lecture : Joan Taris, De l’engagement à l’entreprise, la création et le développement de la Société mutualiste des étudiants du Sud-ouest (1971-1993)

Joan Taris, De l’engagement à l’entreprise, la création et le développement de la Société mutualiste des étudiants du Sud-ouest (1971-1993). Mémoire de Master recherche « histoire et théorie du politique », FNSP/IEP Paris, Dir. Claire ANDRIEU, septembre 2007.

C’est une nouvelle pierre à l’édifice de la recherche sur la mutualité étudiante. Dans son mémoire, Joan Taris revient sur la naissance et le développement  d’une des neufs mutuelles étudiantes régionales créées au cours de l’année 1971 pour concurrencer la MNEF.

Ainsi, il brosse le portrait de la SMESO, née principalement grâce à l’action des étudiants en médecine de Bordeaux, dans un contexte d’évolution du mouvement étudiant du à la politisation de l’UNEF.

A travers cet exemple, l’auteur décrit l’évolution de la mutualité au sein du monde étudiant, revenant sur la vision libérale de la santé prônée par les SMER en réaction à un système de soins mis en place par la MNEF et jugé « collectiviste ».

L’Intérêt est donc, ici, d’analyser le fonctionnement d’une mutuelle régionale née de l’initiative des associations étudiantes proches du milieu de la santé, et devenue au fil du temps une véritable PME développant  des stratégies de communication et son extension à d’autres services (assurance, logement).

Joan Taris rappelle que la SMESO « fait figure de pionnière ». Elle est, en effet, excepté le cas particulier de la MGEL, fondée dès 1948 en dehors de la MNEF, la troisième SMER à voir le jour, après la SMERRA à Lyon et la SMEREP à Paris. Il évoque ainsi « le choix régional » de ces organisations, qui prétendent, ainsi, répondre de façon plus efficace aux « particularismes et à l’originalité des universités ».

Progressivement la mutuelle des étudiants du Sud-ouest est confrontée au même enjeu que nombres de mutuelles à savoir concilier « principes mutualistes » et « efficacité économique ». Elle doit faire face aux différentes évolutions telles que la mise en place d’une administration efficace et l’adoption d’un système informatique. De plus, les relations avec les pouvoirs publics, souvent ambigües, ne facilitent pas toujours l’implantation d’une mutuelle comme la SMESO malgré les agréments ministériels accordés.

Entre 1971 et aujourd’hui les SMER s’adaptent aussi bien  à « la massification universitaire » qu’au problème de « démutualisation des étudiants » passant du statut de petite association à celui d’entreprise obéissant aux lois du marché.

Par ailleurs, il est intéressant de noter la prise de distance de la mutuelle étudiante par rapport au mouvement associatif et corporatif étudiant qui est à l’origine de sa création ainsi que la disparition de la partie politique de ces assemblées générales orientées davantage vers l’aspect commercial.

Enfin, l’auteur prend l’exemple des principaux fondateurs de la SMESO pour illustrer « l’engagement mutualiste » qui selon lui, est souvent le résultat « d’un parcours scandé par une succession d’engagements, qui sont comme autant de rites initiatiques ».

Marina Marchal

Les Cahiers du GERME n° 27 – 2008

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