lecture : Maxime Tandonnet, 1940, un autre 11 novembre

Maxime Tandonnet, 1940, un autre 11 novembre, éd. Tallandier, 253 p., 2009. La manifestation des étudiants et lycéens le 11 novembre 1940 à l’Arc de Triomphe est un événement considérable : première manifestation publique et massive de ce qui allait s’appeler la Résistance sur le territoire français, elle a selon l’auteur « quasiment sombré dans l’oubli ».

En fait l’épisode n’est pas à ce point oublié, mais il faut savoir gré à Maxime Tandonnet d’en fournir un récit vif et qui se veut exhaustif, alimenté par de nombreux témoignages, émanant principalement des membres de l’Association des résistants du 11 novembre 1940 qui s’est constituée en 1959, et s’appuyant sur les Archives de la Préfecture de Police de Paris.

Maxime Tandonnet présente d’abord le contexte général, cinq mois après l’effondrement militaire de juin et l’occupation allemande. Puis il examine ce qu’on sait des préparatifs secrets de cette célébration, interdite à l’avance par l’occupant, interdiction relayée par les Vichy et les autorités universitaires. De la manifestation, en fait une juxtaposition dans un temps court (environ deux heures) de petits rassemblements  plus qu’un cortège aux formes canoniques, il fait le récit circonstancié. Vient aussitôt la répression : des tirs à balles par les soldats allemands, un millier d’interpellations principalement par la police française, cent vingt trois arrestations maintenues, entre les mains allemandes au sein de la Santé et du Cherche Midi  durant de trois à six semaines.

De l’ensemble M.T. dégage l’atmosphère d’unanimité patriotique anti-allemande, où de Gaulle est acclamé et Pétain absent. Il souligne en outre, les notes de police le prouvent, que les lycéens furent beaucoup plus nombreux que les étudiants.

Dans le cadre de ce récit, on ne corrigera que les pages concernant le recteur Roussy, considéré comme bon serviteur de Vichy, alors qu’il fut aussitôt révoqué, pour être rétabli dans ses fonctions dès la Libération d’août 1944.

On peut regretter, outre l’absence de références précises aux ouvrages et archives utilisés, l’évitement pour l’essentiel de l’épineuse question de la participation communiste à la manifestation. Insister à juste titre sur l’unanimité patriotique n’empêche pas d’aborder les questions qui divisent.

Alain Monchablon

Les Cahiers du Germe N° 28  2009 

Print Friendly, PDF & Email
(Comments are closed)