Entretien avec Michel Péricard, par Didier Fischer, (16 septembre 1992). Publié dans Les Cahiers du Germe trimestriel n° 10, 1999.
Michel Péricard, décédé récemment, m’avait reçu dans sa mairie de Saint-Germain-en-Laye en septembre 1992. Il était visiblement heureux d’évoquer ses jeunes années. Pendant plus d’une heure, nous avions conversé librement. Si le lecteur avisé pourra prendre en défaut, sur quelques points, la mémoire de notre témoin, il faut reconnaître qu’il fut souvent précis dans ses réponses. En fait, autant qu’on pouvait l’être face aux questions naïves du doctorant que j’étais à l’époque. Ce document n’en constitue pas moins un apport précieux à cette histoire étudiante que nous essayons au GERME de tirer de l’oubli. J’ai souhaité conserver le style oral, beaucoup plus vivant. Il permet d’ailleurs de constater la grande maîtrise qu’avait Michel Péricard de ce type d’exercice. L’homme politique et de médias était au sommet de son art. C’était le deuxième entretien que je réalisais pour ma thèse. Je n’avais pas, quant à moi, encore acquis une grande expérience du genre. Ce fut pourtant, grâce à l’indulgence de Michel Péricard, un véritable plaisir.
D. Fischer : Michel Péricard, vous étiez au début des années cinquante étudiant en lettres à la Sorbonne ?
M. Péricard : Oui, il n’y avait d’ailleurs que la Sorbonne à cette époque-là. Et les étudiants en France étaient encore peu nombreux. Je crois bien qu’on était guère plus de 70 000.
D.F. : Vous avez eu des responsabilités assez tôt au sein de l’UNEF ?
M.P.: D’abord à la Sorbonne. J’ai été secrétaire général de la FGEL ( Fédération des groupes d’études en lettres) dont le président était à la fin des années quarante Louis HAY. Un garçon fort sympathique mais un militant communiste très ardent. Il a fini ses études et ensuite j’ai pris sa place. A l’UNEF, je suis rentré comme secrétaire général, puis comme premier vice-président chargé des affaires intérieures. C’était la plus grosse vice-présidence. J’y ai connu deux présidents. Jean Sarvonat d’abord, puis Guy Penne.
D.F.: Vous êtes considéré plutôt comme un modéré. Il y avait au début des années cinquante deux tendances au sein de l’UNEF : les majos et les minos. Vous avez été une sorte de passerelle entre les deux…
M.P. : C’est peut-être beaucoup dire. Il faut comprendre une chose. On voit cette période avec les yeux d’aujourd’hui. En fait, nos relations n’étaient pas si tendues. On était des étudiants qui logeaient au Quartier Latin. On se voyait plus ou moins selon les études que l’on faisait mais on était assez copain en fin de compte. Passerelle dans ce contexte n’est peut-être pas le mot qui convient mais j’avais des contacts avec tous. Je parlais de Hay, tête de file des communistes à La Sorbonne et au Quartier Latin, j’avais de bonnes relations avec lui. J’en avais de moins bonnes avec Le Pen mais, soyons honnête, ce n’était pas pour des raisons politiques. On ne savait pas très bien situer Le Pen. Il nous apparaissait comme un excité, un bagarreur physiquement courageux. On était pas très loin de la Libération et le mot extrême droite était banni du vocabulaire. Je n’aimais pas Le Pen parce qu’il était méprisant. Il considérait les filles comme du cheptel. Cela n’était pas ma conception des choses. Oh, je n’étais pas un ange de vertu mais… On allait souvent à la corpo de droit, pas parce qu’on aimait Le Pen, mais parce que c’était la seule qui avait un bar. On y allait souvent le soir prendre l’apéritif. Il était de notoriété que la caisse du bar servait à alimenter la vie agréable de toute la bande qui dirigeait la corpo de droit.
D.F. : Vous avez quitté l’UNEF en 1953. Il me semble que vous aviez été malade cette année-là…
M.P. : Oui, j’ai dû être opéré à un bras à la suite d’un accident. Il était admis à ce moment-là que je devais devenir le futur président de l’UNEF puisque Guy Penne s’en allait. Et sur mon lit d’hôpital, on est venu me voir pour que je confirme ma candidature. Un des émissaires m’a dit que certains trouvaient bien embêtant que je ne sois pas là. J’étais tellement fatigué. Hé bien, si c’est comme ça, ai-je répondu, je retire ma candidature. Je l’ai immédiatement regretté. Mais par la suite, je ne l’ai pas regretté puisque cela aurait retardé mon entrée dans la vie professionnelle. J’ai été embauché à la radio, puis à la télévision.
D.F. : Vous n’aviez pas travaillé au Figaro ?
M.P. : Non, mais c’est drôle ce que vous dites. En 1953, une délégation de l’UNEF devait aller en Chine. J’ai alors proposé au Figaro un reportage car le journal n’avait pas de correspondant sur place. La rédaction avait accepté mais je n’ai pas obtenu mon visa à temps. La délégation est partie et une heure après, on m’apportait mon visa… Vous allez dire que je suis frappé par le malheur. Rassurez-vous cela n’a pas duré. J’ai commencé à travailler à la radio et dans des journaux professionnels, la vie des plombiers et des coiffeurs. Enfin, quoi ? Le lot quotidien du débutant.
D.F. : Il me semble que l’UNEF a été un lieu de formation. Qu’en pensez-vous ?
M.P. : Ca c’est évident. Formation sur plusieurs plans. D’abord à l’expression. Les premiers discours que j’ai prononcés de ma vie, que nous avons prononcés, c’est à l’UNEF. Et on apprenait toute une dialectique, une certaine forme d’éloquence et une certaine façon d’intéresser une salle. Un public étudiant, ce n’est pas un public facile. Ensuite, une formation à la négociation. Nous étions constamment en train de négocier d’égal à égal avec des gens importants, des ministres, etc… mais avec une petite supériorité sur eux, c’est que nous avions aussi la possibilité du canular. On mêlait le sérieux de la négociation avec le canular. On avait découvert bien avant les militaires d’Algérie l’action psychologique. On faisait de l’intoxication. On avait des gens qui allaient dans les cafés du Quartier Latin et qui se mettaient à côté des inspecteurs des RG et qui annonçaient l’apocalypse. On avait dans les deux heures qui suivaient un coup de téléphone du ministre qui nous priait de venir le voir. L’affaire du centre Bullier (résidence universitaire et CROUS), un an après la pose officielle de la première pierre, l’UNEF posait la seconde. Ce n’était pas un simple canular des Beaux-Arts, c’était en même temps un acte politique.
On était pas spécialement préparé à la négociation. Avant d’arriver à l’UNEF, je ne l’avais jamais pratiquée. Mais l’UNEF développait un syndicalisme responsable, on dirait aujourd’hui réformateur. Il fallait construire les dossiers, étudier les propositions. Il y avait ainsi un travail en profondeur. Ce fut une grande école de formation. C’est si vrai que la plupart de ceux qui ont joué un rôle à l’UNEF ce sont retrouvés ensuite dans leur vie professionnelle à des postes à responsabilités. Est-ce qu’ils étaient à l’UNEF parce qu’ils avaient le goût des responsabilités ou l’ont-ils développé après leur adhésion ? Je pense qu’il y a les deux.
D.F. : Et vous ?
M.P. : Moi, c’est vrai. J’aimais déjà cela. Quand j’étais au lycée, j’étais délégué de classe. En même temps, je n’avais pas envisagé de carrière politique.
D.F. : Même en quittant l’UNEF ?
M.P. : Non, je me suis précipité dans le journalisme. Mais au fond, j’avais deux vocations et je les ai réalisées toutes les deux. De quoi me plaindrai-je ?
D.F. : Comment travailliez-vous à l’UNEF ?
M.P. : En même temps à l’UNEF, ce n’était pas toujours très sérieux dans l’action. On n’avait pas de chargé d’études, on n’avait pas de collaborateur. C’était moins vrai à la Mutuelle.
D.F. : La gestion financière était aléatoire…
M.P. : Très aléatoire. Je ne suis pas sûr que les comptes des trésoriers de l’UNEF étaient toujours très exacts. Je me souviens d’une “ anomalie ”. On a demandé au trésorier de partir. Il n’y avait pas de scandale mais cela était tout de même un peu…improvisé.
D.F. : On m’a confié que quelquefois les secrétaires généraux payaient les secrétaires sur leurs propres indemnités…
M.P. : Il n’y avait pas de problème d’argent…Il y avait des méthodes un peu particulières. Par exemple, il y en avait un dont je tairai le nom qui était chargé de séduire toutes les secrétaires des groupes parlementaires de l’Assemblée nationale. Jusqu’où allait-il ? On n’en savait rien et on ne voulait pas le savoir. C’était, ce que l’on appellerait aujourd’hui, un chargé de relations avec le Parlement. Je crois savoir que ses méthodes n’étaient pas tout à fait celles en usage par les spécialistes. Il fallait bien que nos dossiers avancent.
D.F. : Je vous propose d’aborder la question politique. Dans les années cinquante, le RPF était assez influent dans le milieu étudiant. Aviez-vous déjà à l’époque un engagement gaulliste ?
M.P. : Pas du tout. J’avais un peu de méfiance.
D.F. : Jean Sarvonat, lui, était engagé dans le mouvement gaulliste.
M.P. : Oui, mais moi j’étais plutôt mendésiste. Mais je n’avais pas de carte politique et encore moins d’attirance pour le RPF.
D.F. : Cela est venu par la suite…
M.P. : Je n’ai pas de souvenirs précis sur ce point. Le président des étudiants RPF était Jacques Dominati. On se connaissait, on se rencontrait. Il y avait une fille qui essayait de jouer les égéries. Elle était présidente des étudiants d’Italiens : Madeleine Borelly. Elle avait épousé Pierre Borelly qui était président des étudiants en Pharmacie. Il y avait ainsi des mariages. Elle était sympathique et elle, était gaulliste. Nous sortions souvent ensemble. Mais, je n’ai pas ce souvenir de l’influence déterminante des gaullistes. On était à l’époque à la recherche de quelque chose. Nous n’étions pas satisfaits de la vie politique, de la IVè République. Et c’est pour cela qu’on a tous été derrière Mendès et derrière Pinay. Cela n’a pourtant pas grand rapport. Mais c’était un air nouveau, quelque chose qui semblait pur. Enfin, moins frelaté que la vie politique classique. Et finalement, on était prêt à se donner… Cela aurait pu conduire à des aventures. Mais il y avait une envie de sortir de ce magma, de ces crises ministérielles…
D.F. : A l’époque, Pierre Mendès France avait auprès des étudiants un certain prestige…
M.P. : Considérable…considérable.
D.F. : C’est aussi avec Pierre Mendès France, un certain sens de l’Etat qui refait surface, assez proche en fin de compte de celui du général de Gaulle.
M.P. : Oui, indiscutablement. Je vais vous raconter une anecdote. Il y avait les événements d’Indochine et nous sommes allés le voir pour obtenir son appui afin d’envoyer une délégation pour un congrès en Algérie. Oui, je crois bien que c’était en Algérie. Mais peu importe. Il nous a fait cette réponse : “ Si vous me le demandez, je le ferai. Mais sachez que ce que vous souhaitez représente le prix d’une mitrailleuse pour nos soldats ”. On est revenu auprès de nos copains et on a finalement rien demandé.
D.F.: Comment a pesé le conflit indochinois au sein de l’UNEF ?
M.P.: Nous nous sommes battus pour faire partir les gens qui étaient très engagés à gauche au nom d’un certain apolitisme. Nous disions que ce n’était pas notre travail de prendre parti. Nous étions là pour nous occuper des bourses, des cités universitaires, des restaurants universitaires, etc…pour que la vie des étudiants fût mieux assurée, pour que le gouvernement s’y intéressât plus. Dire qu’on n’en parlait pas entre nous serait mentir. Mais il n’y avait pas de débat. Quand la gauche, Rocard pour les étudiants socialistes, Le Roy Ladurie qui était au parti communiste, on était très copains d’ailleurs, on continue de se fréquenter… Quand Emmanuel déposait des motions politiques, nous refusions d’en discuter et nous les repoussions pour des raisons de procédure et non pas par des débats au fond. Nous ne voulions pas être entraînés dans des débats politiques.
D.F.: On vous accusait alors de corporatisme…
M.P. : Bien entendu…
D.F.: L’UNEF au début des années cinquante n’est pas gaulliste. Elle est d’ailleurs encore moins communiste même s’il existe en son sein quelques communistes comme Emmanuel Le Roy Ladurie. Quel rôle jouaient les jécistes ?
M.P. : S’il fallait cataloguer l’UNEF de l’époque, trouver un courant dominant, ce serait plus que la JEC, le MRP. C’étaient ceux qui nous apparaissaient les moins mauvais. Je n’ai pas dit les meilleurs.
D.F. : La presse souligne, au début des années cinquante, une dépolitisation du monde étudiant. Aviez-vous ce sentiment ?
M.P. : Nous ne voulions pas servir de caution à la gauche. Nous ne voulions pas de ces débats. Mais nous retrouvions la politique au détour du chemin en nous affrontant parfois rudement au gouvernement, y compris dans des manifestations à succès.
D.F. : Il s’agissait de la manifestation du 15 décembre 1953 au sujet de la baisse des crédits de l’Education nationale.
M.P. : Oui, c’est cela. Pourtant nous n’avions pas une seconde l’impression de faire de la politique. Nous aurions fait cela face à n’importe quel gouvernement. Et puis, cela ne se posait pas dans les mêmes termes qu’aujourd’hui. A l’époque, les gouvernements changeaient tout le temps. André Marie a été notre interlocuteur privilégié. Il se retrouvait souvent au poste de ministre de l’Education nationale. Ce n’était pas politique.
D.F. : Une des grandes revendications étudiantes du début des années cinquante porte sur l’allocation d’études. Quelle était votre position ?
M.P. : Le présalaire. Nous étions farouchement pour. Nous travaillions, nous nous investissions, il était donc normal que nous ayons les moyens de faire nos études. Les présalaires, que nous revendiquions, ne représentaient pas des sommes considérables. Il faut aussi remarquer que nous étions désintéressés. Nous savions bien que cela n’arriverait pas pour nous. C’est un argument que l’on retrouvera souvent dans les revendications matérielles des responsables de l’UNEF. Il faut construire une cité universitaire là, ce n’est pas nous qui l’occuperons mais la génération suivante. Ce sentiment de désintéressement était vraiment pour nous un moteur et c’était une réponse à l’accusation de corporatisme puisque c’était un corporatisme pour les autres.
D.F. : Que pensiez-vous de la charte de Grenoble qui définissait l’étudiant comme “ un jeune travailleur intellectuel ”?
M.P. : Oui…. Oui…, Je n’étais pas encore à l’UNEF quand elle a été adoptée. Mais les principes qu’elle posait nous a aidé.
D.F. : Au fond, cette génération étudiante à laquelle vous apparteniez n’était-elle pas pragmatique ?
M.P.: Nous étions pragmatiques. Je parle évidemment pour la majorité. Nous voulions des résultats. Nous étions pragmatiques et très désireux de ne pas nous laisser politiser et entraîner là où nous ne voulions pas aller.
D.F. : L’UNEF, au début des années cinquante, était-elle un syndicat représentatif du monde étudiant ? Vous vous intéressiez déjà à la communication à cette époque. C’est vous qui avez créé “ L’Etudiant de France ”, n’est-ce pas ?
M.P.: J’ai effectivement créé L’Etudiant de France dont je disais que la plupart des articles était en réalité destiné à cinq lecteurs, mais que le fait d’imprimer les choses nous mettait dans des états seconds. Je me souviens aussi que le journal de l’AGE de Rennes, L’A, écrivait à la une : “ le premier journal de France ”, et en tout petit, “ par ordre alphabétique ”. Cela nous faisait beaucoup rire. Nous affirmions haut et clair que nous étions représentatifs mais nous ne l’étions pas. Les adhérents étaient en fait peu nombreux là où nous rendions peu de services. La participation aux élections était très faible. On avait une réponse à cela. Les étudiants ne sont peut-être pas tous à l’UNEF mais ils nous font confiance et ils répondent quand on les appelle à manifester. Compte tenu du nombre des étudiants à Paris, il y avait des manifestations monstres. Plusieurs dizaines de milliers de personnes souvent. Il n’y avait pas de représentativité mathématique, mais une représentativité morale indiscutable. Je n’ai jamais entendu des étudiants nous dire : “ mais de quoi vous mêlez-vous ? ”.
D.F. : Pourquoi créer “ L’Etudiant de France ” ?
M.P. : J’en avais d’abord envie. On avait aussi envie, et peut-être besoin, d’exprimer des points de vue qui habituellement ne sortaient pas des différentes réunions que nous tenions. Ensuite à travers L’Etudiant de France, on s’adressait à nos autorités de tutelle pour les mettre dans l’embarras. On est dans un pays où quand les choses sont imprimées cela a un autre retentissement que quand elles sont seulement dites. De plus, au début des années cinquante, la télévision n’existait guère encore. On lisait à l’époque. Et d’ailleurs cela a eu de l’effet. La parution de L’Etudiant de France était redoutée par certains.
D.F. : Je voudrais conclure cet entretien sur votre vie étudiante dans le Paris des années cinquante ? Alliez-vous aux concerts, au cinéma, au théâtre ? Que lisiez-vous ? Comment étiez-vous logé ?
M.P.: On logeait tous dans des conditions extraordinairement inconfortables. J’ai eu trois ou quatre piaules dont une du côté d’Assas qui était un ancien bordel. Ces conditions n’incitaient pas à être souvent chez soi. On allait travailler en bibliothèque et on sortait souvent. On allait boire un pot chez Capoulade, on arpentait le Quartier Latin. On allait au cinéma. On y voyait des films américains. Je lisais, mais surtout j’aimais le théâtre. Le must, c’était d’aller au TNP voir Gérard Philipe. Je ne crois pas avoir manqué un week-end au TNP. Il y avait plusieurs pièces, un débat avec le metteur en scène, les comédiens. On raffolait de cela. On passait aussi des soirées à rien foutre, à discuter. Il y avait aussi d’intenses entreprises de drague. J’allais oublier une chose, on allait danser. Pas toujours dans des boîtes mais, en fait, le plus souvent dans des bals. C’était des activités pas trop chères. Les dirigeants nationaux de l’UNEF avaient un privilège important : ils voyageaient. Chaque assemblée générale d’association requérait la présence d’un dirigeant national. On se rendait donc souvent en province. A l’étranger aussi, les relations internationales étudiantes étaient intenses. Je suis allé en Allemagne donner des cours de démocratie aux étudiants allemands. Cela revenait souvent. Ce sont les premiers voyages que j’ai faits dans ma vie. On allait en Algérie, au Maroc, c’était encore la France.