TRACES ACTES DU COLLOQUE «PASSÉ/PRÉSENT DU MOUVEMENT ÉTUDIANT» (15-16 MAI 1997). Edité par l’association TRACES (137, bd St Michel75005). Rendez-vous étudiant à Charléty! C’était pour deux journées studieuses et calmes. Parmi les diverses dépenses les plus justifiées de la MNEF, il faut assurément citer l’organisation du colloque tenu les 14 et 15 mai 1997 à l’occasion des 90 ans de l’UNEF, à l’initiative de Traces Etudiantes, et de l’association des anciens de l’UNEF. Il y a été peu question de la MNEF en elle-même, mais du mouvement étudiant dans son ensemble. Les actes en ont été publiés au début 1998.
L’intitulé du colloque, «Passé/présent du mouvement étudiant» était doublement significatif. D’une part du fait qu’y participèrent aussi bien des «anciens», témoins d’un passé plus ou moins proche ( en particulier P. Bouchet, L. Laisney, P. Rostini), qui se sont refusés aux exhortations pour le présent et l’avenir, que les dirigeants du moment des associations étudiantes pour une fois réunis (FAGE, UNEF, UNEF-ID, UNI), et que des observateurs (historiens, politistes, sociologues) du mouvement étudiant, parmi lesquels les représentants du GERME.
D’autre part, la formule «passé-présent» impliquait un parti-pris écartant le découpage chronologique; délibérément d’ailleurs mai 1968 a été relativement peu évoqué, d’autant que ses protagonistes étudiants furent les grands absents de ces journées, si l’on met à part Alain Geismar qui au reste n’était plus militant étudiant à cette date. Exception qui confirme la règle, la rareté – biologie oblige – de représentants des années d’avant guerre a été mené à consacrer une première table ronde spécifique à la période 1907-1939 en présence essentiellement des historiens, GERME en tête.
De ce fait la thématique d’ensemble, qui aurait pu s’intituler rupture et continuité, a mis l’accent implicitement sur la continuité évitant ce qui fâche, choix compréhensible. Cinq thèmes ont ainsi été abordés: le mouvement étudiant face aux questions politiques et sociales, l’engagement étudiant dans le contexte international, le mouvement étudiant et le développement universitaire, la question du statut social étudiant, enfin le mouvement étudiant comme «école de formation citoyenne». Des multiples interventions, faites à partir d’angles divers, tantôt convergentes, tantôt juxtaposées, on ne saurait faire ici un impossible compte-rendu synthétique. Retenons au moins qu’elles ont pour la plupart permis de faire voler en éclats un certain nombre de «mythes simplificateurs», selon la formule de Nicolas Guelman. Est également apparue la permanence de la problématique qui se pose au mouvement étudiant, et qu’énonce la succession des tables rondes. En particulier, les témoins, représentants de différentes périodes du mouvement étudiant, ont fréquemment mentionné l’ambivalence plus ou moins assumée du mouvement, à la fois de défense corporative et de caractère citoyen.
Alain Monchablon
Les Cahiers du Germe trimestriel n° 9 – 4° trimestre 1998