lecture: Claude Neuschwander, Une vie de militance

Claude Neuschwander, Une vie de militance, Paris, éditions Yves Michel, 2011. Dans son autobiographie parue en septembre 2011 aux éditions Yves Michel, Claude Neuschwander revient sur les différents engagements qui ont marqué sa vie d’étudiant puis sa vie professionnelle. Son ouvrage constitue davantage une analyse critique et comparative de la situation économique et sociale actuelle qu’un simple retour sur son passé de militant et d’entrepreneur. Nous approfondirons ici  plus particulièrement ses engagements de jeunesse.

Né à Paris en novembre 1933 dans une famille issue de la petite bourgeoisie de province, Claude Neuschwander  passe une enfance relativement paisible malgré les traumatismes liés à la Seconde Guerre mondiale. Élevé dans une tradition religieuse « d’usage » plus que de « conviction », il est néanmoins scolarisé à Paris chez les oratoriens puis à Rocroy-Saint-Léon et à l’école Fénelon. Il obtient un premier baccalauréat littéraire avant de passer en mathématique élémentaires au lycée Condorcet. C’est à cette époque qu’il commence à fréquenter la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) affiliée à l’Action catholique de la jeunesse française (ACJF) qui constituera son premier engagement militant.

A la demande de responsables de la JEC, il crée l’association des étudiants en classes préparatoires scientifiques qui apportera, en juin 1956, les voix « mino » nécessaires au basculement quelques semaines plus tard du bureau national de l’UNEF. Il devient, lors de ce conseil extraordinaire de juillet 1956, vice-président au bureau de l’UNEF. C’est à cette période qu’il « achève d’éduquer sa conscience de militant engagé » auprès de Michel de la Fournière alors président de l’Union nationale des étudiants de France. Chargé des problèmes de l’information vis-à-vis des étudiants mais aussi de l’extérieur, il a en particulier la charge de créer le futur périodique de l’UNEF, L’Étudiant de France, en projet depuis plusieurs années. Il gère également l’organisation du cinquantenaire de l’UNEF ainsi que la communication autour des jeux universitaires qui vont se dérouler à Paris. Il participe également à la lutte croissante de l’UNEF contre la guerre d’Algérie et la gestion des relations entre les étudiants français et les étudiants algériens de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA).

En 1957 il représente le bureau de l’UNEF auprès d’un mouvement de scientifiques, le Mouvement national pour le développement des études scientifiques (MNDS). A la sortie de l’Ecole centrale, à partir de la fin de l’été 1959 jusqu’à l’été 1961 il accomplit son service militaire. En tant qu’élève ingénieur cette formation militaire fait partie intégrante d’une scolarité normale. Après six mois comme « officier élève » à Nîmes, son service s’effectue en partie en Algérie. Ses années algériennes ne sont que très peu évoquées dans cet ouvrage.

Employé, après sa démobilisation, comme ingénieur à la Société générale de fonderie, il adhère au Club Jean Moulin à l’automne 1961, à l’instar de certains anciens camarades de l’UNEF. Il y aura notamment la responsabilité de lancer et de mener à bien la collection des livres du Club. Il le quittera en 1965 lorsque la majorité décidera de rejoindre la Fédération de François Mitterrand.

Militant PSU puis PS mais aussi adhérent à la CFDT, Il s’investira un temps dans le « syndicalisme » de l’habitat et deviendra président du Conseil des résidents du « grand ensemble » de Sarcelles.

Professionnellement, après avoir passé 12 ans chez Publicis (1961-1973), il est choisi par Michel Rocard pour prendre la direction de l’entreprise Lip alors en grande difficulté. Il est chargé de redresser l’usine horlogère de Besançon, occupée par ses salariés. Devant l’échec de cette reprise il est désavoué par les mêmes Rocard et Riboud.

Après plusieurs missions en tant que consultant dans diverses entreprises, il crée avec dix copains, tous anciens cadres privés de travail par la crise, une coopérative axée sur le conseil économique aux collectivités locales, et d’autre part à l’économie sociale. Ils décident de l’appeler Ten. Malgré un court passage à la tête de la FNAC, il restera fidèle à Ten jusqu’à sa retraite en 1993.

Tout au long de cet ouvrage Claude Neuschwander revient sur ses difficultés à allier, durant toutes ses années, son engagement militant et ses convictions politiques restées à gauche avec ses activités professionnelles.

Marina Marchal

Les Cahiers du GERME n° 30, 2012/2013

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