires décentes;
  • Congé académique et de maternité avec préservation garantie de l’inscription dans le lieu d’étude (financé par l’Etat);
  • Bourses d’études à un niveau qui ne soit pas inférieur au salaire minimum
  • Salaires décents pour les enseignants et le personnel;
  • Garanties de sécurité sociale.

Cela peut sembler très difficile, voire impossible. Nous nous heurtons à des obstacles sous la forme d’un financement insuffisant, d’un enseignement non laïcisé, le durcissement des universités, la discrimination, la violence physique et psychologique, des normes d’éducation inadéquates, des systèmes de notation injustes, des stages non rémunérés et l’absence de sécurité sociale.

En nous unissant en tant que mouvement étudiant, nous surmonterons ces obstacles ensemble et « réparerons » l’Université.

QU’EST-CE QUE LE MOUVEMENT ÉTUDIANT ?

Depuis les années 1990, les étudiants se battent pour un avenir meilleur, un nouveau système éducatif et des conditions de vie et d’études décentes. Les étudiants ont été confrontés à des politiques néolibérales impitoyables, à une privatisation criminelle avec des coupes dans les dépenses d’éducation. Toutes les tentatives des fondamentalistes du marché pour améliorer la situation de l’éducation se sont soldées par un échec, aggravant la crise.

Plus l’offensive était forte et réactionnaire, plus la résistance s’est renforcée.

Dans l’histoire de l’Ukraine indépendante, le noyau de cette résistance a toujours été constitué du corps des étudiants progressistes, et les exemples les plus réussis sont les suivants : campagne « Contre la dégradation de l’éducation » en 2011, ainsi que protestations et les manifestations d’étudiants qui ont servi de catalyseur aux événements de l’Euromaidan.

Dans le contexte d’une invasion à grande échelle, les problèmes existants en matière d’éducation ont été aggravés par l’insécurité, la nécessité d’migrer et la destruction physique des universités. Le rétablissement du mouvement étudiant de masse devient une tâche essentielle. Mais qu’est-ce que c’est ce mouvement étudiant, et comment le voyons-nous ?

Pour le dire sans ambages et sans fioritures, le mouvement étudiant est un mouvement de base organisé qui rassemble les étudiants des écoles secondaires, des collèges et des universités, y compris les étudiants de troisième cycle et les cadets, y compris les étudiants de troisième cycle et les cadets. Le mouvement étudiant doit être égalitaire et inclusif : il doit unir les universitaires, les étudiants et les élèves., créer des liens indéfectibles de solidarité autour d’un objectif commun : construire une éducation de qualité accessible à tous et qui se situe au-delà des relations marchandes.

En outre, les étudiants ont toujours fait, font et feront partie d’un mouvement syndical plus large. Nous ne sommes pas seulement des consommateurs d’éducation mais aussi une force créatrice inscrite dans les processus généraux de création de richesses. Le mouvement étudiant peut donc être considéré à juste titre non seulement comme luttant pour de meilleures conditions d’éducation. mais comme partie prenante d’un mouvement plus large de libération humaine.

Notre vision du mouvement étudiant repose sur les principes suivants :

L’indépendance. Les étudiants doivent agir en tant que force motrice spécifique du le changement, en dehors des partis, sans les politiciens et leurs mensonges, contre les intérêts des groupes dirigeants et des oligarques, pour atteindre les objectifs et les  rêves d’un avenir meilleur.

Inclusion. Dans son domaine, le mouvement étudiant dépasse les divisions en groupes fondées sur le sexe, la couleur de peau, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, etc. Il ne divise pas en catégories, mais inclut et unit pour construire une force puissante. La solidarité avec les opprimés est l’un des aspects les plus importants d’un mouvement libre et démocratique.

Volontariat et représentation. Le mouvement étudiant ne doit pas être basé sur la délégation de pouvoirs. Nous ne nous considérons pas comme les représentants parlant à leur place de tous les étudiants, parce que leurs points de vue et leurs valeurs peuvent varier et évoluer au fil du temps. Nous n’assurons pas le rôle de reflet de la volonté générale des étudiants, nous sommes des médiateurs dans  l’élaboration de structures et de principes du processus éducatif en cohérence avec nos convictions et objectifs égalitaires.

Auto-activité Le mouvement étudiant doit être non seulement un indicateur des problèmes, mais aussi un catalyseur parmi les étudiants de la volonté de lutter pour leurs droits. Notre conviction est que la participation active des étudiants à l’élaboration de la politique d’éducation et de la vie du campus est la clé de la création d’un mouvement étudiant efficace et mutuellement bénéfique. Personne d’autre que les étudiants eux-mêmes ne peut garantir des conditions d’apprentissage et de vie étudiante adéquates.

COMMENT COMBATTONS-NOUS ?

Pour atteindre nos objectifs, nous utilisons les méthodes de lutte suivantes :

Mise en évidence et sensibilisation aux enjeux socialement importants. Il existe un certain nombre de problèmes dans le système éducatif tif actuel, et si nous voulons les résoudre, la première chose à faire est d’en parler. Puisque les étudiants ne sont pas seulement des apprenants mais aussi des producteurs de connaissances nous voulons participer au travail intellectuel et à la transformation du système éducatif. L’étude de la situation sur le terrain et au niveau national est une condition préalable à l’élaboration d’une stratégie de lutte.

L’éducation, les campagnes et les débats publics. Tout comme nous défendons la liberté intellectuelle à l’université et dans l’éducation en général, nous nous efforçons d’impliquer les étudiants dans des activités éducatives et des débats publics sur des questions éducatives et sociales. Nous pensons également qu’il est important d’informer les étudiants sur nos activités et d’attirer de nouveaux membres.

Protection et défense des droits. Le syndicat étudiant défend les intérêts et les droits de ses membres et des autres étudiants en situation difficile. Nous utilisons notamment des outils de défense juridique lorsque la situation l’exige. Nous veillons à ce que les membres des syndicats ne fassent pas l’objet de représailles en raison de leur militantisme. Les pétitions sont également l’un des moyens dont dispose le syndicat pour influer sur l’action des administrations et des responsables gouvernementaux.

Organisation des sections. Pour un travail efficace sur le terrain, nous créons des antennes dans les villes et les universités. Les sections sont autonomes et fonctionnent sur la base de la situation spécifique qui existe dans l’université et de la volonté de ses membres. Ils organisent des événements pour impliquer les militants, améliorer leurs compétences en matière de communication, d’organisation, de prise de parole en public, etc. Une attention particulière est accordée aux initiatives environnementales telles que campagnes visant à protéger l’environnement, à attirer l’attention sur ces problèmes, ainsi que l’adhésion aux principes de l’éducation verte.

Solidarité avec les syndicats indépendants et soutien aux initiatives progressistes. Pour aborder des questions spécifiques, le syndicat coopère avec d’autres mouvements qui partagent des valeurs et des objectifs similaires aux nôtres : lutte contre la discrimination, contre la marchandisation de l’éducation, etc. Parce que nous pensons que le mouvement étudiant fait partie du mouvement ouvrier au sens large Priama Diia accorde une attention particulière à la coopération avec les syndicats indépendants et les collectifs de travailleurs.

Manifestations, piquets, grèves, occupation des espaces étudiants et autres méthodes de lutte.. Dans les situations où les méthodes mentionnées ci-dessus ne permettent pas la réalisation de ces objectifs, le syndicat se tourne vers l’action directe, la mobilisation des étudiants pour la défense collective de leurs intérêts.

Nous ne craignons pas de manquer d’éléments pour la création d’une université idéale. Tout ne se fait pas du jour au lendemain. L’essentiel est que nous disposions des instruments : – la solidarité et l’action. Nous créons ces outils au fur et à mesure des développements du processus. :

Nous améliorons les campus et les conditions de vie dans les cités, nous résolvons les problèmes quand un professeur harcèle les étudiants, nous obligeons l’administration à acheter de nouveaux livres pour la bibliothèque et introduise des menus végétariens. et des repas gratuits dans les cantines, que dans les toilette il y ait les produits d’hygiène intime, le retour des étudiants de congé académique sur leurs postes budgetaires, la suppression des disciplines inutiles  des programmes d’études, nous voulons que s’organise la gouvernance étudiante à la base. et nous essayons d’inciter les enseignants à des cours, conférences et des séminaires intéressants et un système d’évaluation transparent et compréhensible. Nous nous aidons mutuellement.

Nous avançons progressivement. Nous pensons que tôt ou tard nous ferons de l’université un lieu où les étudiants, les enseignants, le personnel technique et les connaissances seront traités avec respect. En attendant, nous ne baissons pas les bras et continuons le combat.

LIBERTÉ !

ÉGALITÉ !

SOLIDARITÉ !

PRIAMA DIIA

Traduction révisée par Robi Morder

Pour aller plus loin sur les réseaux de Priama Diia: Site http://www.priama-diia.org/ Telegram https://t.me/priama_diia Twitter https://twitter.com/PriamaDiia/ Facebook https://www.facebook.com/priama.diia. Voir aussi les actions et informations de l’UAS (Ukrainien association students) organisation affiliée à l’ESU European Students Union) qui ne se considère pas comme un syndicat. Twitter, https://twitter.com/UAS_ukraine  – Telegram, https://t.me/uas_official, Facebook https://www.facebook.com/uasukraine.

video Vidéo: « Comment les étudiants ukrainiens savent se battre pour leurs droits« , ,sur https://www.youtube.com/watch?v=rDnCXqEQ24M&t=4s. Commons a produit une vidéo (10 min) sur l’histoire récente du mouvement syndical étudiant ukrainien. Sur les mobilisations de 2009-2010 et la création de Priama Diia (Action Directe). Sur sa (re)fondation en février 2023 et la récente lutte contre l’opération de spéculation immobilière sur le terrain d’une université de Kiev. Sous-titré en Anglais – Français – choisissez la langue avec les paramètres du matériel puis sous-titres

[1] « Le syndicat étudiant ukrainien Action directe est de retour », germe-inform 13 février 2023.

[2] Début janvier 2024, Priama Diia faisait le point sur ses activités en 2023 et citait parmi elles :«Nous avons organisé une manifestation intitulée ‘Une semaine contre le fascisme’,(brochure en français en pdf) au cours de laquelle nous avons rappelé que l’opposition aux idéologies haineuses est toujours d’actualité. Nous nous sommes réunis pour nettoyer [dans les parcs] pour montrer que la protection de l’environnement est une question qui doit concerner tous les groupes sociaux, y compris les étudiants. En collaboration avec le conseil étudiant du département de psychologie de l’Université Karazin, nous avons publié une brochure contre la violence psychologique de la part des enseignants. Nous avons lancé une action exigeant la réquisition de l’ambassade de Russie vide pour en faire un centre de jeunesse accessible à tous. Nous avons participé à des manifestations contre la saisie du bâtiment universitaire KNUKiT [à Kiev, consacré à la spéculation immobilière par les promoteurs] par des pilleurs, et avons abouti à une victoire des étudiants. Nous avons contribué à la création du « Comité étudiant du 11 octobre » chargé d’inspecter l’installation des fenêtres et des portes à l’Université nationale de Lviv, puis nous avons inspecté les abris universitaires [1]. Nous avons participé à des manifestations contre la chauvine xenophobe Iryna Farion, exigeant son renvoi de son poste de professeur à l’École polytechnique de Lviv. Nous avons organisé une manifestation au KIMA contre la décision de l’administration de facturer aux étudiants leurs absences aux cours ». Les étudiants ont été confrontés à des politiques néolibérales impitoyables, à une privatisation criminelle accompagnée de réductions des dépenses d’éducation. Toutes les tentatives des fondamentalistes du marché pour améliorer la situation éducative se sont soldées par un échec, aggravant la crise », accuse le manifeste.Concernant ses moyens d’action, le syndicat indique les différentes formes que peuvent prendre les luttes dans un pays en guerre et sous la loi martiale :« Protection et défense des droits. Le syndicat étudiant défend les intérêts et les droits de ses membres et des autres étudiants en situation difficile. Nous utilisons notamment des outils de défense juridique lorsque la situation l’exige. Nous veillons à ce que les membres du syndicat ne fassent pas l’objet de représailles pour leur militantisme. Les pétitions sont également l’un des moyens par lesquels le syndicat peut influencer l’action des administrations et des responsables gouvernementaux.Organisation des rubriques . Pour un travail efficace sur le terrain, nous créons des antennes dans les villes et les universités. Les sections sont autonomes et fonctionnent en fonction de la situation spécifique qui existe dans leur université et de la volonté de ses membres. (…)Solidarité avec les syndicats indépendants et soutien aux initiatives progressistes. Pour répondre à des problématiques spécifiques, le syndicat coopère avec d’autres mouvements qui partagent des valeurs et des objectifs similaires aux nôtres : lutte contre la discrimination, contre la marchandisation de l’éducation, etc. Parce que nous pensons que le mouvement étudiant s’inscrit dans le mouvement ouvrier plus large, Priama Diia paie une attention particulière à la coopération avec les syndicats indépendants et les collectifs de travailleurs.Manifestations, piquets de grève, grèves, occupation des espaces étudiants et autres méthodes de lutte. Dans les situations où les méthodes évoquées ci-dessus ne permettent pas l’atteinte de ces objectifs, le syndicat se tourne vers l’action directe, la mobilisation des étudiants pour la défense collective de leurs intérêts.

[3] Sur notre site : « Les étudiants ukrainiens doivent avoir le droit à l’éducation même en temps de guerre « . interview de Artem Klepach du mouvement Students UA, germe-inform 5 mars 2023. « 1er MAI. DOCUMENT: LES ÉTUDIANT·ES UKRAINIEN·ES LANCENT UN APPEL AUX ÉTUDIANT·ES DE FRANCE » germe-inform, 12 avril  2023; « Ukraine : les étudiants protestent contre la fermeture de l’Académie de l’imprimerie à Lviv. » Germe-inform, 18 novembre 2022; « Syndicalisme étudiant en Ukraine: entretien avec Katya et Maxim » germe-inform, 23 août 2022. Sur d’autres sites : « Ukraine : Priama Diia (Action directe), pour le contrôle étudiant » (site autogestion, novembre 2023). « Le syndicat étudiant Priama Diia  exige la réquisition de l’ambassade russe » (sur le site laboursolidarity, org, 29 août 2023. ). « Ukraine: universités, une réforme neo-libérale pur jus/ »  et autres textes (« Mobilisation étudiante contre la xénophobie à Lviv », « Les vœux pour 2024 du syndicat étudiant Priama Diia« , (blog Entre les lignes, entre les mots, 1er janvier 2024). « Priama diia tire le bilan de-la-mobilisation du 25-janvier à l’universite-de-Tauride » (blog Entre les lignes, entre les mots, 30 janvier 2024). Voir aussi un recueil de documents. Merci à Patrick Le Tréhondat pour les transmissions et les traductions de la plupart des textes.

[4] Act, le nouveau zine du syndicat étudiant Un an après sa création, Priama Diia vient de publier le premier numéro d’Act, le zine du syndicat. Le zine, qui compte plus de 80 pages, est magnifiquement illustré par Katya Gritseva, une étudiante syndicaliste de Lviv, qui explique dans l’éditorial : « Le zine de cette année est dédié au thème de la façon dont les étudiants vivent et trouvent la force de se battre temps de guerre. Il contient une variété de textes d’expérience, alors peut-être vous retrouverez-vous dans l’un d’eux. Ce n’est pas facile de vivre tout ce qui se passe dans notre pays. D’un côté, les bombardements, l’occupation, les déportations , et les autres réductions d’allocations, les expulsions des dortoirs, l’attitude révoltante de l’administration ». Dans les pages suivantes, un entretien avec des syndicalistes d’Action Direct évoque les luttes étudiantes actuelles et l’orientation syndicale d’Action Directe. Artem Remizovski, étudiant, raconte « Comment j’ai rencontré la guerre, j’ai été déçu à l’université et j’ai commencé à construire une utopie ».  » Ce qui m’a vraiment irrité pendant les premiers mois de la guerre, c’était mon impuissance. Je me détestais de ne pas pouvoir tirer, conduire une voiture, apporter de l’aide ou même donner du sang (à cause de ma santé)… Une chose qui m’a sauvé de la peur de la guerre et de l’impuissance à l’université était l’activisme… Pour être honnête, j’ai décidé de devenir membre de l’organisation. pas par simple altruisme. C’était justement un choix politique… À un moment donné, j’en ai eu assez d’être un utopiste solitaire, alors j’ai trouvé d’autres utopistes… La guerre est chaos et imprévisibilité, et c’est pourquoi il est encore plus important de ne pas oublier ses propres rêves et influencer le monde qui vous entoure. Tout ce que nous créons aujourd’hui facilitera la vie après la guerre. C’est ce qui me motive, malgré tout l’inconfort psychologique et le cynisme ambiant, à lutter pour une éducation meilleure et abordable pour tous. explique l’étudiant dans un témoignage émouvant. D’autres témoignages d’étudiants occupent de nombreuses pages du zine, notamment un entretien avec un étudiant de Kherson, déporté en Russie. Le zine demande également à ses lecteurs : « Beaucoup de gens considèrent la Russie comme un État fasciste. Qu’en penses-tu ? « . Des poèmes parcourent les pages suivantes, avant que Mykhailo Samsonenko ne propose « Rébellion 2023 : bilan des mobilisations de l’année ». « Dans une situation de guerre, qui a placé la majorité des étudiants dans une position sociale encore plus vulnérable qu’auparavant, et dans Face aux efforts constants des autorités et des administrations pour économiser sur le dos des étudiants, pour brader les bâtiments et les terrains universitaires et pour ignorer les mauvaises conditions dans lesquelles les étudiants étudient et vivent dans les dortoirs, la protestation étudiante est souvent presque le seul moyen de protester. transmettre les opinions des usagers de l’éducation au pouvoir et à la société en général. De plus en plus souvent, les étudiants refusent de tolérer l’arbitraire des administrations, se rassemblent devant les bâtiments universitaires et les autorités avec des affiches et des slogans audacieux, prouvant encore et encore que les droits sociaux ne sont pas simplement donnés : ils s’obtiennent par la lutte. » Maria Sokolova, dans son « Quelques mots sur l’Université », explique pour sa part : « Comme vous pouvez le constater, vous êtes entré dans un endroit étonnant : l’Université. Il y a beaucoup de problèmes ici, mais ce que lui, et plutôt nous, étudiants, enseignants, professeurs et chercheurs, pouvons nous donner mutuellement vaut du temps, des efforts et une lutte commune pour de meilleures conditions… Les images simples n’ont pas leur place à l’université. , mais ce n’est pas la place pour les complexités. Enfin, Maksym Schumakov, avec sa « Note sur le rôle de l’enseignement supérieur dans la reconstruction réussie d’après-guerre », prône une « réforme radicale » de l’université. Il explique que « c’est grâce à elle que nous pouvons dessiner la silhouette d’une Ukraine prospère d’après-guerre, mais aussi offrir au monde un modèle de société nouvelle et plus démocratique. Et à l’épicentre de son développement se trouve le corps étudiant. »page1 zine.jpg Act propose également l’accès gratuit à un jeu vidéo sur les problèmes qu’un étudiant rencontre dans son parcours universitaire : « La menace de commercialisation et de marchandisation pèse sur un enseignement supérieur gratuit et accessible. Elle est poussée par les oligarques et les administrations universitaires, convaincus que le savoir doit être une marchandise accessible uniquement à des membres sélectionnés de la société. Mais les étudiants accepteront-ils de telles règles du jeu ? « . Le lien de téléchargement du pdf du zine

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