Mohammed Harbi: mémoires filmés. Entretien 4, « étudier et militer à Paris »


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Paul Bouchet et Mohammed Harbi, Paris, 18 mai 2014, photo R. Morder/Cité

Viennent d’être mis en ligne en 23 entretiens les « mémoires filmés »de Mohammed Harbi  (réalisation Bernard Richard et Robi Morder, sur une idée de Claude Kowal). Mohammed Harbi s’engage jeune pour l’indépendance, et sera un des dirigeants étudiants algériens en France avant la création de l’UGEMA, ce dont il témoigne dans cet n° 4 : « ÉTUDIER ET MILITER A PARIS » (vidéo), dont voici un descriptif sommaire.

MILIEU ÉTUDIANT ET MILITANTISME Arrivée de M. Harbi à Paris en 1952. Le baccalauréat puis l’Université. Socialisation et apprentissage de l’autonomie. Effervescence anticoloniale : les organisations étudiantes nord-africaines (Tunisie, Maroc) et africaines (FEANF), le Comité anticolonialiste dirigé par le PCF. Lutte pour la direction de l’AEMAN, dont M. Harbi deviendra un des responsables. Une population étudiante pauvre dont la majorité est hors du MTLD, mais qui afflue dans les organisations étudiantes. Le débat UGEA ou UGEMA.

En 1952, Mohammed Harbi commence des études supérieures à Paris: propédeutique en histoire (Chine et Japon) et militantisme (au PPA-MTLD) à plein temps. Socialisation et apprentissage de l’autonomie. Le comité anticolonialiste. Montée des luttes en Afrique du Nord. L’AEMNA (Association des étudiants musulmans Nord-africains, à Alger), L’AEMAN (Association des étudiants Musulmans d’Afrique du Nord, à Paris), l’UGET (Union générale des étudiants tunisiens), l’UIE (Union internationale des étudiants) organisent les étudiants. Une délégation permanente du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) vient surveiller l’émigration. La Fédération de France a une position différente de celle du centre sur la définition de la nation (influence des berbéristes). La population étudiante algérienne est extrêmement pauvre, le plus grand nombre est hors parti. Ils affluent dans l’organisation étudiante. Ils viennent du PCA, du MTLD, de l’UDMA (de Ferhat Abbas) et des Ulémas.

Mohammed Harbi est chargé des rapports avec la SFIO, le PCF, avec la gauche française: contacts avec Rocard, Burgelin, Belorgey pour les socialistes. Dans le comité anticolonialiste, qui draine les étudiants de toutes les colonies françaises, l’influence communiste est de loin prépondérante. L’Union des étudiants algériens de Paris (UEAP) attire beaucoup d’étudiants nécessiteux dont certains deviendront les leaders de l’UGEMA. Les étudiants de l’UGET (Tunisiens) travaillent avec les négociateurs tunisiens. C’est quasiment le début de la formation de cabinets ministériels.

Jacques Vergès (aligné sur le PCF) est remplacé par Babek (iranien) comme interlocuteur des étudiants à l’UIE. Les Algériens sont victimes de racisme dans l’Université, et de paternalisme de la part d’organisations de gauche. Influence de la doctrine assimilationniste de l’«évolution». Liens avec l’Algérie et des Algériens, des avocats, des chrétiens. Charles-André Julien historien du colonialisme. Les étudiants sont utilisés par le parti (MTLD) à son gré. Beaucoup d’étudiants sont de futurs dirigeants.

UNEA OU UGEMA?

charte revendicative01Les étudiants communistes sont pour la création d’une association nationale. La majorité des étudiants les suit car ils sont pour une Algérie laïque. Dans le MTLD, la majorité est pour une Algérie arabe et musulmane. M.Harbi est en désaccord avec son parti sur cette question. Comme l’UDMA (F. Abbas), il est pour une nation laïque. Il soutient la création d’une UGEA (Union générale des étudiants algériens) plutôt que de l’UGEMA (Union générale des étudiants musulmans algériens). Les partisans d’une nation laïque sont dans le MTLD pour la question de l’indépendance et de la lutte armée. A Paris existe l’UEAP (Union des étudiants algériens à Paris) qui dispose d’une charte revendicative publiée en février 1954.

Les Juifs originaires des territoires du sud (territoires militaires) sont restés des indigènes (non bénéficiaires du décret Crémieux), ce qui aurait dû alerter et pousser le MTLD à trancher en faveur d’une solution laïque dans le débat sur la nationalité. Les dirigeants de l’UGEMA rallieront le FLN quand les centralistes le feront, vers la fin 1955. UGEA et UGEMA tiennent leur congrès séparément le même jour, à Paris. La position ambiguë du PCF, qui n’est pas vraiment favorable à la création d’une union nationale étudiante algérienne. La divergence entre le PCF et le MTLD porte, notamment, sur la définition de la nation et sur la laïcité. L’affaire du drapeau algérien au Congrès mondial de la jeunesse à Varsovie. Les communistes algériens sont encore dans les groupes de langue du PCF, qui donc les contrôle.

LES DÉBUTS DE LA GUERRE EN FRANCE Chez les étudiants l’UGEA se dissout, L’UGEMA rallie le FLN dans le sillage des partisans du comité central en 1955. Le FLN s’organise, la question de la lutte armée en France, de l’opinion publique et du rapport aux gauches françaises. La bagarre pour l’hégémonie en Algérie et sur l’émigration en France entre le FLN et MNA..

2_FR-Belkeddar_carteLe 1ernovembre 1954, on apprend le déclenchement de la lutte armée qui met fin à la polémique UGEA-UGEMA devenue secondaire.
Le FLN veut l’hégémonie partout. Dans les syndicats, avec les étudiants et les commerçants. «Très vite, on a dissous l’UGEA», pour ne pas s’opposer au FLN. En 1956, sous le gouvernement Guy Mollet, Bellaïd Abdesselam se rend à Alger, avec des papiers français, pour tenter de résister au mot d’ordre de grève illimitée pour les étudiants. La grève «?illimitée?» des étudiants est très contestée mais appliquée. Ça s’est très mal passé pour les étudiants envoyés dans les maquis par Abbane Ramdane. Beaucoup d’entre eux y ont perdu la vie. La lutte armée en France. De quelle lutte armée s’agit-il?? La guerre de longue durée. L’articulation du politique et du militaire, le rôle de l’opinion publique. L’opposition de M. Harbi à la sortie du pays (en direction de l’Allemagne) de la direction de la Fédération de France. On sous-estime les relations qu’il y a entre le pays et l’émigration. Dès que Krim prend le dessus sur les messalistes, les conversions en France sont extrêmement rapides. La question des cotisations?: certains veulent envoyer directement l’argent vers leur région en Algérie (Kabylie).

Les sommaires PDF de tous les entretiens, et les liens avec chacune des 23 vidéos, est téléchargeable  

Présentation en live samedi 8 mai à 15 h sur Youtube.

Pour aller plus loin, sur notre site : étudiants et guerre d’Algérie, éléments

 

 

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