Mise en place et fonctionnement des conseils de la vie lycéenne

Note de présentation [1]

Répondant au désir de reconnaissance exprimé par les lycéens à l’occasion de la consultation nationale “ Quels savoirs enseigner au lycée ? ”, les conseils des délégués pour la vie lycéenne (CVL) ont été mis en place, de façon expérimentale, en octobre 1998. Moins de deux ans plus tard, leur existence est officialisée par la modification du décret relatif aux EPLE (décret n°2000-620 du 5 juillet 2000 modifiant le n°85-924 du 30 août 1985). Une circulaire (n°2000 du 11 juillet 2000) vient préciser la composition et les attributions de cette nouvelle instance et les modalités d’organisation des élections. L’objectif des conseils est ainsi précisé : « impulser une dynamique de dialogue nouvelle dans les établissements et de favoriser une meilleure prise en compte des questions touchant à la vie et au travail scolaire dans les lycées« .

En janvier 2002, la Direction de l’enseignement scolaire a souhaité réaliser une enquête sur “ la mise en place et le fonctionnement des CVL ” afin de dresser un premier bilan de l’existence de ce nouveau dispositif. Pour ce faire, une enquête qualitative a été réalisée au sein de neuf établissements répartis dans trois académies : un lycée d’enseignement général, trois lycées d’enseignement général et technologique, deux lycées professionnels et trois lycées polyvalents. Cent trente entretiens semi-directifs d’une heure ont été réalisés  au cours du premier trimestre 2002 auprès des différentes catégories de personnes siégeant au sein du CVL. Elles ont été interrogées sur des thèmes identiques afin de comparer leurs propos et leurs représentations du fonctionnement du CVL dans leur établissement : accueil du dispositif, jugement sur ses caractéristiques, déroulement des élections, fonctionnement et apports.

L’accueil du CVL dans l’établissement et le jugement sur le dispositif dépendent très nettement de la position occupée dans l’établissement par la personne interrogée, de la conception du rôle que l’on doit y jouer et des conditions de travail. Les discours des personnels (proviseur, enseignants, CPE et ATOSS) renvoient plus souvent à l’exercice de leur métier qu’à une conception argumentée des modalités de participation des élèves.  Les proviseurs insistent davantage sur des problèmes d’emploi du temps (multiplication des réunion) qu’ils ne critiquent le principe d’une démarche de dialogue avec les élèves qui leur semble désormais indispensable au bon fonctionnement de leur établissement. Les enseignants accueillent favorablement le CVL tout en s’interrogeant sur le rôle qu’ils peuvent y jouer. Quant aux personnels ATOSS et aux parents d’élèves, leur présence au CVL est perçue comme une reconnaissance de leur rôle dans l’établissement.

La composition du CVL n’est généralement pas contestée, seuls les lycéens estiment que le nombre d’adultes est parfois trop élevé, augmentant la difficulté à prendre la parole.

Les élections au suffrage direct ont créé une réelle dynamique dans les établissements. Néanmoins, un calendrier trop serré et une inégale mobilisation de l’ensemble de la communauté scolaire ont eu des effets sur la qualité de l’information transmise et, par conséquent, sur les candidatures des lycéens. De plus, la trop faible valorisation dans les établissements de la “ traditionnelle ” élection des délégués de classe a eu un effet sur l’intérêt porté par les lycéens sur cette nouvelle instance. Il est très clair que le développement du dialogue avec les élèves, comme de nombreux lycéens le soulignent, doit se faire à tous les échelons, la fonction de délégué de classe méritant à ce titre de faire l’objet d’une plus grande attention.

Le fonctionnement des CVL est jugé positif par les participants. Ils reconnaissent qu’un dialogue se noue, l’ambiance des réunions étant souvent qualifiée de conviviale. Certes, les lycéens éprouvent parfois quelques difficultés à prendre la parole. Celles-ci résultent principalement de la nouveauté de la situation, du sentiment d’être moins compétent que les adultes et de la peur d’être jugé, ce qu’ils vivent très souvent lors des conseils de classe s’ils sont délégués. Les adultes estiment les aider dans leur rôle, la majorité des proviseurs affirmant s’attacher à favoriser la discussion. Tous s’accordent à dire que l’attitude du chef d’établissement durant les réunions est fondamentale.

Le rôle consultatif du conseil de la vie lycéenne est accepté de tous à partir du moment où les questions posées en réunion font l’objet de réponses précises et où les projets présentés sont soumis au conseil d’administration. Les lycéens remettent en cause le rôle du CVL lorsqu’ils estiment que leur proviseur ne tient pas compte de leurs demandes. A bien des égards, des décisions sont prises et des réponses apportées au cours des réunions.

L’apport du CVL est délicat à juger compte tenu de sa jeunesse. Les adultes insistent sur la nouveauté de l’instance et estiment que seule son inscription dans la durée permettra d’en apprécier réellement les apports pour l’établissement. A ce stade, tous constatent une modification des relations entre les participants ainsi qu’une découverte des manières de penser et de travailler des uns et des autres. Des solutions ont été apportées aux problèmes des lycéens. Ces dernières touchent principalement le cadre de vie. Les membres des CVL ont également apprécié la discussion provoquée par la refonte des règlements intérieurs. En revanche, les questions liées à l’enseignement ou aux emplois du temps sont inégalement abordées. Les lycéens ont souvent le sentiment qu’ils ne peuvent induire de changements dans ces domaines. Pourtant, concernant les emplois du temps, il est clair que leur agencement n’a pas seulement un effet sur la qualité du travail scolaire mais aussi sur les possibilités de participer à la vie du lycée.

D’une manière générale, l’enquête a mis en évidence que, compte tenu de leur jeunesse et des changements dans les relations interindividuelles dont ils sont porteurs, les CVL fonctionnent plutôt bien même si des différences ont été constatées d’un établissement à l’autre témoignant d’une période de rodage de l’instance. Comparés à d’autres structures de dialogue (conseil de quartier, conseil de jeune, etc.), les CVL produisent des effets positifs et rencontrent des difficultés très analogues.

Valérie Becquet

Les Cahiers du Germe trimestriel n° 22-23-24, 2010

[1]rapport remis à Monsieur le Directeur de l’enseignement scolaire le 30 juin 2002 par Mlle Valérie Becquet Docteur en sciences de l’Education

 

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