biographie: Pierre Daix

L’hommage des éditions Gallimard à Pierre Daix

Pierre Daix (1922-2014) résistant communiste, journaliste, écrivain, critique d’art, qui vient de disparaître (le 2 novembre dernier) n’eut guère le temps de mener une vie d’étudiant. Celle-ci fut pourtant bien remplie, et il eut l’occasion d’y revenir à plusieurs reprises dans ses écrits ultérieurs, jusqu’au tout dernier (Les Combattants de l’Impossible, la tragédie occultée des premiers résistants communistes, Robert .Laffont, 2013). Issu d’un milieu populaire et banlieusard, il est élève au lycée Henri IV ; à l’automne 1939, du fait de la guerre son hypokhagne est repliée à Rennes ; c’est là qu’il adhère au Parti communiste français interdit, malgré le pacte germano-soviétique qu’il ne comprend pas : sa conviction reste celle de l’antinazisme, qu’il partage avec ses camarades étudiants, à preuve sa tentative de s’engager dans l’armée en mai 1940, engagement refusé faute d’avoir exactement les 18 ans requis. Rentré à Paris après la défaite, il est chargé à l’été 1940 de contrôler le cercle des auberges de jeunesse pour en faire un paravent des activités communistes clandestines. Actif au sein des Etudiants communistes clandestins, il ne réintègre pas le lycée Henri IV à la rentrée 1940, et s’inscrit en Sorbonne. C’est là qu’il participe à la manifestation de rue du 8 novembre, aux abords du Collège de France, contre l’arrestation par les Allemands du professeur Paul Langevin. Au sujet de la manifestation lycéenne et étudiante à l’Etoile du 11 novembre 1940, il dit n’y être finalement pas allé, mais avoir été de ceux chez les communistes qui soutinrent cette initiative, qu’il attribue aux « gaullistes ». Arrêté fin novembre par la police française avec une vingtaine d’autres étudiants communistes, accusé de reconstitution de ligue dissoute, il est condamné en février 1941 à trois mois de prison, peine couverte par son temps passé en détention préventive. Libéré, ne pouvant s’inscrire en Médecine, il s’inscrit en Sciences et vit de petits travaux de classement à la Bibliothèque Nationale. Mis à l’écart de l’organisation des Etudiants communistes pour raisons de sécurité, il est chargé de constituer chez les étudiants et jeunes l’Organisation spéciale (OS) qui encadre les manifestations interdites ; à ce titre il co-organise une manifestation antinazie au Quartier latin le 14 juillet 1941, puis rue du Faubourg du Temple le 27 juillet, et celle du 13 août au métro Strasbourg-Saint-Denis où il manque d’être arrêté. Son ami et camarade Henri Gautherot qui l’a alors sauvé de la police, est en revanche arrêté ainsi que Samuel Tyszelman. Tous deux sont les premiers fusillés communistes de l’été 1941, ce qui est à l’origine de l’attentat de Fabien au métro Barbès. Pierre Daix est ensuite en charge du Front national des étudiants, constitué à l’été 1941, en Lettres et Sciences. Arrêté une nouvelle fois en janvier 1942, condamné à trois ans de prison pour faux papiers, par la justice française, il échappe ainsi aux arrestations et exécutions comme otages qui touchent peu après ses camarades étudiants. Déporté à Mauthausen en avril 1944, il rentre en France en 1945. Sa vie d’étudiant est terminée, une autre vie commence, mais il n’aura eu de cesse, dans ses multiples écrits rétrospectifs, de rendre justice et hommage à ses camarades disparus.

A rapprocher su notre site : biographie François de Lescure

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