Archiver les congrès des organisations représentatives étudiantes

atelier congres unef 2022

Atelier congres unef 2022. De droite à gauche: Jean-Jacques Hocquard, Ioanna Kâsapi, Salomé Hocquard, Frédéric Hocquard, Robi Morder et Jean-Philippe Legois. Photo CME

Archiver les congrès des organisations représentatives étudiantes : une nécessité toujours plus impérieuse !

Ce dimanche 3 avril 2022 est le dernier jour d’une série de presque quatre jours de congrès intenses tant sur le fond que sur la forme. Grâce à la confiance toujours renouvelée des organisations étudiantes représentatives (FAGE, UNEF, Solidaires étudiant-es, …), et tout en respectant (voire réalimentant) la culture organisationnelle de chacune, la Cité des mémoires étudiantes poursuit sa mission de sauvegarde, traitement et valorisation des archives (y compris audiovisuelles et orales) des engagements étudiants.

Nous nous inscrivons dans une tradition de recherche d’intervention qui, non seulement, ne fuit pas le débat avec les militant-es et les contemporain-es, mais, au contraire, le suscite.   C’est la longue tradition du Centre d’histoire du syndicalisme, créé par Jean Maitron à la Sorbonne en 1966, mais c’est une tradition scientifique que l’on retrouve dans d’autres disciplines de sciences humaines et sociales. La co-production de connaissances dans une perspective de « sciences participatives » n’en sort qu’enrichie. En archivistique, à différentes échelles, rythmes et ressorts, c’est ce que les centres membres du CODHOS (Collectif des centres de documentation en histoire ouvrière et sociale) expérimentent depuis plus de 20 ans et pourront exposer, confronter et débattre lors du colloque des 30 et 31 mai 2022 (Campus Condorcet, programme à venir).

Les formations et/ou ateliers « histoire », comme celui de ce vendredi 1er avril, en sont un des laboratoires à presque chaque congrès. Ici, avec des anciens, de plusieurs générations (Jean-Jacques Hocquard, vice-président UNEF, 1961-64 –ici, son témoignage– et son fils, Frédéric, responsable de l’UNEF-ID dans les années 1990), la Cité travaille, avec les chercheur-es du GERME (Groupe d’études et de recherche sur les mouvements étudiants), à l’émergence d’une mise en réseau des chercheur-es et des laboratoires de recherche s’intéressant aux « engagements étudiants » (et de toutes les jeunesses scolarisées) au sein d’un GDR (Groupe de recherche) – GIS (Groupement d’intérêt scientifique). Ici, à Nancy, l’équipe organisatrice du congrès de l’UNEF a souhaité nous faire réfléchir sur les scissions et réunifications du mouvement étudiant français : cela a été l’occasion de revisites militantes, archivistiques et scientifiques.

« Archiver le mouvement en marchant »

Au-delà, voire en-deçà, de cette co-construction de regards réflexifs sur un mouvement social, il faut, il nous faut rendre accessibles plus de ressources archivistiques et documentaires pour alimenter ce travail de mémoire et de recherche, voire en permettre l’existence. On parle souvent pour ces archives orales et / ou audiovisuelles d’archives « provoquées », mais nous préférons parler de co-production avec les acteurs. Lorsque la Mission de préfiguration de la Cité (ex-Mission CAARME) a pu exister à Reims, nous avons pu expérimenter cette co-production non seulement avec des structures étudiantes (en congrès ou en Assemblée générale), mais aussi avec des mobilisations étudiantes dépassant les cadres structurels pré-existants, notamment contre le Contrat première embauche (2006, voir l’ouvrage de Paolo Stuppia) et contre la loi Libertés et Responsabilités des universités (LRU 1, 2007 et LRU 2, 2009).

A ce congrès de l’UNEF, Ioânna Kasapi, responsable du développement des partenariats scientifiques de la Cité, et moi-même (cliché Julie Villemin ci-dessus) avons pu filmer et photographier l’ensemble des plénières, votes, tables rondes, ateliers et autres moments, y compris interpellations des représentant-es des candidat-es à la présidentielle, chants et une « cérémonie des adieux ».

Nous somme loin des congrès de la dite « grande UNEF » (jusqu’en 1968-71), dont les comptes-rendus étaient réalisés par des sténo-dactylos (applaudissements inclus). Dès que l’idée d’une mission de préfiguration a pu être développée à Reims, des congrès ont pu être filmés et photographiés. Les délais de communicabilité ont été négociés avec chaque organisation.

Depuis 2021, dans le cadre d’un appel à projets de numérisation (et mise en ligne) de la DRAC-Grand Est, la Cité a commencé à alimenter une nouvelle playlist de sa chaîne YouTube : « Eclats d’archives audiovisuelles ». C’est ici que nous allons pouvoir mettre les extraits de certains des congrès étudiants que nous avons archivés et que nous allons rendre consultables sur simple demande sur notre chaîne. Avec ce congrès de Nancy, nous allons pouvoir aller encore plus loin en nous appuyant sur les archives videos et photos créées par l’équipe d’organisation qui vont pouvoir enrichir les nôtres.

Ainsi, une co-construction des archives de congrès est à développer.

Jean-Philippe Legois

Chargé de la valorisation de la recherche au sein du labo EMA (CY Cergy/Inspé/Gennevilliers) & co-président de la Cité des mémoires étudiantes

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