Jiri PELIKAN Io, esule indigesto – Il Pci e la lezione del ’68 di Praga Reset – Rome 1998. Ancien directeur de la télévision tchécoslovaque lors du «Printemps de Prague», ce livre de Jiri Pelikan nous intéresse ici car il a été également le dirigeant de l’Union internationale des étudiants de la période de la déstalinisation (voir notre «spécial N° 2 internationales étudiantes» et notamment son témoignage à nos II° rencontres de 1996). Exil «non digéré» en Italie d’où il continue de l’extérieur sa lutte pour «un socialisme à visage humain», le gros du livre traite des rapports difficiles avec un PC Italien qui – tout en se proclamant ouvert et «euro-communiste», se refuse longtemps à établir des contacts, tant officiels qu’officieux, avec les «dissidents».
Mais ce qui retient notre attention, c’est que dans tout le livre l’expérience de l’UIE émerge. D’abord, parce qu’une grande partie de l’équipe étudiante tchécoslovaque des années 50 se retrouve en 68 à la tête du mouvement de libéralisation, puis dans la résistance à l’invasion et à la «normalisation». Ensuite, Pélikan rappelle que ses voyages à l’époque lui ont permis «d’élargir (son) horizon […] connaître des pays où regnait le pluralisme et la liberté de la presse. Cette expérience représente (sa) deuxième école de la vie, après la prison et la clandestinité (sous l’occupation allemande) et a influencé énormément (ses) choix politiques ultérieurs». C’est au cours de cette période qu’il fait la connaissance de dirigeants étudiants italiens, tels Marco Pannella, Bettino Craxi, Paolo Ungari, Giovanni Berlinguer, dont la plupart l’aidèrent ensuite dans sa «deuxième patrie» – dont il fut député européen de 1984 à 1994.
Il faut espérer qu’en ce trentième anniversaire de l’invasion de la Tchécoslovaquie, ce livre entretien d’une centaine de pages (auxquelles s’ajoutent une série de documents) sera traduit en Français, car – au delà de l’aspect expérience étudiante – Pélikan nous explique quels furent les débats au sein du PC Tchécoslovaque vis à vis de la menace russe (puis des choix faits lors de l’invasion), ainsi que l’attitude décevante des partis communistes européens (Italien, Français, Espagnol) dont une des explications tient à la dépendance financière, notamment indirecte (contrats commerciaux, abonnements) de ces partis vis à vis des pays de l’Est, ce que les Archives consultées par Pélikan depuis 1989 confirment.
Robi Morder
Les Cahiers du GERME trimestriel n° 7/8 – 2° et 3° trimestre 1998