lecture : Aurélie Ferreiro, Une certaine idée du syndicalisme autour de la guerre d’Algérie (1954-1962); du corporatisme au rejet de l’apolitisme dans les syndicats enseignant (SNI) et étudiant (UNEF) de la Loire et du Rhône

Ferreiro, Aurélie, Une certaine idée du syndicalisme autour de la guerre d’Algérie (1954-1962); du corporatisme au rejet de l’apolitisme dans les syndicats enseignant (SNI) et étudiant (UNEF) de la Loire et du Rhône. Mémoire de maîtrise sous la diretion de M.Bernard DELPAL, Université Jean Monnet, Saint Etienne, année 1997-1998, 188p. Sous ce titre, taillé large, on a une étude parallèle de deux sections départementales du SNI et de l’Association Générale des Etudiants de Lyon (AGEL) pendant la guerre d’Algérie et face à elle. Passons sur le parallèle, au reste peu affirmé (mais était-il possible de le mener à fond, s’agissant de milieux si différents par l’âge, la géographie et la sociologie ?), et voyons l’Association des Etudiants lyonnais, qui est alors le fleuron de l’UNEF et sa plus importante association, lui fournissant d’ailleurs un président national en 1959.

Malgré les lacunes – signalées d’emblée- de la documentation rassemblée aux Archives municipales de Lyon-la Part Dieu, on a ainsi une vue plus précise des remous que la guerre occasionne au sein de l’AGE de Lyon. C’est en 1956 le débat, présent au niveau national, sur l’«apolitisme» que brandit à Lyon une forte minorité de responsables, issus des amicales de Médecine, Pharmacie, Droit et Commerce; c’est en  juin 1958 l’irruption en plein Comité de l’AGEL d’uniformes de parachutistes voulant faire voter sous la contrainte une motion de blâme au bureau. En 1960, au moment où l’association lyonnaise s’apprête à prendre une position en pointe au plan national (ce sera au congrès de Lyon, précisément, la décision de reprendre des relations officielles avec l’Union génerale des étudiants musulmans Algériens, dissoute depuis 1958 et dont de nombreux membres ont été arrêtés), c’est une minorité, issue des mêmes composantes et  forte d’un bon tiers des mandats qui demande en vain le désaveu du bureau en place.

Si on ajoute qu’un membre du bureau fut à l’automne 1960 arrêté et inculpé pour aide au FLN algérien, cette étude a le mérite de faire voir à quel point la question algérienne a troublé le syndicalisme étudiant, jusque dans une puissante AGE imprégnée d’une tradition anticolonialiste et antifasciste.

Alain Monchablon

Les Cahiers du GERME trimestriel n° 15-16 – 3°/4° trimestre 2000

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