lecture : Marc Milet, La faculté de droit de Paris face à la vie politique, de l’affaire Scelle à l’affaire Jèze, 1925-1936,

MILET Marc : La faculté de droit de paris face à la vie politique, de l’affaire Scelle à l’affaire Jèze, 1925-1936, LGDJ, 1996, 232 p. C’est avec retard que nous rendons compte de ce livre, tiré d’un DEA  de science politique sous la direction de Hugues Portelli, paru en 1996, et c’est dommage car il apporte un éclairage intéressant sur le mouvement étudiant des années trente.

Affaire Scelle, affaire Jèze, deux affaires politico-universitaires qui à dix ans de distance firent la Une des journaux, avec au premier plan l’activisme des étudiants d’extrême droite en position quasi-hégémonique à la Faculté. Deux affaires assez similaires : à chaque fois un professeur de droit, relativement marginal parmi ses pairs du fait de ses opinions plus ou moins marquées à gauche, suscite de violents chahuts politiques de la part des étudiants et doit renoncer à faire ses cours ; il est secondaire que la première ait été déclenchée par les conditions de la nomination de Georges Scelle, tandis que la seconde avait pour objet (prétexte ?) les activités extra-universitaires de Gaston Jèze, conseiller juridique de l’Ethiopie en proie alors à l’agression mussolinienne. L’affaire Scelle a été minutieusement et magistralement analysée par Jean-François Sirinelli dans Génération intellectuelle. L’affaire Jèze a été évoquée dans un cahier du GERME (n° 15-16, 2000 ). Marc Milet n’entend pas en fournir le récit, mais plutôt faire l’analyse de la faculté de droit comme système, dont les deux « affaires » sont en quelque sorte le révélateur. Une première partie présente le système que constitue la faculté, la deuxième examine les acteurs politiques de la faculté et les enjeux qu’elle recouvre.

Si les aficionados du GERME se consolent sans peine de l’absence de récit, satisfaits qu’ils sont d’y trouver d’intéressantes informations puisées aux meilleurs sources, dont les archives même de la faculté,  sur les activistes étudiants, une certaine déception les attend pourtant : « l’analyse systémique » annoncée ne produit guère d’éléments supplémentaire de compréhension, et rien n’est dit sur l’implicite complémentarité qui rapproche professeurs et étudiants activistes de la faculté : aux premiers la digne absence de soutien au collègue incriminé, aux seconds l’action violente contre le professeur mal pensant ; voilà pourtant qui fait système.

                                               Alain Monchablon

Les Cahiers du GERME trimestriel n° 20 – 4°  trimestre 2001

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