Sarah GUILBAUD, Mai 68 à Nantes, Nantes, Coiffard, 2004, 220 p. Sur le même cas nantais / sujet, Sarah Guilbaud nous propose un ouvrage, mais dans une toute autre logique quelque peu différente. Quitte à être trop modeste, l’auteur, dans son avant-propos, ne se veut ni historienne, ni sociologue et se « propose plus simplement d’évoquer les faits marquants du mouvement nantais «. Ce qu’elle fait de la plus belle des façons ! Voilà un bel exemple d’exposition grand public de la diversité et de la richesse du mouvement de mai dans une région, dans une ville donnée ! Et quelle ville ! Effectivement, « Nantes la rouge « a été le berceau d’un mouvement particulièrement fort et original… Sarah Guilbaud nous en retrace toutes les étapes, de la genèse au sein du nouveau site universitaire du Tertre ou dans le « programme d’action des organisations syndicales ouvrières et agricoles de l’Ouest « à la fin de la « rêve-olution «, marquée par la victoire gaulliste aux législatives de juin 1968 et les dernières évacuations d’usines et facultés occupées.
Toutes ces étapes sont l’occasion non seulement d’un récit précis et rigoureux, mais d’éclairages donnés sur des points particuliers sous formes de « pavés «, de reproductions de photographies d’époque, mais aussi de tracts, correspondance et autres documents d’archives présentés tels quels (et intégralement !), sans oublier la reproduction (là aussi intégrale) de « unes « ou de pleines pages des journaux régionaux, notamment Ouest-France et Presse-Océan. Aussi, à partir des fonds d’archives publics et privés, des témoignages et travaux universitaires (dont celui de Sylvain Coatleven), c’est bien un véritable travail d’historienne que Sarah Guilbaud a réalisé ici. Que cette œuvre accessible puisse amener encore d’autres chercheurs à partir explorer encore plus avant les nombreuses voies empruntées par le mai nantais !
Jean Philippe Legois
Les Cahiers du GERME – N° 26 1er trimestre 2006