Il y a 35 ans, le 4 mars 1971, la police parle à la population et descend dans la rue

LA LUTTE PERSONNE NE M'AIME

Journal des comités rouge lycéens de Poitiers mars 1971

LA LUTTE PERSONNE NE M'AIMEDes policiers distribuant des tracts place de la République à Paris. On l’a déjà vu, c’était il y a 35 ans le 4 mars 1971. C’est le jour retenu parla Fédération autonome des syndicats de police (FASP),  pour une grande journée d’explication au cours de laquelle le syndicat entendait reconcilier police et population, expression d’un malaise dans une police mobilisée depuis mai 1968 aux fins quasi-exclusives de ‘maintien de l’ordre » contretout deshayes 1971 les jeunes, les grèves, les manifestations; Et l’on vit ainsi des policiers distribuer 450 000 tracts (un premier tirage de 300 000 étant épuisé dès la fin de la matinée, il fallut en réimprimer d’urgence).

Programmée depuis un moment, le calendrier des luttes étant imprévisible, cette journée s’est en fait tenue quelques jours après « l’affaire Guiot » et la mobilisation lycéenne pour la libération de leur camarade arrêté à la sortie du lycée Chaptal à Paris alors qu »une manifestation se déroulait à cet endroit. C’est au cours de laquelle Richard Deshayes a perdu un oeil, ayant reçu une grenade lancée à tir tendu. Une grande campagne avait alors été lancée pour la « dissolution des brigades spéciales ». (Voir notre article « Retours sur des mouvements lycéens ») Le journal Le Monde souligne au lendemain de cette journée des policiers que « la leçon la plus importante s’adresse certainement au gouvernement, auquel elle a montré que les policiers étaient capables de prendre des risques pour faire comprendre qu’ils refusent, quelle que soit la conjoncture, de se voir couper de la population ». Il s’agissait pour la FASP de contester l’utilisation de la police au service d’une politique répressive, utilisation qui atteignait « l’image de marque » et le moral des troupes elles-mêmes. Le même jour, une conférence de presse se tenait une conférence de presse du Secours rouge contre « les brutalités policières ».

Gérard Monate, le dirigeant de la FASP, prenait soin d’excuser son absence qu’il ne fallait pas prendre comme une « dérobade », étant pris par une autre réunion.Pierre Halbwachs, porte-parole du Secours rouge, a déclaré au cours de cette conférence de presse que son organisation  » n’entendait pas entamer une campagne de dénigrement de la police, mais constater simplement des faits « . Dénonçant  » la chasse aux jeunes et la violation systématique, par ta police, de l’exercice normal des libertés républicaines « , il a ajouté :  » Si les policiers ne sont pas d’accord avec la répression, cela signifie qu’ils contestent l’autorité à laquelle ils sont assujettis […] Nous leur demandons de refuser aveuglément les ordres lorsqu’ils les considèrent comme criminels et d’exiger la dissolution des brigades spéciales d’intervention et des polices parallèles « , a conclu M. Halbwachs (Le Monde du 6 mars 1971).

 

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