Né le 24 novembre 1934 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; inspecteur des Finances ; dirigeant de l’UNEF ; adhérent du Club Jean Moulin, du PSU puis du Parti socialiste. Quatrième enfant d’une famille de la bourgeoisie catholique nantaise (un grand-père fut à l’Action française, l’autre fut dreyfusard ; son père était le patron de la Biscuiterie nantaise, BN), Pierre-Yves Cossé rejoignit l’enseignement public pour passer le baccalauréat. À la rentrée universitaire 1954 il s’inscrivit à Sciences Po Paris et en Faculté de droit. Il milita d’emblée à l’Amicale UNEF, où, comme nouveau, il fut en charge des polycopiés. L’année précédente, à Nantes, il était devenu responsable fédéral de la JEC (Jeunesse étudiante chrétienne) pour le secondaire. Il fut de cette génération de jécistes qui eut un rôle important dans le mouvement étudiant et les mouvements de jeunes.
À l’UNEF, où il fut longtemps actif, assistant à cinq congrès nationaux de 1955 à 1959, il devint à l’automne 1955 président de l’Amicale de Sciences Po regagnée par la gauche, puis à l’été 1956 vice-président aux questions internationales dans le premier bureau national « mino », présidé par Michel de la Fournière*. Bien qu’il ait soutenu plus tard avoir été un élève moyen à Sciences Po, son aisance dans les débats du mouvement étudiant impressionnait les militants. Élu président de l’UNEF au congrès de Paris en 1957, il dut faire face à la scission opérée par la droite brandissant l’apolitisme pour mieux cautionner la guerre d’Algérie. Du coup, à son regret, tout en maintenant des liens discrets avec l’UGEMA, organisation nationaliste des étudiants algériens, bientôt interdite, tout en étant solidaire de ses militants arrêtés et internés, l’UNEF dut se faire prudente sur la question algérienne pour espérer la réunification du mouvement. L’affaire algérienne n’était pourtant pas sa seule préoccupation, celle d’une réforme démocratique de l’enseignement et de l’université comptait autant. Les convictions acquises au sein de la JEC et du syndicalisme étudiant, les amitiés générationnelles nouées alors, devaient persister.
Reçu à l’ENA en décembre 1959, pour partie dit-il grâce à ce qu’il avait appris dans le syndicalisme étudiant, il n’en suivit la scolarité qu’après ses vingt-six mois de service militaire en Algérie, qu’il termina comme soldat de première classe. Entré à l’Inspection des Finances en 1964, où il appartint au syndicat CFDT, il fut successivement affecté à la direction de la Prévision, puis à la direction financière d’une filiale de la Caisse des dépôts, et en 1979 à la tête de la Mission économique et financière de l’ambassade de France à Alger. Après un passage à l’UFD (Union des forces démocratiques) en 1958-1959, il adhéra au Club Jean Moulin de 1964 à 1969 et au PSU de 1967 à 1971, enfin au Parti socialiste en 1975. Ce proche de Michel Rocard* qu’il avait connu dans les années de syndicalisme étudiant, membre de la commission économique du PS, fut au lendemain de l’élection de François Mitterrand* en 1981 chargé de mission auprès de Jacques Delors*, ministre de l’Économie et des Finances, puis de 1982 à 1988, directeur adjoint de la BNP qui venait d’être nationalisée. Commissaire au Plan de 1988 à 1991, puis président de la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (COFACE), il termina au ministère de l’Économie et des Finances comme président de l’agence chargée de l’assistance technique internationale (ADDETEF) avant de prendre sa retraite à la fin de 2003. Il continue, à la demande des gouvernements français et vietnamien, d’animer un forum économique et financier franco-vietnamien.
Sa femme, dont il eut quatre enfants, avait également adhéré au PSU en 1967 et y demeura jusqu’en 1978.
Oeuvres: La concurrence capitaliste, Seuil, 1994. — L’État et la prévision économique, Berger Levrault, 1995. — Le Vermeil et la vie (livre de mémoires), Sépia, 1998.
Sources : Arch. Nat. (CAC, fonds UNEF). — Entretiens avec l’intéressé. — Alain Monchablon, Histoire de l’UNEF, PUF, 1983.
Alain Monchablon
Dictionnaître « Maitron »
Inventaire du fonds Pierre-Yves Cossé (Cité des mémoires étudiantes, déposé aux Archives nationales)