Paul Bouchet, représentant l’UNEF au congrès de l’Union internationale des étudiants. Prague, 1946.
Notre ami, le vieux lutteur Paul Bouchet est mort dans la nuit du 24 au 25 mars 2019, mais ses combats, ses utopies disait-il, demeurent bien vivantes. (Date à retenir pour l’hommage à « l’utopie » du syndicalisme étudiant le 28 mai 2019)
Résistant combattant, co-rédacteur à l’UNEF de la charte de Grenoble (1946) refondant syndicalement la vieille union, il n’eut de cesse de vouloir rassembler, jeunes – et moins jeunes – de toutes origines contre les injustices, pour « une révolution économique et sociale au service de l’homme ». Avocat, il continua ses combats de défenseur des étudiants, des colonisés, des sans-papiers, des plus pauvres, des droits et libertés, y compris au Conseil d’Etat et dans les institutions publiques dans lesquelles il avait siégé. Sa force, c’était de savoir promouvoir l’amalgame de toutes et tous – quelles que soient leurs différences de départ – pour des objectifs communs, par l’action et la réflexion.
Attaché à la transmission de la mémoire, il était capable d’aller témoigner aussi bien dans un congrès à l’UNEF comme à la FAGE, de présider l’Association des anciens de l’UNEF. Il a mis autant de cœur à contribuer à nos recherches et à la constitution d’un pôle spécialisé d’archives par ses témoignages, documents versés, sa participation toujours stimulante à des séminaires, journées d’études archives et mémoires étudiantes, colloques, heureux de confronter documents, mémoire des acteurs et actrices, recherches, y compris dans des discussions à deux, trois ou quatre autour d’un café, d’un repas, ou dans nos voyages en train pour aller à Grenoble, Reims, Lyon, Marseille….
Authentiquement internationaliste, son rôle à l’Union internationale des étudiants en atteste, il nous a accompagné dans nos travaux, ateliers, avec notamment le Britannique Tom Madden, avec énergie et courage, avec humanité et émotion, comme il le fit encore pour les 70 ans de la charte de Grenoble.
Nos pensées vont à sa famille, ses proches, toutes celles et tous ceux qui à un moment ou un autre ont été engagés avec lui. Il reste le souvenir vivace d’un combattant de la liberté et de la recherche de la vérité qui rappelait toujours que plus que la lutte, nécessaire, pour les moyens de vivre, il faut des raisons de vivre.
Paris, le 25 mars 2019
Pour le Germe et la Cité des mémoires étudiantes :
Ioanna Kasapi, Jean-Philippe Legois, Alain Monchablon, Robi Morder
Voir sur notre site :
Sa biographie dans le Maitron (Dictionnaire biographique du mouvement social).
« La charte de Grenoble, l’esprit en héritage » (Paul Bouchet, intervention à notre journée du 15 avril 2016).
Une tribune signée avec le Germe et la Cité : « L’étudiant est un jeune travailleur intellectuel », 70 ans et pas une ride » ( Mediapart du 7 avril 2016).
Témoignage, « 1946. La charte de Grenoble: texte et contexte » (Cahiers du germe spécial n° 1).
Note de lecture sur son livre, Mes sept utopies (2010).
Son témoignage recueilli par la Cité des mémoires étudiantes (2008).
Son fonds d’archives donné à la Cité et déposé aux Archives nationales.